0.15 - Shizuo

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Un peu moins d'un an après le Déclin.

Shizuo frotta ses phalanges en grimaçant avant d'accélérer le pas. Se sortir de toutes ces bagarres qu'il avait pris l'habitude d'engager ne se révélait pas aussi simple qu'il l'avait prévu. Cela faisait maintenant des mois qu'il tentait de se faire tout petit, plus discret, mais ça ne suffisait malheureusement pas encore car souvent, quand il marchait dans des rues un peu plus petites, des gars avec qui il s'était un jour battu lui tombaient dessus et il finissait par répondre. Comme un automatisme.

Le blond soupira puis plissa les yeux. Il faisait bien trop chaud et il se sentait continuellement fatigué : une pellicule de sueur recouvrait son front et il l'essuya avec le dos de sa main. En passant cette dernière sur ses joues, il se fit la réflexion qu'il ne se souvenait même pas de son dernier rasage. Quel rythme de vie déplorable, pensa t-il.

En tournant à l'angle d'une rue, le blond se rappela qu'il devait bientôt aller acheter un ventilateur, car récemment son frère ne sortait plus de sa chambre et il le blond avait peur que ce dernier étouffe entre ses quatre murs.

Il fait bien trop chaud, putain.

L'air était épais et lourd, et il sentait des gouttes de sueur couler le long de son échine. Son appartement devait à présent être une vraie fournaise, mais cela devait tout du moins être mieux que le conbini où il travaillait depuis quelques semaines. La climatisation était tombée en panne le matin même, et Shizuo avait pu observer le thermomètre monter peu à peu au fil de la journée, transformant la pièce en véritable four à pain. Les clients avaient fui le magasin toute la journée, si bien que le blond avait cuit seul derrière son comptoir jusqu'à l'arrivée de sa relève. Lorsqu'il avait enfin pu sortir, même l'air brûlant de l'extérieur lui avait paru plus respirable.

En arrivant devant son immeuble, le soulagement fut de courte durée car il remarqua presque immédiatement l'homme habillé tout de noir qui était appuyé contre le mur à côté de l'entrée principale. Il ralentit, sentant une sensation de malaise le gagner petit à petit.

Qui peu bien porter un costume par plus de 30° Celsius ?

Une boule en travers de la gorge, il s'avança vers l'entrée en essayant de se convaincre que cet homme n'était pas là pour lui. Malheureusement, lorsqu'il s'approcha, ce dernier se redressa de toute sa hauteur et le toisa – enfin il imagina qu'il le faisait à travers ses lunettes de soleil –.

– Heiwajima Shizuo ? demanda t-il.

Sa voix était grave et calme, et le blond eut l'impression étrange d'avoir affaire à un policier. Ou quelque chose qui y ressemblait.

– Oui ?

L'homme eut un petit rictus.

– Très bien. Tu connais Aoba, n'est-ce pas ? Aoba Kuronuma. Lui se souvient de toi en tout cas. Et nous, on se souvient de ton frère.

Shizuo faillit se mordre la lèvre. Il sentait une colère froide commencer à bouillir dans ses veines, et dut serrer les poings pour se contenir.

– Kasuka, hein ? Il a emprunté pas mal d'argent à notre petit dealer préféré, et apparemment, il ne compte pas lui rendre tout de suite. Sauf que le problème, tu vois, c'est qu'Aoba n'est pas qu'un simple petit délinquant de quartier. Il travaille pour nous. Donc, si ton frangin lui doit de l'argent, il nous en doit à nous également.

Le blond avait peur de comprendre. Cet homme n'était pas qu'un simple employé de bureau. Il n'était pas non plus policier. Non, il était...

– Oh, oui. J'ai oublié de me présenter. Je suis un membre assez haut placé de l'organisation Awakusu-kai. Une mafia japonaise, pour faire plus simple. Et mon nom est Akabayashi.

Son sourire était effrayant.

– Ravi de te rencontrer.

Il lui tendit la main – sans doute pour que le blond la serre – mais Shizuo était bien trop sous le choc. La mafia ? Sérieusement ? Kasuka, dans quoi tu t'es fourré, putain.

Au bout d'un moment, il finit par reprendre sa main, et son sourire ne flancha même pas.

– Si tu t'es donné la peine de faire tout ça pour ton frère, j'imagine que tu dois tenir à lui, n'est-ce pas ?

Son mauvais pressentiment ne fit qu'augmenter encore davantage.

– J'ai une proposition à te faire, accepterais-tu de me suivre quelques instants ?

Et avec l'impression de tomber dans un gouffre, Shizuo hocha la tête avec raideur. Le piège se referma autour de lui, comme les serres d'un aigle royal.

At the edge of our hearts || ShizayaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant