43. [Edward]

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-Tu ne t'es pas fait mal? demanda Jasmina en approchant ses mains autour de son cou avec un sourire contenu qui trahissait son rire.

-Je pourrais aller mieux mais je suis en vie, dit-il l'air de relativiser.

Allongé sur le dos par terre, Edward se retrouva face au visage de Jasmina qui le regardait avec des yeux si tendres qu'il tombait déjà.

-Je ne sais pas comment tu as fait ton coup, ria-t-elle.

-Moi non plus. Je n'ai pas fait attention à la racine, dit-il gêné.

Le silence qui s'installa laissa le temps à Jasmina de se replonger dans ses pleurs. Elle ne pouvait pas se contenir et ressentait le besoin d'extérioriser sa peine. Même si elle était en présence d'un inconnu, elle n'arrivait pas à faire semblant. La situation mit Edward mal à l'aise. Il était allongé par terre encore sonné par sa chute tandis que Jasmina se tenait au dessus de lui, la tête tournée de telle manière à ce qu'il ne voie pas ses pleurs et les mains crispées autour de son cou. Edward ne put s'empêcher de se sentir mal comme si son chagrin était communicatif.

-Si tu as besoin de parler, commença-t-il, je suis là.

-Je... dit-elle hésitante, je ne préfère pas.

-Tu es sûre?

-Oui, répondit-elle en tentant de sourire.

Il comprenait sa réaction. Quand il n'allait pas bien, lui non plus ne voulait pas étaler sa vie, et encore moins à un inconnu. Mais il savait que dans ses moments là, un peu d'affection ne faisait jamais de mal. Alors après de longues minutes d'hésitation, il posa sa main sur le bras de Jasmina et commença maladroitement à lui faire des papouilles. Etonnemment, la jeune fille ne le repoussa pas, au contraire, elle semblait apprécier le geste.

Soudainement, Jasmina enroula ses bras autour d'Edward. Surpris, il se laissa étrangement faire. Sachant qu'elle avait besoin de réconfort et de quelqu'un pour l'épauler, il jugea que la situation était normale. D'autant plus que cela ne le dérangeait pas. Sentir la chaleur de quelqu'un, sa bienveillance, un brin d'amour. Il n'avait jamais ressenti une telle sensation. Le temps d'un instant, il se sentit aimé et savoura le bonheur que lui procurait la présence de Jasmina. Il découvrait le plaisir de pouvoir être proche de quelqu'un. Même si ce n'était pas à lui de se sentir réconforté, il laissa le reste disparaître et l'enivrement le faire voyager.

En retour, il l'entoura de ses bras musclés. Pour le première fois depuis qu'il était ici, son cœur s'accéléra à cause d'autre chose que la peur. Il voulut que cet instant ne se termine jamais, que le temps s'arrête et qu'on le laisse ici, face à l'étang, le temps qu'il voulait. Jasmina, il ne la connaissait pas. Mais cette proximité lui donna l'impression de se rapprocher d'elle. Il constata que les pleurs de Jasmina avaient disparu et eut la prétention de penser qu'il avait réussi à la consoler.

Alors qu'il se sentait bercé dans les bras de Jasmina, elle révéla la tête et lui sourit avant de reposer sa tête sur son torse. Lorsqu'il vit qu'elle fermait les yeux, Edward fit de même et serra ses bras encore plus fort en faisant attention à ne pas qu'elle se sente étouffée. Il voulait faire office de protecteur même s'il ne s'y connaissait pas beaucoup dans la matière.

Jamais il ne s'était imaginé ce scénario. En repensant aux inquiétudes qu'il avait avant d'aller la voir, il ne put se retenir d'esquisser un sourire. Pas une seule fois il avait été si proche d'une jeune fille. Par conséquent, il ne savait pas comment réagir, alors il se laissa guider par ce qui lui semblait naturel. Hésitant au début mais finalement convaincu par sa nouvelle philosophie, il s'approcha lentement de ses cheveux et y déposa un léger baiser. Il fut rassuré lorsqu'il devina la sourire se former sur les lèvres de Jasmina. Edward crut être en plein rêve, cela lui parut irréel. Faire de telles rencontres dans un cadre comme celui-ci était la dernière chose qu'il s'était imaginé.

Délicatement, il fit sentir à Jasmina qu'il continuait le câlin en resserrant à nouveau ses bras contre elle. Séduite par cette attention, le belle brune se redressa et se plaça au dessus d'Edward. Agréablement surpris, il la regarda faire sans montrer le moindre signe de résistance. Elle décida alors de s'allonger entièrement au dessus de lui et engagea un nouveau câlin plus intense que celui d'avant. Edward était aux anges, une sensation de bien être lui parcourut le corps.

-Eh vous deux, cria Valia, allez faire vos obscénités plus loin si cela ne vous dérange pas.

-Vous nous épargnerez vos horreurs si cela ne vous dérange pas, renchérit Miranda. Décidément, personne ne vous a appris les bonnes manières ! Il est temps de rentrer à la maison.

Edward et Jasmina n'eurent pas la force ni l'envie de relever les piques. Au contraire, ils échangèrent un rictus avant de se demander leurs prénoms. Même si le retour à la réalité était abrupte, ils se relevèrent tous deux et se regardèrent dans les yeux comme s'ils se découvraient à nouveau. Avant de rejoindre Riff et Nastasia qui l'attendaient un peu plus loin, Edward fit un ultime câlin à Jasmina puis déposa un dernier baiser sur ses cheveux avant de partir.

A mesure qu'il s'éloignait, Jasmina pensa au prochain moment où ils pourraient se revoir. Depuis que sa mère était partie, elle n'avait jamais ressenti un tel plaisir à faire un câlin. Avant qu'Edward ne soit trop loin, elle l'interpella et mima sur ses lèvres le mot « merci ».

Le Jeu des FaucheursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant