At the edge of our hearts || Shizaya

0.27 - Shizuo

Des années avant le Déclin.

Shizuo se souvenait du jour où Kasuka s'était cassé la cheville comme si cela s'était déroulé hier.

Ils étaient sortis ensemble pour jouer un peu à l'extérieur, laissant leur mère se reposer un peu avant de repartir travailler, leurs vêtements trop grands sur le dos. Le soleil tapait fort et en frappant un peu trop brutalement dans le ballon qu'ils avaient apporté, Shizuo l'envoya directement en haut du plus grand arbre du parc.

– Tu tapes tout le temps trop fort, se moqua t-il en gonflant les joues.

Kasuka lui avait ensuite souri, et s'était dirigé vers le tronc.

– Tu ne devrais pas faire ça, l'avait prévenu le plus vieux. Si tu tombes maman va nous gronder.

– Je ne vais pas tomber.

Il l'avait en effet déjà fait plusieurs fois, et jusqu'à présent cela s'était toujours très bien passé. Son petit frère, agile et léger, grimpait comme un véritable petit singe.

– J'y suis presque –

Mais alors qu'il tendait la main, les yeux écarquillés, la branche sur laquelle il se trouvait craqua et en quelques secondes il se retrouva au sol. Sa chute avait été rapide et lourde si bien que Shizuo ne réagit vraiment que lorsque des sanglots parvinrent à ses oreilles.

– Kasuka !

Le garçon se tenait la jambe, les joues baignées de larmes, regardant son frère comme s'il pouvait faire quoique ce soit pour l'aider.

Ils avaient ensuite passer des heures à l'hôpital après ça. Leur mère avait dû prendre une après-midi de repos et s'était faite gronder par son patron, et Shizuo s'était excusé auprès d'elle une dizaine de fois au bas mot. Entre les radios et la pose du plâtre, Kasuka s'était fait ballotter de service en service, et Shizuo avait dû rester seul dans la salle d'attente pendant des heures.

Il se souvenait encore de ce sentiment de culpabilité, de cette peur que son frère lui en veuille à jamais, que sa mère le lui reproche jusqu'à la fin de ses jours.

Shizuo ne voulait pas que les gens souffrent à cause de lui.

Pas plus qu'il ne supportait qu'ils le fassent pour lui.