0.10 - Shizuo

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Quelques années avant le Déclin.

Lorsque Shizuo se réveilla ce matin-là, il eut l'impression de n'avoir fermé l'œil que quelques secondes à peine. Ses cheveux brun étaient tout emmêlés, sa bouche était pâteuse ainsi qu'ankylosée, et ses yeux le brûlaient douloureusement. Il bailla à s'en décrocher la mâchoire, puis remua sous ses draps afin d'essayer de s'en extraire.

Soupirant, il se frotta les yeux puis s'extirpa de son lit, se demandant réellement s'il allait arriver à faire la grasse matinée avant la fin des vacances. Son frère et lui avaient pourtant joué à un jeu vidéo en réseau pendant une bonne partie de la nuit, mais apparemment cela n'avait pas été suffisant pour épuiser ses batteries.

Il attrapa un des t-shirts qui traînaient au sol, le passa, puis ouvrit la porte de sa chambre avant de sortir dans le couloir. L'air y était légèrement plus frais, et il fit demi-tour afin d'aller enfiler un pantalon de jogging.

Lorsqu'il arriva dans la salle de bain, il fit la grimace en voyant son reflet dans le miroir. Depuis quelques temps, sa peau devenait sérieusement inquiétante, et quelques poils émergeaient autour de sa bouche. Il fit la moue et se nettoya le visage avec de l'eau. Il détestait l'adolescence, et n'avait jamais vraiment eu hâte d'en arriver à cette période. Allait-il bientôt se mettre à claquer les portes ?

Il ricana, puis retourna dans le couloir afin d'accéder au salon. Au moment où il entra dans la pièce, il s'apprêta à saluer sa mère d'un grand bonjour !, mais sa voix se bloqua dans sa gorge.

Assise sur une chaise, dos à lui, les épaules tremblantes et laissant échapper de grands sanglots, Namiko semblait se laisser aller durant quelques instants. Devant elle, se trouvait une photo, et Shizuo n'eut pas besoin d'aller vérifier pour savoir de qui il s'agissait. Il serra les poings puis s'avança dans la pièce.

Lorsqu'il arriva près de sa mère, il passa ses bras autour de ses épaules et la prit contre lui.

– Maman..., dit-il simplement.

Elle se blottit contre lui, les joues baignées de larmes, et le brun put confirmer ce qu'il savait déjà ; une photo de son père se trouvait posée sur la table.

Il la serra plus fort, lui chuchotant des paroles réconfortantes à l'oreille en la berçant. Il avait eu douze ans quelques mois plus tôt, et ils faisaient désormais la même taille, même si dernièrement, le brun avait l'impression qu'elle ne mangeait pas autant qu'elle le devrait. Kasuka aussi semblait tout mince, mais il pensait que cela était davantage dû au fait que ce dernier tenait plus de leur mère, et Shizuo de leur père. Malheureusement.

Leur paternel s'était tiré à la naissance de son frère par la porte de derrière – il avait littéralement abandonné leur mère à l'hôpital, seule et perdue. Elle les avait tous deux élevé seule à la sueur de son front, et Shizuo s'était promis que si un jour cet homme osait remettre un pied chez eux, il lui botterait les fesses dans les règles de l'art.

Il posa sa tête sur le haut de celle de sa mère, sentant ses cheveux chatouiller son nez.

Jamais il n'aurait cru l'abandonner un jour, à son tour.

At the edge of our hearts || ShizayaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant