Heartbreaking dance - TOME 1-

Chapitre 41

Deux semaines se sont déjà écoulées, c'est-à-dire la moitié du temps que nous avons pour préparer nos trois chorégraphies. Pour le moment, nous sommes dans les temps. Nous travaillons énormément et surtout très tard le soir. Nicolas n'a jamais cessé de nous faire des réflexions. Nous avons décidé de l'ignorer et de nous concentrer sur notre objectif : être prêt pour la demi-finale.
Depuis, Jayden vit chez moi et cherche un appartement avec l'aide de ma mère. C'est chose faite.

Nous sommes mercredi et j'ai choisi de ne pas aller en cours pour l'aider à emménager. Ses parents sont en plein procès et nous allons en profiter pour récupérer ses affaires et tout transporter dans son nouveau lieu de vie. C'est la première fois qu'il va réellement habiter seul, même si l'absence quotidienne de ses géniteurs l'a souvent contraint à se débrouiller, et je veux être là pour lui.

Il gare sa voiture dans l'allée, vérifie tout de même que ses parents ne sont pas présents et nous entrons, quelques cartons vides en main. Nous ne perdons pas une minute et rejoignons sa chambre.
Première étape : construire les cartons. Doués comme nous le sommes, cela met plus de temps que prévu.

- Occupe-toi des livres, s'il te plaît. Je me charge de mes vêtements.

Je hoche la tête et commence à vider sa bibliothèque alors qu'il récupère ses habits. Les cartons se remplissent à vive allure, les allers-retours entre sa chambre et la voiture s'enchaînent et bientôt, la pièce dans laquelle il a vécu toute son enfance et son adolescence disparaît, laissant place à une salle vidée, abandonnée et sans âme.

Jayden n'a pas décroché un mot depuis que nous sommes ici et je n'arrive pas à déchiffrer ses regards. Comment se sent-il ? Les souvenirs doivent défiler dans sa tête depuis un long moment déjà. Quitter cet endroit est sûrement plus douloureux pour lui qu'il ne le laisse croire. C'est une partie de sa vie qu'il va laisser derrière lui et pour l'avoir vécu, je sais à quel point c'est difficile.

- Bon, il est temps de partir..., souffle-t-il en attrapant un carton.

Je lui adresse un sourire réconfortant et récupère la dernière boîte. Il quitte la chambre en premier, je referme la porte derrière moi et manque de lui rentrer dedans lorsque je me retourne. Il s'est figé et observe le cadre sur le mur. Celui-là même que j'avais regardé il y a quelque temps. Il soupire longuement et le décroche pour l'emporter avec lui. Je ne pose aucune question et le suis. Nous descendons les escaliers et, lorsqu'il ouvre la porte d'entrée, nous nous retrouvons face à sa mère, ses clés à la main. Enfin, surtout lui. Ils se scrutent tous les deux, attendant que l'un ou l'autre se décide à briser le silence ou à s'écarter, mais rien ne se passe. Le regard de sa génitrice dévie lentement, jusqu'à se poser sur moi, et je peux y lire toute la haine qu'elle me porte.

- Je te fous à la porte dans l'espoir que tu comprennes enfin que tu fais fausse route et je te retrouve ici, des cartons à la main, accompagnée de cette fille, résume-t-elle. Explique-moi Jayden, parce que je ne comprends pas. Qu'est-ce que j'ai raté dans ton éducation ?
- Rien, je crois, souffle-t-il. Peut-être n'as-tu juste jamais compris qu'une mère est censée vouloir le bonheur de son enfant.
- Mais je veux ton bonheur Jayden ! Ne vois-tu donc pas tout ce que j'ai sacrifié pour toi ? Pour t'offrir la meilleure vie possible ? Pour t'aiguiller et te donner un but dans ta vie ?
- La seule chose que j'ai vue, ce sont vos absences à répétition durant mon enfance, votre travail qui passait toujours avant moi et vos disputes de couple. Je n'ai rien vu d'autre, maman. Pas même un « joyeux anniversaire » puisque vous l'oubliez tous les ans.

Je reste stupéfaite devant son dernier aveu. Comment peut-on oublier la naissance de son fils unique ? Cette nouvelle information me déchire le cœur. Il n'a jamais connu de vrai anniversaire ! Je me promets silencieusement de remédier à cela dès que l'occasion se présentera.