Heartbreaking dance - TOME 1-

Chapitre 5

Durant les premières minutes du trajet, aucun de nous deux ne parle, mais ce silence n'est pas gênant. Au contraire, je le trouve apaisant.
Je ne peux m'empêcher de regarder partout autour de moi. Je n'arrive toujours pas à croire que je suis à bord d'un cabriolet. Je n'aurais jamais cru que cela m'arriverait un jour.

– Où allons-nous ? finis-je par demander, curieuse.
– À la fête foraine.
– À la fête foraine ? En plein mois de janvier ?
– Surprenant, n'est-ce pas ? rit-il. Prête à passer un super après-midi ?
– La journée a tellement mal commencé qu'il y a peu de chance pour que ce soit pire...

Il profite de notre arrêt au feu rouge pour se tourner vers moi, intrigué.

– Tu veux en parler ? propose-t-il.
– Pas vraiment, non.
– Alors, fais-moi confiance. Je vais te faire oublier tes problèmes.
– Bon courage.

Il se gare sur un parking et nous descendons. Au loin, j'entends déjà les cris et les rires des gens ainsi que la musique assourdissante qui sort à plein volume des haut-parleurs. Une douce odeur de nougat et de barbe à papa flotte dans l'air et réveille la gourmande qui est en moi.

Je fais le tour de la voiture pour le rejoindre et, lorsque nous traversons la route, il glisse sa main dans la mienne. Je lance un regard dans sa direction, il me sourit et me tire pour que j'avance plus vite. Je me résigne à laisser ma main dans la sienne et le suis à travers la ville, nous menant sur la grande place où se déroulent les festivités.

– Bon alors, on commence par quoi ? Un tour de grande roue ?
– Je te suis.

La dernière fois que j'ai mis les pieds dans une fête foraine, je devais avoir six ans. Depuis que la maladie de ma sœur a été détectée, nous ne sortons plus parce qu'elle ne peut jamais nous accompagner. Enfin, elle pourrait, mais elle ne fait aucun effort. C'est elle qui refuse catégoriquement de sortir avec les protections. Elle n'aime pas le regard des gens, elle n'a jamais réussi à s'y habituer. Et quelque part, je comprends ce qu'elle ressent, même si je ne le vis pas.

– Schtroumpfette, tu viens ?

Je sors de mes pensées, pose mon regard sur Jayden et hoche la tête. Il ouvre la barrière de la nacelle et nous nous glissons à l'intérieur. Je soupire tandis qu'il se glisse à mes côtés.

– Tu as l'air ailleurs. Où est la jeune fille qui me taquinait hier ?
– Excuse-moi.

Il passe son bras autour de mes épaules et attrape ma queue-de-cheval. Il fait glisser sa main le long de mes cheveux et fixe les pointes bleues.

– Tu devrais mettre du rouge.
-– Ha oui ? Pourquoi ?
– Parce que le rouge est ma couleur préférée, souffle-t-il au creux de mon oreille.
– C'est drôle, parce que moi aussi.
– Un point commun.

Je souris inconsciemment et mon regard se perd au loin lorsque la nacelle atteint le sommet de la roue. Je me retourne et, presque à genoux sur le banc, je me penche pour voir ce qu'il se passe en bas. D'ici, les passants ne sont plus qu'un tas de fourmis qui grouillent.

– Action ou vérité ? demandé-je doucement.
– Vérité.
– Tu es déjà tombé amoureux, toi ? le questionné-je en me rasseyant près de lui.
– Ouais, je suis tombé amoureux de ma prof de français en 4ème, répond-il très sérieusement.

Je lui lance un regard de travers et il explose de rire. Vexée par sa mauvaise blague, je m'écarte de lui faisant bouger la nacelle qui se balance légèrement.

– Tu aurais dû voir ta tête, s'esclaffe-t-il.
– Tu n'es pas drôle, sache-le. C'était censé être une vérité.

Il se calme et me fixe, un sourire amusé sur le visage. Je croise les bras et détourne le regard.