Chapitres 38

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Lundi 22 Février 2016.

Il est presque 8 heures 30 quand j'arrive enfin dans ma salle de Français. Ma prof est une jolie blonde au cheveux courts absolument adorable. En me voyant entrer, elle me lance un bonjour agréable et retourne à son bureau préparer ses fiches de cours.

Je m'assoie seule à ma table, Odélia n'est pas encore arrivée et elle a plutôt intérêt de faire vite car la sonnerie retentit à l'instant.

- Bonjour à tous ! J'espère que vous avez passé de bonnes vacances et une bonne St Valentin !

La classe rit au vu des nombreux célibataires. Son commentaire était un peu maladroit pour une classe d'ados paumés encore plus en ce qui concerne le grand sujet qu'est l'amour.

Moi, je me sens presque rougir en repensant à ma soirée avec Eliott. Ca reste un bon souvenir et même si elle était très mal partie elle s'est ensuite bien terminée. Sous la couverture.

La vie sexuelle des ados : grand tabou chez nos amis les adultes responsables. Mais ont-ils oubliés comment ils nous avaient fait ? Ne se souviennent-ils pas de leurs premières expériences avec le corps à corps ?

Apparemment non, puisque beaucoup d'adultes considèrent leur bambins pures jusqu'à 24 ans. Evidemment, tout le monde ne perd pas sa virginité à 16 ans comme j'ai pu le faire mais la majorité sexuelle étant à 15 ans, croient-ils vraiment que leurs enfants attendent des siècles avant de rentrer dans le bain ?

Je pense qu'on devrait leurs ouvrir les yeux sur le sujet. Et sur bien d'autres.

Encore une fois, je me suis noyée dans mes pensées. Entre temps, Odélia est arrivée, elle s'est installée et a sortit toutes ses affaires pendant que moi je fixe mon bureau comme une tarée.

Il va falloir reprendre le rythme des cours alors autant bien s'accrocher dès le départ. Enfin, le vrai départ c'était en Septembre mais je l'ai raté. On le rate tous, non ?

- Je vous avais demandé une analyse de texte, si je ne m'abuse ?

J'adore cette prof. Avec son air tout pataud on dirait qu'elle ne sait pas vraiment comment nous prendre quand d'autres réfléchissent rudement à quelle sauce ils vont bien pouvoir nous manger.

Cette fois-ci j'avais tout prévu et je l'ai faite, son analyse de texte. Et pas qu'un peu. J'ai rendu un travail de quatre pages avec une écriture minuscule et d'une propreté inégalable. Je lui tends fièrement ma copie quand elle passe à ma table et tente de retrouver une certaine humilité quand je la vois étonnée de recevoir un travail qui n'annonce rien de mauvais.

Enfin, dois-je rappeler que ma moyenne en Français est de 9. Et ce n'est pas sur 10.

- Eh bien, Erena ! Je n'en demandais pas tant.

Je ne sais pas quoi répondre à tant de compliments alors je préfère me taire.

- Vous faites beaucoup d'efforts, j'en parlerais au conseil de classe.

Tout ça suivi d'un clin d'œil discret uniquement perceptible par Odélia et moi-même.

Trop fière de mon effet, je penche ma tête en avant et fais mine de relire un document pour éviter d'être remarquée, moi, l'élève remarquable. Oui, bon, ça on verra aux résultats.

Le midi, en rentrant chez moi, je ne parviens pas à m'empêcher d'envoyer un message à ma mère pour lui raconter ce qu'il m'est arrivée ce matin et même si à la fin la note contredit le discours de ma professeur ma mère ne pourra jamais nier les avis sur mon bulletin.

Petit à petit, je commence presque à monter un plan machiavélique pour être madame Parfaite dans l'établissement sans pour autant être qualifiée d'intello. Ca, c'est le petit surnom d'Odélia qui excelle dans tout ce qu'elle entreprend.

***

- Et alors là, elle me dit qu'elle en parlera au conseil !

Je suis à table avec maman, Rebekka et Jack quand je rejoue la scène comme si elle sortait d'un film. Ma mère, bien qu'elle fasse tout pour, ne parvient pas à cacher ce petit sourire fier qui me conforte dans l'idée de faire des efforts.

Elle est rarement fière de nous, ou alors elle ne le montre pas. J'aimerais tellement voir cet éclat dans ses yeux quand je lui raconte quelque chose, le même éclat que celui dans le regard de Marta. Mais Marta est Marta et Barbara ne peut (malheureusement) pas être Marta.

Que serait ma vie sans les hurlements de ma mère ? Sans ses regards désapprobateurs ? Sans ses punitions sorties d'on ne sait quelle imagination cruelle ? Elle serait peut-être mieux, mais j'ai plus l'habitude de cette vie-là, alors...

A la fin du repas, maman demande à ma parler discrètement. Genre un « Faut que je te parle » rapide et mal articulé entre deux gorgées de vin.

C'est inquiétant car je ne sais pas ce qu'elle me veut. Comme tout les ados face à cette phrase je repasse en ma mémoire toutes les potentielles bêtises des derniers jours, mais ayant été une enfant parfaite, je n'en ai pas trouvé ne serait-ce qu'une.

Je pense alors à ma chambre qui était un peu moins bien organisée ces derniers jours sans pour autant rentrer dans la catégorie « capharnaüm » mais je ne trouve pas non plus le petit truc qui cloche qui ferait que ma mère ai envie de me parler.

Je décide d'attendre sagement sa prise d'initiative durant laquelle elle viendrait d'elle même mettre le sujet sur la table. Après tout, c'est elle qui veut me parler alors je l'attends.

Erena (Livre 2) [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant