Chapitre 4

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De son coté, après la nuit qu'il a passé avec Izaya, Shizuo à du mal à passer à autre chose. Son amant d'une nuit semble l'obséder plus que de raison, et le distraire de sa vie bien remplie que même ses amis ne parviennent pas lui faire oublier.

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Izaya haïssait les heures de pointe. Lorsque le restaurant était bondé, il était difficile d'y circuler et le brun n'était pas acrobate : garder des assiettes et des plateaux stables parmi une foule d'enfants, d'adultes et de personnes âgées n'était clairement pas chose aisée. Il n'avait pas une seule seconde de pause et savait que Namie était quelque part dans la pièce, les observant avec attention à l'affût de la moindre erreur.

Lorsqu'une vielle dame l'appela, il s'arrêta immédiatement puis lui offrit un de ses magnifiques sourires commerciaux.

- Bonjour madame, comment puis-je vous aider ?

Elle lui passa une commande pour la petite fille à coté d'elle - grenadine et pancakes -, et il nota tout sur le petit calepin qu'il rangeait dans la poche de son tablier de serveur. Nouveau sourire poli, puis il tourna les talons en débarrassant quelques tables au passage.

L'intérieur des cuisines était en effervescence : l'air était chaud et Simon donnait des instructions à ses cuisiniers avec une autorité que l'on ne pouvait observer que dans ces moments-là. Izaya se fraya habilement un passage entre les autres serveurs, plaçant son plateau au dessus de sa tête, et Mika lui claqua les fesses en passant. Il accrocha la commande au tableau prévu à cet effet, puis tourna les talons en attrapant l'assiette de la table six.

Lorsqu'il ressortit de la cuisine, ses pas se dirigèrent immédiatement vers son but. Pourtant, alors qu'il s'en rapprochait, il percuta quelqu'un avec violence et grimaça. Son plateau tangua de même que l'assiette qu'il contenait et il se força à la stabiliser. De l'autre main, il attrapa le petit bout de femme qu'il avait manqué d'envoyer par terre par la hanche et la remit sur pied. Il fixa son plateau et une fois qu'il fut sûr que tout allait bien, se tourna vers elle.

- Toutes mes excuses, mademoiselle, lui adressa-t-il avec un sourire.

Puis son regard parvint jusqu'à son visage et il lui sourit de plus belle.

- Oh ? Le destin nous réunit à nouveau, apparemment.

Elle le fixa avec colère et se dégagea. Sa robe était d'un doux rose pâle et lui arrivait bien en dessous des genoux, ainsi, quand elle fit un pas en arrière, cette dernière s'évasa gracieusement. Ses cheveux lisses et soyeux offraient toujours le même contraste saisissant avec ses yeux ternes.

Elle recula encore d'un pas, ses yeux toujours ancrés dans les siens, puis se détourna. Il la regarda quitter le restaurant d'un pas rapide et se demanda vaguement ce qui avait bien pu l'énerver à ce point.

Izaya avait aperçu cette fille au restaurant de nombreuses fois, et le soir dernier était la première fois qu'il lui avait parlé. Le brun n'aimait pas jouer au bon samaritain - il ne l'avait d'ailleurs jamais été -, et malgré ce que ses sourires pouvaient laisser entendre, il se moquait bien du sort de la plupart des gens autour de lui. Seulement, cette fille possédait ce regard, celui qui criait désespérément : « je suis perdue, aidez moi. » et il l'avait vu de trop nombreuses fois pour rester insensible. La dernière fois qu'il l'avait ignoré, une de ses amies était morte.

Lorsqu'il revint dans la cuisine quelques minutes plus tard et qu'il lança un regard en direction de la plonge, il faillit geindre devant l'étendue de vaisselle sale. Il détestait le jeudi, et il se détestait pour avoir accepté de remplacer Kadota.

At the edge of our hearts || ShizayaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant