0.12 - Shizuo

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Quelques mois avant le Déclin.

Shizuo tourna la page du manuel qu'il tenait entre les mains et fronça les sourcils. Décidément, il détestait la physique-chimie, et ce mystère de chiffres et de formules commençait sérieusement à lui mettre les nerfs en pelote. Il se mit à mordre le bout de son crayon et retint un grognement.

La nuit était tombée depuis quelques minutes et il commençait à sentir la fatigue de la journée. La chaleur de l'été l'assommait et il se décida à aller prendre une douche avant d'aller dormir.

Il se recula, passa une main lasse sur son visage, puis s'étira de tout son long en faisant craquer ses articulations.

Tout à coup, quelqu'un toqua à sa porte. Un sourire naquit sur ses lèvres alors qu'il lui donnait la permission d'entrer, s'attendant à voir son frère. Pourtant ce fut sa mère qui passa timidement l'embrasure. Elle s'avança dans la pièce d'un pas hésitant puis alla s'asseoir sur le lit défait de son fils. Sur le moment, il regretta de ne pas l'avoir fait en partant le matin.

Elle resta là sans dire un mot pendant quelques instants, et Shizuo prit cela pour une invitation à commencer.

– Maman ? Tout va bien ?

Elle faisait une tête étrange, le visage froissé et les yeux ternes, et ses dents se plantaient régulièrement dans sa lèvre inférieur, la faisant saigner.

Devant son silence, il se leva et alla la rejoindre, s'asseyant à ses cotés.

– Maman ?

D'un geste vif, elle lui attrapa la main. Il remarqua qu'elle tremblait.

– Je...

Ses cheveux lui tombaient sur le visage, lui cachant expression. Une appréhension grandissante commençait à naître en lui.

– Shizuo, je...

Il vit une larme rouler sur sa joue et ne put s'empêcher plus longtemps de l'attraper par les épaules pour qu'elle puisse lui faire enfin face. Ses yeux brillaient d'une tristesse infinie et il vit son corps être parcouru par une nouveau sanglot. Elle se jeta dans ses bras, enfouissant sa tête contre son torse.

– Shizuo, je suis désolée mon grand, tellement désolée. J'aurais voulu avoir plus de temps, je croyais que j'en avais plus !

Les yeux grands ouverts, figé devant cette situation qu'il ne comprenait pas, le brun posa doucement sa main dans le dos de sa mère.

– Je sais que ça va être dur, chéri. Mais je...

Nouveau sanglot.

– J'ai une tumeur.

Il mit quelques secondes à réaliser, à comprendre. Les mots rebondirent tout d'abord sur lui et son corps se figea tout entier. Seuls les pleurs de sa mère comblaient le silence horrifié de la pièce.

Puis il sentit sa gorge se serrer et une voix résonner en lui.

Tumeur.

Sa main attrapa d'elle même le t-shirt de Namiko, et il la serra contre lui encore plus fort.

– Le médecin m'a dit que ce n'était pas opérable. Qu'elle se trouvait dans une zone du cerveau inatteignable et qu'il... qu'il n'y avait rien à faire.

Tumeur. Tumeur. Tumeur.

Il sentit ses yeux s'embrumer.

Mort.

– Prends soin de Kasuka, d'accord chéri ?

Mort. Mort. Mort. Mort.

Shizuo se mordit la lèvre. Comment était-ce possible ?

Elle lui avait toujours semblé si forte, si souriante et autonome.

Et désormais, elle allait mourir.

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Quatre mois plus tard, tout était terminé, et le Déclin avait commencé.

At the edge of our hearts || ShizayaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant