At the edge of our hearts || Shizaya

0.4 - Shizuo

Des années avant le Déclin.

C'était une plutôt belle journée. Le soleil était haut dans le ciel, brillant, et le thermomètre avait dépassé les 25° Celsius depuis bien longtemps en ce début d'après-midi. Shizuo et son petit frère Kasuka avaient d'un accord commun décidé de partir s'amuser au square en face de l'immeuble. On y trouvait des balançoires, un bac à sable, des buts pour jouer au foot, de l'herbe propre et bien verte, et les vieux qui promenait leurs chiens dans les fourrés prenaient même le temps de ramasser leurs déjections ; ils jouaient ensemble dans ce square depuis que Kasuka avait appris à marcher, et ce jour là n'avait pas fait exception.

Ils étaient sortis de l'appartement en même temps, leurs baskets sales aux pieds, Shizuo un ballon de football sous son bras droit. Les vacances d'été avaient débuté deux semaines plus tôt, et leur mère travaillait d'arrache-pied afin de payer leurs fournitures scolaires pour la rentrée - les deux frères n'appréciaient pas plus que ça de rester à l'intérieur lorsqu'il faisait chaud car les vitres transformaient leur salon en véritable fournaise.

Souriant, Shizuo courut de l'autre coté de la rue, ses cheveux châtains volant autour de son visage juvénile. Son frère le suivit plus prudemment, vérifiant bien à droite et à gauche qu'il n'y avait aucune voiture, puis trottina jusqu'à lui.

Ils passèrent à travers les arbres - la véritable entrée se trouvait de l'autre coté, et ils avaient depuis longtemps perdu la patience de faire le tour -, puis enjambèrent la petite clôture qui entourait le petit parc.

Des adolescents occupaient des bancs à coté du terrain de football miniature, et Shizuo fronça le nez lorsqu'une odeur de cigarette parvint jusqu'à lui. Il les ignora et entraîna son frère avec lui.

Ils commencèrent avec quelques passes, rigolèrent lorsque le ballon s'échappait sur les cotés, et lorsqu'il eut trop chaud, Shizuo retira son t-shirt et le déposa sur l'herbe à coté des buts.

Mais quelques minutes plus tard, alors que son petit-frère s'apprêtait à lui faire une passe, le ballon passa au dessus de sa tête, et il l'observa avec un air paniqué frapper de plein fouet l'un des adolescents assis sur le banc.

Immédiatement, Kasuka se précipita vers eux avec un petit air penaud.

- Excusez-moi..., murmura-t-il timidement. Je n'ai pas fait exprès, et je...

Mais avant qu'il n'ait pu terminer sa phrase, un garçon aux cheveux blond platine l'attrapa par le col de son t-shirt et Kasuka pâlit de terreur. Il bégaya quelques mots puis commença à grimacer devant la force de la poigne du garçon.

Shizuo, qui était au départ resté de l'autre coté du terrain, se précipita vers eux.

- Hey ! Lâche de tout de suite ou...

L'un de ses amis lui envoya son poing dans la figure, et il s'étala sur le sol. Une colère sourde enfla dans les veines du blond, et il regarda le garçon qui tenait son frère avec une haine qui le surpris. Il tremblait, mais pas de peur.

- Alors comme ça, les morveux ont décidé de nous emmerder ? demanda le blond.

Le pied de Shizuo cogna avec force la jambe du garçon le plus proche, et ce dernier hurla. Ils étaient quatre, et les deux autres se levèrent du banc.

- C'est quoi ton problème, espèce de petit...

Mais Shizuo lui avait déjà envoyé un coup de pied dans les parties. Il hurla.

Le petit châtain n'avait jamais ressenti un telle rage, ni une telle envie de tuer quelqu'un. Il aperçut le blond lâcher son frère avec un air étonné, et il courut dans sa direction.

Kasuka le laissa lui attraper le poignet, puis il courut derrière Shizuo en pleurant.

Ils sortirent tous les deux du parc par la grande porte, puis rentrèrent chez eux s'enfermer à double tour. Quelques minutes plus tard, ils étaient tous les deux assis dans le canapé du salon, et Shizuo serrait son petit frère dans ses bras. De grosses larmes coulaient le long de ses joues, et d'énormes sanglots déchiraient sa petite poitrine. Des bleus enserraient son cou.

Ce fut la première fois que Shizuo se battit. Et la première fois qu'il voulut protéger son petit-frère à ce point.