0.18 - Izaya

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Des années après la Nuit.

Izaya claqua la porte d'entrée, enleva ses chaussures, puis s'engagea dans le grand couloir. Ce n'était même pas chez lui, pourtant il connaissait l'endroit comme sa poche.

– Oh, Izaya-kun ! s'exclama une femme qui passa sa tête hors de la cuisine. Tu viens voir Kururi et Mairu –

– Bonjour Mme Sato. Pardonnez-moi je suis pressé. Passez une bonne journée.

Il l'entendit lui répondre Vous aussi jeune homme ! Mais il s'était déjà éloigné vers la porte du jardin de derrière. Il savait très bien où trouver ses sœurs, et aujourd'hui il n'était pas vraiment venu leur faire des câlins.

En passant l'embrasure, il ne mit que quelques secondes à les repérer et s'avança vers elles, les poings serrés.

Kururi fut la première à le remarquer, si bien qu'elle tira sur la manche de sa jumelle.

Lorsqu'il fut à leur hauteur, elles avaient toutes les deux les yeux grands ouverts.

– Nii-san ! On pensait que tu ne devais pas venir avant samedi –

– Oui, moi aussi.

Il croisa les bras.

– Mais ce matin, j'ai reçu un appel de votre professeur principal, qui m'a gentiment informé que vos notes étaient devenues catastrophiques. J'ai dû sécher ma troisième heure au lycée pour pouvoir l'entendre me dire à quel point votre comportement était détestable, vos notes épouvantables, et que vous vous battiez avec littéralement tous vos camarades.

Elles baissèrent la tête, mais Izaya était vraiment énervé.

– J'ai été vraiment sympa avec vous, parce que bordel vous avez des circonstances atténuantes, mais là c'est trop. Vous êtes intelligentes. Très intelligentes. Alors je ne sais pas pourquoi vous faites ça.

Kururi avait les yeux humides, et en la voyant les joues de Mairu flambèrent aussitôt et elle releva la tête avec un air agressif.

– Pourquoi on fait ça ? Et toi, pourquoi tu fais ça ? Tu nous as abandonné dans cette espèce de pension parce qu'au moins comme ça tu n'avais pas à t'occuper de nous, pendant que toi tu restes avec ce mec super bizarre ! On dirait clairement un mac ! T'as peut-être l'impression de devoir nous foutre quelque part en attendant qu'on grandisse un peu, mais c'est pas le cas ! On a pas besoin de toi, et tu ne fais rien pour nous. Et putain t'es pas notre père !

Izaya écarquilla les yeux, soudain entièrement refroidi. Le feu de sa colère s'éteignit immédiatement, et il sentit sa gorge se serrer. Kururi semblait paniquée, et quand elle attrapa la main de sa sœur en lui chuchotant quelque chose – le brun avait les oreilles qui sifflaient – cette dernière sembla enfin se rendre compte de ce qu'elle venait de dire.

– Nii-san... Je ne – tu sais bien que je ne le pensais pas...

Il recula d'un pas en secouant la tête.

– Non, c'est bon, commença t-il.

Sa voix était rauque.

– Tu avais raison.... je –

Il avait envie de partir.

– Vous êtes là, toutes seules... au final qu'est-ce que ça change ? Les familles d'accueil c'était la même chose. J'ai fait ça égoïstement et je...je suis désolé. Tu as raison, je ne suis que votre frère –

Elles se levèrent de concert et passèrent leurs bras autour de son cou. Il sentit une larme rouler le long de sa joue.

– Les filles, je suis vraiment désolé. J'essaye de faire de mon mieux, mais je ne peux pas vous laisser vivre avec moi, vous méritez mieux, mais je vois bien que c'est pas assez, et au final vous vous retrouvez encore seules, comme si j'essayais de me débarrasser de vous et je –

– Nii-san ! Je ne voulais pas dire ça. Je t'assure que mes mots ont dépassé ma pensée. On va faire un effort pour les cours, promis.

– Ne pleure pas, nii-san, murmura Kururi.

Mais parfois, il avait vraiment l'impression de tout faire de travers.

At the edge of our hearts || ShizayaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant