At the edge of our hearts || Shizaya

0.21 - Shizuo

Des années avant le Déclin.

Devant les portes du collège, Shizuo déglutit bruyamment. Autour de lui, de nombreuses personnes le dépassaient en riant, comme si le moment où ils pénétraient dans l'établissement n'avait pas d'importance.

Ce n'est rien de compliqué, se força t-il à penser. C'est juste une rentrée comme une autre. Rien de compliqué.

Il inspira un grand coup, puis fit enfin marcher ses jambes.

Devant le panneau d'affichage, il réussit à se faufiler entre les nombreux élèves, puis plissa les yeux afin de deviner sa classe. Au contraire de ses camarades qui se lamentaient ou se réussissaient de leur découverte, le blond n'y accordait pas grand importance. Il n'avait personne a retrouver ou a éviter, personne avec qui partager sa joie ou sa déception : il n'en avait rien à faire.

Une fois sa salle retenue, il se dégagea rapidement, s'extirpant de la foule.

La cour était pleine de monde, de rires, de cries, pourtant personne ne vint à sa rencontre. Quelques personnes le regardèrent du coin de l'œil, mais il ne les remarqua pas, avançant vers le bâtiment principal en silence.

Parfois, il se demandait si se faire des amis était une tache aussi difficile pour tout le monde. Lui qui avait du mal à communiquer se retrouvait très souvent seul lors des travaux de groupe, et même lorsque des camarades venaient lui proposer de s'intégrer au leur, ils déchantaient rapidement en avisant son mutisme.

Avec ses cheveux sombres et son air calme, Shizuo avait fini par devenir quelqu'un de très discret. Le regard des autres glissait sur lui comme s'il n'existait pas, et si parfois cela était agréable, il devait bien avouer qu'un ami n'aurait pas été de trop. Une connaissance, si vraiment il ne voulait pas trop en demander.

Quelqu'un à qui il pourrait demander ou prêter les cours, quelqu'un qui l'attendrait aux casiers, à la sortie des cours. Quelqu'un qui serait triste à l'idée de ne plus le voir l'année d'après, à leur rentrée au lycée.

Et peut-être pourrait-il même évoquer ses projets d'avenir, lui qui aimait tout garder à l'intérieur. Sa mère était fière de lui, mais elle n'était que rarement à la maison – ce qu'il ne lui reprochait pas, il savait bien que c'était difficile –. Tant qu'elle était là pour Kasuka, alors à ses yeux tout allait bien.

Quand il s'assit à sa place, quelques personnes le suivirent du regard, puis tout redevint comme avant. Il sortit son cahier en silence, et attendit le professeur.

Cette année ne serait pas si différente, en fin de compte. Comme il s'y était attendu, ce fut une rentrée comme une autre. Rien de compliqué.