Chapitre 14

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On est tous à table quand les assiettes terminent de se vider.

L'amie de maman, que je ne connais que très peu, est finalement restée avec nous. Mamie fait toujours trop à manger alors cela n'a pas été bien compliqué de remplir une sixième assiette. Je pense même qu'il en restera pour demain.

C'est Noël partout, mais pas dans cette maison. Ici, ce n'est qu'une représentation d'une pièce de théâtre sur le thème Noël raté. Elle est très bien jouée, surtout par ma mère qui se montre exemplaire ce soir. La mère parfaite.

J'ai beau être chez moi, je ne suis pas à l'aise. J'ai comme le sentiment que je ne suis pas à ma place. J'ai envie de me lever et de partir dans ma chambre... Non, je veux partir loin d'ici. Dans un autre pays, un autre monde, avec d'autre gens et un tas d'autres choses.

Du moment qu'il n'y ai rien pour me rappeler ma vie ici.

Pas de dessert glacé ni de gâteau car c'était bien trop compliqué à faire et les magasins sont fermés. Tant pis, ce soir c'est régime.

Comme les adultes sont plongés à fond dans leur conversation d'adultes, justement, je décide de débarrasser avec Rebekka, qui ne bronche pas pour une fois.

Ils sont là, imperturbables, à parler de tout et de rien comme si c'était des choses importantes. Ils font semblant de s'y connaître en économie, en politique... Bref, de vrais experts dans tous les domaines.

Et bien, allez-y, présentez-vous aux élections ! Non, pour ça, y a plus personne. Même pour son investissement envers notre ville ma mère fait semblant.

Une fois la tâche accomplie, je m'éclipse discrètement et m'enferme dans ma chambre. Je n'y avais pas prêté attention mais, en passant devant le miroir sur mon armoire, je constate la catastrophe dans mes cheveux. J'ai omis de me peigner tout à l'heure et je me promène avec des cheveux en pagaille depuis hier. Classe.

Je me tourne les pouces assez longtemps, puis vers 23 heures je décide de me coucher. Je me déshabille et me démaquille dans ma chambre avant de me glisser sous mes couvertures.

Je ne peux pas m'endormir instantanément, malgré la fatigue, car Rebekka ouvre ses cadeaux, et peut-être même les miens en fait. J'entends tout ce qu'elle dit, elle a l'air d'avoir été gâtée, bien que l'ambiance ne soit pas à la fête.

Impatiente, je m'assois sur mon lit en soufflant bruyamment. J'ai la tête pleine de pensée sans pouvoir parvenir à réfléchir convenablement.

Il faut que j'ouvre la fenêtre, il fait beaucoup trop chaud ici.

Juste devant ma fenêtre, il y a une sorte de petit banc incrusté dans le mur sur lequel j'ai mis des coussins et une fine couverture. Ce n'est pas vraiment un balcon car il n'y a pas besoin d'ouvrir la fenêtre pour s'y installer. C'est comme un petit creux dans le mur où j'aime me nicher pour être en paix.

Et là, j'ai vraiment besoin d'être en paix. Je m'assieds sur le bord et regarde les derniers flocons qui tombent dans le jardin. C'est beau, la nature. Quand elle prend le dessus sur tout et qu'elle vous rappelle que vous ne la contrôler pas.

Je n'aime pas être contrôlée non plus, d'ailleurs. Mais avec ce statut d'ado rebelle en crise, je ne peux pas prendre mes décisions seule. Enfin, pas toutes.

Dans 3 ans, je serais majeure. D'ici là, beaucoup de choses ont changé dans ma vie. Enfin, j'espère mais peut-être qu'elle sera toujours la même longue et ennuyante.

Erena (Livre 2) [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant