57. [Edward]

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"C'est moi", fit Stanislas à travers le micro. "J'ai vraiment besoin de toi, j'ai les faucheurs au cul, il faut que tu me dises exactement où tu es".

-Quelqu'un est là? fit un innocent dont la voix résonnait dans le couloir. Qui parle?

Edward repensa précisément aux règles et se souvint qu'il avait le droit de parler ouvertement de son rôle et de demander de l'aide étant donné la situation dans laquelle il se trouvait.

-Oui, c'est moi qui parle ! S'il te plaît, je ne dirai pas non à un petit coup de main...

-Qu'est-ce qu'il t'est arrivé? interrogea l'innocent dont la voix traduisait la méfiance qui le retenait d'agir.

-Ecoute, je me suis réveillé, expliqua Edward avec le plus de sincérité possible, j'étais attaché par une sorte de bracelet à un fil de fer et en le suivant, je me suis retrouvé dans un couloir et puis, on y voyait rien là-dedans alors je suis tombé dans un trou et avec une main en moins, je t'avoue qu'il est difficile de se hisser...

-Quel couleur de bracelet? demanda l'innocent intrigué par la ressemblance avec ce qu'il venait de vivre.

-Rouge, il est rouge ! s'exclama-t-il.

Sans attendre, l'inconnu se dirigea en direction de la voix d'Edward et bien qu'il n'y voyait rien dans le noir, il parvint tout de même à retrouver la trace de son coéquipier. Face au cochon pendu qu'incarnait parfaitement le jeune homme en détresse, l'inconnu lui tendit naturellement sa main et, d'une force presque herculéenne, le remonta en un seul mouvement sans quelconque manifestation de l'effort que cela demandait.

Ne plus ressentir son poids dans son poignet fut une réelle délivrance pour Edward. Incapable de se rendre compte de l'étendu des marques écarlates sur sa peau laissées autour du bracelet, le sensation de délivrance prédomina. Certes, il souffrait, mais cela n'était rien comparé à l'idée de mourir.

-Pourquoi tu n'es pas attaché comme moi au fil de fer? questionna Edward étonné de voir que l'innocent avait ses deux mains libres.

-Simplement parce qu'au bout d'une certain distance, le fil s'arrête et libère le bracelet.

Edward l'invita ainsi à reprendre le chemin du fil: retrouver sa mobilité restait l'une des choses qui le préoccupait maintenant qu'il n'était plus suspendu. Il détestait ne pas pouvoir se mouvoir comme il l'entendait, d'autant plus qu'il avait tendance à être hyperactif au cours des nuits passées dans l'arène. Au fil de la discussion qu'il avait engagé avec l'innocent, il constata qu'ils feraient équipes ce soir et, rien qu'à la vu de ses habits, en conclut que cet individu n'était qu'un simple innocent. De toutes façons, les bracelets ne trompaient pas: un innocent et un faucheur ne pouvait être placés dans la même équipe, les règles ne mentaient jamais.

Edward préféra éviter de créer des confusions autour des messages qu'ils communiquaient avec Stanislas pendant la nuit. Après de longues minutes d'explications à propos de son rôle, l'innocent semblait comblé par les possibilités qu'offraient cet avantage et ne demandait qu'à voir directement les applications d'un tel pouvoir. Le bout du chemin du fil proche de quelques mètres, Edward en profita pour le questionner à propos de l'endroit dans lequel il se trouvait, ce à quoi il lui répondit qu'il n'en avait pas la moindre idée. Tracassé de ne pouvoir venir en aide à Stanislas, il décida de poursuivre sa visite à l'aveugle des couloir en proposant à l'innocent de se plaquer chacun contre à mur jusqu'à se heurter à une poignée.

Collé au mur, Edward se heurta à des parois parfois visqueuses, d'autres râpeuses mais aussi des parois savonnées ou bien rugueuses. De la même manière, la nature du sol variait tous les cent mètres: un coup du sable, de la boue, de l'herbe, et un autre coup des graviers, du goudron et même de... la neige? Et dire que son coéquipier, tout à l'heure perdu, avait traversé l'ensemble du couloir seul dans le noir, il en avait peur rien que d'y penser.

Soudain, il entendit son coéquipier proliférer des jurons: son idée venait de porter ses fruits, l'innocent était tombé sur quelque chose. Instinctivement, ce dernier palpa la paroi en verre pilé contre laquelle il était et, en s'appuyant sur ce qui semblait être une poignée, ouvrit une porte et tomba sur une entrée du bâtiment. Une fois tous les deux sortis du couloir, Edward chercha un nom quelque part et en se retournant, il parvint à lire une inscription faite à l'encre au dessus de la porte qu'ils venaient de franchir: "Allée du toucher". Mais cela n'était pas assez précis, il le savait et il n'avait pas le droit de décevoir Stanislas.

Alors, sans réfléchir, Edward se précipita, passa la porte d'entrée du bâtiment et découvrit et découvrit à sa grande surprise une nouvelle station de métro: "Maison des Sens". Deux secondes séparèrent sa découverte et le moment où il appuya sur la bouton de sa manche droite: "Ok, Maison des Sens, je suis à Maison des Sens, maintenant, dis-moi précisément ce qu'il se passe". Une minute s'écoula avant qu'il ne se sente obligé d'insister. "Qu'est-ce que tu fous là? A quoi tu joues? Hé ! Réponds!".

-Retourne-toi, répondit finalement Stanislas tandis qu'Edward sentit une main se poser sur son épaule.

Ne croyant pas ce qu'il venait d'entendre, Edward se retourna et vit Stanislas accompagné de deux inconnus essoufflés qui semblaient à peine de se remettre de leurs émotions.

Le Jeu des FaucheursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant