Chapitre 39

2.7K 247 43
                                    

De nous deux, Jayden a toujours été le plus fort. Je me suis effondrée un nombre incalculable de fois et il a toujours été là pour me rattraper. Il est le seul à m'avoir toujours réconfortée, soignée, encouragée et poussée à me battre quoi qu'il arrive. Il a toujours semblé si fort, invincible, sans failles. Mais c'est faux. Et j'en ai la preuve ce soir.

Ses yeux brillent, ses mains tremblent et les cernes sous ses yeux me paraissent plus visibles que tout à l'heure. Peut-être ne les avais-je tout simplement pas remarquées ? Cela fait-il de moi une mauvaise petite amie ? Peut-être bien.

Il est premier à briser notre contact visuel. Il se retourne, ramasse ses affaires et quitte la salle sans un mot, sans un regard. Je laisse échapper un long soupir d'exaspération et me tourne vers mon ex qui gémit de douleur, se tenant le nez. Ça va, il ne va pas tomber non plus ! Et puis, si jamais, le Sphinx n'a plus de nez pourtant, il est toujours là et en pleine forme. Il est même pris en photo très régulièrement !
Je souris en pensant à la débilité de mes pensées et m'approche tout de même de lui avant de m'accroupir pour être à sa hauteur. Faisons preuve d'un minimum de compassion même si l'envie n'est pas vraiment là et que je rêve de rejoindre Jayden au plus vite. Je ne vais quand même pas le laisser périr ici, le nez en sang.

Tu veux que j'appelle quelqu'un ? Les pompiers peut-être ?
Non, c'est bon. Il ne m'a pas raté ce con, grogne-t-il.
Tu l'as bien cherché, Nicolas.

Il me fusille du regard et se relève. Je fouille dans mon sac à la recherche d'un paquet de mouchoirs que je lui lance. Il ne prend pas la peine de me remercier et rassemble ses affaires. Et merci, c'est pour les chiens ? Connard.

Quelques minutes plus tard, nous quittons la salle et je fais bien attention à tout fermer comme Matthieu m'a appris à le faire quelques semaines auparavant. Je laisse mon ex devant sa voiture, toujours énervé après ce qu'il s'est passé, et je repère Jayden un peu plus loin, appuyé contre son véhicule, une cigarette entre les lèvres.
Rassurée qu'il ne soit pas parti sans moi, je m'avance dans sa direction et, sans vraiment réfléchir, je laisse mon sac tomber au sol et enroule mes bras autour de sa taille. Mon oreille contre son cœur, je le sens se détendre à mon contact. Il ne lâche pas pour autant sa clope, mais je décide de faire abstraction pour cette fois. Il en a sûrement besoin.

Je suis désolé, chuchote-t-il finalement en me rendant mon étreinte.
Pourquoi ?
Je n'aurais pas dû le frapper, je ne sais pas ce qui m'a pris. Je suis sincèrement désolé, ce n'est pas moi, ça. Je ne perds pas les pédales aussi facilement d'habitude.
Ne t'excuse pas. Jamais. Il est allé trop loin, il l'a mérité.

Je relève la tête vers lui et observe la fumée s'échapper de ses lèvres et se dissiper dans la nuit. Même si je déteste ça, je ne peux m'empêcher de trouver cette image terriblement sexy. Dommage que le moment ne soit pas propice à une telle déclaration.

Je pose mes mains à plat sur son torse et il baisse enfin la tête vers moi. Ses yeux s'arriment aux miens et j'y lis toute sa détresse. Il a beau dire ce qu'il veut, je suis persuadée qu'il avait espoir. L'espoir que sa mère le comprenne enfin. Ce concours n'était pas qu'un acte de rébellion, c'était le seul moyen de lui montrer qu'il aimait danser, qu'il pouvait réussir et s'épanouir dans cette discipline. Le manque de compréhension de sa génitrice le touche plus qu'il ne le voudrait, plus qu'il ne le montre vraiment.

Ma mère sera ravie de t'héberger quelques jours, le temps que tu trouves une solution, soufflé-je sans le quitter du regard.

Il jette son mégot au sol et passe ses bras autour de mon cou pour me serrer plus fort contre lui et m'embrasser sur le front.

Heartbreaking dance - TOME 1-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant