Trois mois après le Déclin.
Sa colère était presque palpable. Il la sentait exulter par le moindre de ses pores, s'enflammer à travers le sang qui coulait dans ses veines, retourner son estomac et sa conscience jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. Ses muscles étaient tendus au possible et sa tête vide.
Il n'arrivait plus à penser.
Ses poings n'avaient pas encore fini de cicatriser et ses phalanges étaient gonflées : il s'en servait bien trop souvent.
Son pas était rapide et irrégulier, et il pouvait apercevoir dans le regard des passants une terreur sans nom. Il faisait peur, et il le savait.
Mais en toute honnêteté, il n'en avait rien à faire.
Le souvenir des larmes de son frère traversa son esprit, ses mains tremblantes et sa voix cassée.
Sa mâchoire se serra et un haut le cœur le fit accélérer. Il avait envie de retourner le monde, de le mettre à feu et à sang, de déchaîner sa vengeance sur la première personne venue.
Mais il ne pouvait pas : il avait une personne en tête, et il devait encore patienter quelques minutes.
Quelques instants seulement. Plus que quelques instants.
Il faisait bien trop chaud : l'été était déjà bien installé et l'air était épais et lourd. Alors qu'il passait la grille du lycée Raira, son sang fit qu'un nouveau tour. Il balaya les élèves du regard, et vit que certains l'avaient reconnu. Il n'en avait que faire.
Lorsque ses yeux se posèrent sur lui, sa vision s'obscurcit. L'instant d'après, ses mains avaient saisi son col et son regard s'était planté dans le sien.
– Aoba, hein ?
Cela ressemblait plus à un grognement qu'à une question.
Son vis-à-vis hocha la tête avec raideur. Son visage était blanc comme un linge et ses yeux écarquillés de terreur. Les messes basses fusaient autour d'eux accompagnés de regards inquiets.
– Très bien, souffla-t-il.
Son poing partit tout seul.
Sur le moment, cela lui fit du bien. Il vit la tête du brun partir en arrière ; une grimace prendre place sur ses traits ; un filet de sang couler le long de sa bouche puis sur son menton. Son regard s'éteignit un très court instant avant qu'un éclair de douleur ne le traverse. Il tenta de bégayer, mais un nouveau coup de poing suivit le premier et sa lèvre éclata.
Il soupira — soupir qui le soulagea au plus profond de son être —. Shizuo relâcha légèrement la pression autour du col du garçon puis approcha son visage du sien.
Ses yeux reflétèrent une abominable terreur alors qu'il soufflait à son oreille.
— Tu connais mon frère, je suppose ? Tu vois de qui je parle ?
Il hocha légèrement la tête avec une grimace de douleur. Son souffle était rapide, presque erratique.
— Très bien. Tu ne t'approches plus de lui. Tu ne le regardes plus. Tu ne lui parles plus. Tu ne lui donnes plus rien. Si jamais il vient te voir, tu lui dis simplement que c'est terminé. Pas plus de quelques mots, puis tu disparais de sa vie.
Aoba ne répondit rien, trop tétanisé pour cela.
— Compris ?
Nouveau hochement de tête.
— Très bien.
Il le lâcha et son corps tomba à terre dans un grand bruit. Shizuo ne lui lança pas un seul regard, de peur de ne plus pouvoir se contrôler.
Lorsqu'il traversa la foule qui s'était formée autour d'eux, il prit enfin conscience que cette vie n'était plus la sienne. Il avait dix-huit ans, et aucun avenir ne lui paraissait envisageable.

VOUS LISEZ
At the edge of our hearts || Shizaya
Hayran KurguShizuo X Izaya | Durarara | Univers Alternatif | Terminée Izaya n'aimait pas vraiment les nuits d'orage. Il se débrouillait toujours pour ne pas être seul dans ces moments là - quelques heures en compagnie d'un inconnu faisaient en général l'affair...