Je déglutis difficilement lorsque mon frère se dirige vers notre direction, les sourcils froncés. Pitié, ne dites pas qu'il a tout entendu !
Je prie intérieurement et tente de garder un visage neutre. Quand Owen s'arrête devant moi, il lève sa main et je ferme les yeux, apeurée. Mais quelques secondes plus tard, je ne sens rien. Lentement j'ouvre mes yeux et il me montre une brindille.
Euh... what ?
— Tu avais ça dans tes cheveux, me dit-il avec un sourire. Quelque chose ne va pas, Opal ? Tu me sembles en colère.
Dieu merci, il a rien entendu.
Je lui lance un sourire.
— J'ai un peu crié sur Matthew, car je voulais rester un peu plus dans le centre-ville, mens-je.
— Mais je lui ai dit qu'on a pas le temps de faire de shopping, intervient Kingston d'une voix solennelle. Je ne veux pas me faire réprimander par le colonel.
Mon frère rit en pose une main sur mon épaule dénudée.
— Ne fais pas cette tête, hermana ! Un jour je t'y emmènerai faire ton shopping ! Aller, oust ! Tu dois aller travailler.
Je ne le fais répéter deux fois et pars dans la direction de la clinique. Je pivote légèrement la tête et voit mon frère se taper une discussion avec son ami.
*
Alors que docteur Kang est parti consulté les analyses, Ana et moi sommes parties voir la nouvelle patiente. Les militaires ont amené une jeune femme enceinte à la base et elle a vraiment besoin de se faire consulter, selon leurs dires...
— Bizarrement, j'ai hâte de faire connaissance avec cette femme, m'avoue la sage-femme, surexcitée.
Je lui envoie un regard interrogateur.
– Opal, tu t'en rends compte que cela fait deux semaines que je n'ai pas aidé une femme à mettre au monde son enfant ! J'ai besoin d'être en contact avec les enfants, les mères. Après tout, c'est mon job !
Je rigole.
– Tu es nouvelle Ana ! Tu verras, au bout de six mois, ça va te saouler d'entendre des gosses chialer dans chaque chambres, lui dis-je en ouvrant la porte de chambre.
Ana m'arrête avec un regard nostalgique.
– Ça ne risque pas ! J'ai toujours occupé mes petits frères et sœurs quand j'étais jeune, et cela est devenu une passion, souffle-t-elle. Maintenant, ces petits couillons m'ignorent.
Elle dit sa dernière phrase avec une sorte de colère cacher en elle. C'est rare de voir Ana montrer ses sentiments.
Je pose une main sur son épaule avec un sourire compatissant et lui dit afin de changer de sujet :
— Aller, allons voir cette future maman !
Elle me sourit et nous entrons dans la pièce.
Une femme avec une voile sur la tête nous observe d'un air apeuré. On dirait une biche face à une voiture qui fonce droite sur elle. Mon regard se s'attarde pas sur les hématomes et les pansements qu'elle détiennent sur ses bras.
Avec Ana, nous échangeons un regard avant de s'approcher lentement de la jeune femme.
C'est sûr, une personne la tabasse.
Malgré ces coups marqués sur sa peau, elle me semble être une jolie jeune femme. La peau halée, la patiente a les yeux d'un vert ensorcelant. J'ai l'impression que j'ai une poupée devant moi.
Heureusement, elle comprend l'anglais. Elle nous a répondu à quelques de nos questions, mais dès qu'on lui posait des questions sur sa vie personnelle, elle se refermait.
Elle ne semble pas être une native de la Namibie. On connaît que dalle sur sa nationalité.
Et on sait toujours pas son prénom aussi.
Mais bon, le plus important d'abord, c'est de la soigner. Je lui annonce que je vais soigner ces blessures car quand j'ai enlevé ces pansements, ces blessures sont infectées et ont surtout besoin de se faire recoudre.
— Je vais chercher un docteur pour le reste, annoncé-je à Ana alors que celle-ci hoche de la tête.
Après avoir prévenu un docteur, je sors enfin de la clinique afin de prendre l'air. Le soleil commence à se coucher alors que certains militaires se dirigent vers leur dortoir. Je vois Kingston s'approcher de moi à grand pas. Il me lance un regard sérieux qui me fait pétrifier.
— Suis-moi, lâche-t-il en passant devant moi.
Perplexe j'observe sa carrure qui commence à s'éloigner de moi, j'observe autour de moi avant de le suivre.
Il passe dans une petite ruelle entre deux bâtiments avant de contourner un autre couloir. Je suis obligé de courir. À peine je contourne le couloir, je me suis coincée entre un torse et des bras. Je tente de me dégager, en vain.
Je lève ma tête vers Matthew et ses yeux sont remplis de tendresse. J'ouvre grand mes yeux, surprise. Est-ce une autre facette de lui ?
— Qu'est-ce que tu fais ? demandé-je confuse.
Il me fixe droit dans les yeux et me déstabilise.
— Excuse-moi pour aujourd'hui et pour hier. Je ne savais pas que ce rendez-vous était si important pour toi...
— Laisse tomber, Kingston, soufflé-je en me dégageant entre ses bras. Et puis, ça ne m'intéresse plus.
Les iris sombres du militaire me mirent intensément. Putain qu'est-ce qu'il a à me regarder de cette sorte ?
— Comment ça ? Qu'est-ce qui ne t'intéresses plus ? me demande-t-il d'une voix dure.
Nous entendons des soldats de l'autre côté du mur et nous nous taisons pendant quelques secondes, puis je décide de prendre la parole.
— Tout. Ce flirt, Kingston, avoué-je avec une boule dans la gorge. On a failli de se faire prendre par Owen, et je n'ai pas envie d'attirer les foudres de mon frère...
— On lui dira quand tout sera officialiser, me coupe-t-il sûr de lui.
Je secoue ma tête. Non, il n'y aura rien à officialiser. Pas avec lui, en tout cas.
— Non Kingston. On est pas sur la même longueur d'onde ! Le travail passera toujours avant moi et puis, je ne veux pas briser l'amitié entre mon frère et toi, déclaré-je en serrant mes poings. J'ai été plusieurs fois trahi par l'amour, j'ai peur qu'on me refasse le même truc...
— Opal...
— Il vaut mieux arrêter, Kingston. Il n'y a rien à faire. S'il-te-plaît respecte mon choix, interrompt-je vivement.
Il ne dit rien mais ses prunelles parlent pour lui. Je ne saurais décrire se qu'il ressent. La colère... la peine... je ne sais pas.
Honnêtement, j'ai mal aussi. Enfin, ça me fait quelque chose de bizarre. J'ai envie de chialer car j'ai vraiment pensé qu'il allait se passer quelque chose entre nous. Mais Matthew n'est pas la bonne personne... enfin pas pour moi. Et puis, je ne veux pas prendre le risque. Kingston ne me connaît pas et ni mes sombres secrets.
Quand je sors de la petite ruelle, je prends une grande inspiration avant de repartir au travail.
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Amor En El Desierto
RomanceElle, une jeune infirmière dont la vie est importante et qu'il faut la protéger à tout prix. Lui, militaire, prêt à se sacrifier la vie à tout moment. Deux visions de vie complètement différentes et qui séparera sans cesse ces deux personnes malgré...