Chapitre 5

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Je suis dans le hall depuis 5 bonnes minutes maintenant. Je me tiens immobile, comme si j'avais peur de bouger dans cette espace qui n'est plus le mien.

Seul mon regard se permet de scruter le moindre détail de la petite pièce. La neige sur mes botes et sur les baskets d'Abraam fond doucement et commence à créer une flaque fine sur le parquet.

Un grincement venant des escaliers. Je lève mon regard avec une lueur d'espoir dans celui-ci. Mais ce n'est que Marta, la maman d'Eliott.

Très surprise de me voir à nouveau dans sa maison, elle s'arrête net avant de réaliser.

Elle me souris légèrement et continu son chemin vers la cuisine. Cool, l'accueil.

Au fond de moi, je pensais que si je revoyais Marta, elle serait contente de me voir. Mais à quoi je pensais ? J'ai fais du mal à son fils, enfin selon Abraam, et je l'ai mis dans un sacré état. Alors elle n'a aucune raison de vouloir bien m'accueillir.

Un autre grincement, mais plus près cette fois.

Dans l'encadrement de la porte, je peux voir Abraam, de dos. Il s'est arrêté et semble tendre la main devant lui. Il tire le bras, puis le corps tout entier d'Eliott devant moi.

Eliott.

Il est là. Je ne peux qu'être choquée face à ce que je vois. Quand son frère disait qu'il allait mal, il ne plaisantait pas.

Ses yeux gris sont maintenant rouge d'irritation du à toutes les larmes qui ont du coulées. Il a des cernes énormes, n'est ni coiffé, ni habillé. Ce n'est pas dans ses habitudes.

Visiblement gêné, il rentre ses mains dans les manches de son sweat quatre fois trop grand pour lui. A ce moment, une autre onde de choc me submerge : il a maigris. Beaucoup.

Je suis triste de le voir dans cet état mais je me ressaisis.

- Alors, je t'écoute.

Malgré ma colère, j'essaie d'adoucir le ton de ma voix. Il va mal, mon but n'est pas de l'amocher encore davantage.

- Euh... Je... Je voudrais qu'on règle, enfin qu'on discute de ça dans ma chambre, si ça te dérange pas ?

Si, ça me dérange. Mais je fais mine que non et le suis dans les escaliers.

Je passe après lui dans sa chambre et sursaute bêtement quand je l'entends fermer la porte un peu trop fort.

Il s'assit sur la chaise de son bureau et se tourne pour être face à son lit. Invitation qui dit « Aller, assis toi sur mon lit » mais non, je m'avance un petit peu et c'est tout ce que je ferais.

Il souffle et remonte ses genoux sous son menton, avant de carrément y plonger la tête et dénigrer ma présence.

Il est beaucoup moins attirant dans cet état, mais sans trop l'admettre, j'ai très envie de le prendre dans mes bras, de lui dire qu'il y a pire dans la vie et qu'il doit passer à autre chose. La discussion s'annonce difficile.

Au même moment que lui j'ouvre ma bouche pour dire quelque chose puis je me ravise, c'est lui qui doit parler. Alors avec une lenteur de l'extrême je m'avance vers le lit et m'y assois. Je lui fais un signe de tête pour lui faire comprendre que je l'écoute.

- Erena, je... Enfin saches que pour moi c'est difficile, autant que pour toi. Je veux dire, je sais que tu traverse une période difficile, avec ton petit frère...

En voyant ma moue interrogative il précise :

- Ma mère ma dit pour l'enlèvement de ton petit frère. Enfin, là c'est pas le sujet. C'est pas facile pour moi de te parler de ça. Je sais déjà ce que tu as en tête, et ça me dégoute de savoir que cette pute a réussi son coup. Mais je t'en supplie, il faut que tu me crois, que tu me fasses confiance, vraiment ! Avant que je t'explique, garde en tête que je vois plus Déborah, ni ses deux affreuses potes. Et Sabrina m'a avoué des trucs. Enfin je m'éloigne, je vais tout te dire depuis le début. A la fête, Déborah est venue me voir. Elle m'a dit qu'elle avait une photo de moi, une photo compromettante. Mais elle a pas voulu me la montrer. Comme je la croyais pas je suis aller voir Sabrina, elle m'a dit que c'était vrai. Mais elles ne m'ont pas dit y avait quoi sur cette photo. Elles m'ont juste dit que si elle te la montrait tu voudrais me quitter.

Je le coupe :

- C'est la photo de toi et Thibaut.. ?

- Euh non... En fait c'est plus compliqué. Elles ont fait croire pareil à Thibaut et lui ont dit qu'Agathe le quitterait si elle voyait la photo. Mais je ne savais pas qu'elle faisait subir le même chantage que moi à Thibaut. Elles nous ont fait faire tout ce qu'elles voulaient, chacun de notre côté et en échange on verrait la photo. Sauf que le dernier « gage », c'était que j'embrasse Thibaut... C'est à ce moment que j'ai compris que Thibaut était au courant pour la « photo ». Donc elles nous ont dit que c'était le dernier gage, qu'après elles nous montreraient et elles supprimeraient tout.

- Mmhh...

- Elles nous ont dit « Embrassez-vous maintenant et on dira rien aux filles ». Je ne t'ai pas trompée et Thibaut n'a pas trompé Agathe, mais on avait peur qu'elles détiennent un truc gênant à propos de nous, on avait peur qu'elles le fassent tourner dans le lycée, enfin partout quoi. Alors on l'a fait, on s'est embrassé...

Les larmes commencent à couler sur son visage tandis que la colère monte violemment en moi quand je comprends :

- C'est à ce moment qu'elles ont pris la photo ?

- Oui...

- Mais alors il y avait quoi sur la première photo ?

- Rien, elle n'existait pas. Elles ont fait tout ça et on pris la photo où j'embrasse Thibaud, puis on leur à demander de nous montrer la photo et on a réaliser qu'elles nous avaient pris pour des cons, clairement. Et c'est ce qu'on est !

- Non.

- La preuve que si.

- Où est Agathe ? Elle a reçu la photo !?

- Oui, et elle a aussi rompu avec Thibaut...

- Vraiment ?

-Oui.

Je ne sais plus quoi dire, qui croire, quoi penser... Tout est flou dans mon esprit. Je ne discerne plus le vrai du faux. C'est une sensation horrible qui envahie mon corps, tout mon être.

Je me lève brutalement et fais les cent pas dans la chambre d'Eliott.

Pourquoi ont-elles mis au point un plan aussi tordu ? Juste pour s'amuser ? Pour se venger peut-être ? Mais de quoi... Elles étaient peut-être jalouses.

Je ne sais pas ce qui me prends. Eliott s'est levé et je lui saute au coup, je l'embrasse comme je ne l'avais jamais fais et le sers contre moi, fermant les yeux pour effacer cette histoire.


Erena (Livre 2) [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant