Chapitre 3

268 36 13
                                    

Après cette nuit dont il ne garde que quelques souvenirs diffus, Izaya reprend sa vie comme si de rien n'était : il se rend à son boulot, appelle ses sœurs lorsqu'il en a le temps, et s'entraîne avec Vorona, la secrétaire d'un certain Shiki, au self-défense. De son coté, Shizuo à bien du mal à garder la tête hors de l'eau.

__________________

Sa tête était vide : un grand vide qui englobait tout ; détruisait chaque tentative de création ; enfouissait ses émotions au plus profond de lui, ne laissant subsister qu'une cruelle lassitude qui le consumait peu à peu.

Blanc : telle était la couleur de son esprit dans l'instant présent, alors que ses poings s'abattaient sans répit sur le visage et le corps de l'homme en dessous de lui. Il ne pouvait éprouver la moindre émotion, pas dans un instant comme celui là, pas dans son travail, pas alors que tout ce qu'on attendait de lui, c'était qu'il se taise et exécute.

Au bout d'un moment, il ne sentit même plus la douleur sur les phalanges de ses doigts, tout comme les cris et les supplications de l'homme ne parvenaient plus à ses oreilles. Il ne faisait que répéter encore et encore le même geste en faisant son possible pour ne rien laisser paraître - cela n'était pas bien difficile : il ne savait même plus s'il était capable de ressentir quelque chose -.

Ses poings frappaient, frappaient, et frappaient à nouveau, formant une symphonie si désagréable qu'il devait se forcer au possible pour ne pas grincer des dents.

Puis enfin :

- Shizuo, c'est bon.

Ses gestes s'arrêtèrent immédiatement et lentement, il se recula d'un pas. Lorsque ses yeux rencontrèrent ceux de l'homme, il n'y vit qu'une terreur sans nom. Son visage était en sang, gonflé, et ses lèvres tremblaient. Des larmes séchées barbouillaient ses joues.

Tom passa devant lui, et le blond se recula encore d'un pas. Ses jambes ne tremblaient même plus, pas comme la première fois - cela faisait longtemps qu'elles avaient arrêté de trembler -.

- Alors, commença Tom en s'accroupissant près de l'homme ensanglanté, vous avez compris à présent, n'est-ce pas ? On ne déconne pas avec la mafia, pas quand vous lui devez de l'argent. Nous avons attendu, mais vous vous êtes montré trop avare.

Il se releva.

- Nous vous laissons vingt-quatre heures. Si d'ici là, vous n'avez pas récolté l'argent, alors vous savez ce qui arrivera.

Il laissa sur le torse de l'homme une enveloppe blanche, puis se détourna afin de rejoindre Shizuo. L'homme tremblait de tout son corps en gémissant et en demandant pardon.

Alors que le brun marchait vers lui, Shizuo laissa son regard s'égarer. Ses dread-locks étaient ramenées en arrière et un sourire tout à fait inapproprié à la situation ornait ses lèvres. Lorsqu'il arriva à son niveau, Tom lui dit simplement :

- Pause déjeuner ?

Et il ne put que hocher la tête, le cœur vide de tout sentiment.

__________________

Lorsqu'il tourna la clé dans la serrure de la porte de son appartement, Shizuo sentit une grosse fatigue peser sur ses épaules et sur le reste de son corps. Elle s'ouvrit dans un grincement, et la fraîcheur d'un courant d'air fit frissonner sa peau. Frictionnant ses mains en posant ses affaires sur le plan de travail, il marcha rapidement jusqu'aux radiateurs.

Éteints.

Grognant, il les ralluma rapidement avant de se diriger vers sa chambre. Lorsqu'il passa devant celle de son frère, il lança tout de même un léger regard en direction de sa porte. Il n'y avait pas de lumière, pas de son bruit, aucun signe de vie. Soupirant, il continua son chemin en sentant son cœur se serrer, puis attrapa quelques vêtements dans son armoire avant de se rendre à la salle de bain. Un peu d'eau chaude lui ferait du bien.

At the edge of our hearts || ShizayaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant