Chapitre 23

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Avec le calepin coincé entre mon bras et mon torse, j'écris toutes les informations que la pétasse de Ramirez raconte. Elle ausculte Daniel, le militaire qui s'est prise une balle l'autre fois. D'après un coup d'œil, il a l'air d'être beaucoup mieux. Il a un grand sourire scotché sur ses lèvres et il ne cesse de faire des blagues ridicules. C'est rare de voir un militaire faire des blagues... enfin, avec le travail, ils n'ont pas vraiment le temps de rigoler ou de faire rigoler les autres.

— Honnêtement, c'est la première fois que je vois une rousse, dit-il avec humour. Vous êtes Anglaise ?

Je lâche un rire en écrivant les dernières informations. Je regarde Ramirez me lancer un regard de la mort qui tue avant de se tourner vers le patient. Elle, Anglaise ? Je meurs....

— Je suis mexicaine, rectifie-t-elle sèchement.

— Mexicaine ? répète-t-il, songeur. Je ne savais pas que les mexicaines pouvaient être rousse. C'est une combinaison bizarre.

Je n'arrive plus à retenir mon sourire. Ramirez commence à s'énerver. Quand on était amie, je savais qu'elle aimait pas qu'on mettait ses origines sur le tapis. Elle ne ressemble pas vraiment à une latina, si je peux dire. Peau blanche qui n'a jamais reçu de soleil, cheveux de carotte... Mais la chose qui prouve qu'elle est mexicaine, c'est son accent quand elle parle l'anglais.

— Vous devez encore vous reposer, conseille-t-elle. Même si vous arrivez à faire des... blagues sur les roux, vous êtes encore épuisé. Une infirmière viendra vous donner vos médicaments.

Daniel ne dit rien et nous observe avec un rictus. Nous décidons de le laisser tranquille et à peine nous sortons de la chambre, Ramirez m'intercepte.

— Alors Opal, comme ça, on se rapproche du petit militaire ?

Je souffle avec un air agacé. Après tout ce que je lui ai balancé dans la gueule l'autre fois, elle est toujours obstinée à me faire chier !

— Cindy, ça ne te regarde pas. Et puis, tu n'as pas d'autre chose à faire que d'occuper aux affaires qui ne te regarde pas ?

La rouquette me lance un rictus diabolique. Mon Dieu, je pense qu'elle va se venger...

— Tu ne veux pas me dire ? D'accord. Je ferai ma propre petite enquête...

Je lève mes yeux au ciel. Cette discussion commence à m'ennuyer.

— Fais bon te semble, Ramirez, dis-je en tournant les talons.

Je rejoins Ana et Lucy dehors car il est heure de manger. Alors que nous nous dirigeons vers le self, Lucy me demande :

— Pourquoi tu as pris le temps ?

— Ramirez m'a juste embêté sur quelque chose, répondis-je. Elle me fait pitié cette fille.

— Quoi ? Vous êtes encore en colère ? surprend Ana en me faisant les gros yeux.

Je hoche simplement la tête et nous prenons toutes un plateau et de nous servir le repas.

— Mais pourquoi ne pas faire la paix ? Cette tension peut un jour vous porter préjudice au travail...

— Ana, je n'ai pas envie de parler de cette... fille, soupiré-je. Je veux juste profiter de ce bon repas avant de reprendre le boulot.

Alors que nous nous dirigeons vers notre table attribuée, je sens un regard lourd sur moi. Je tourne ma tête et croise le regard brun de Matthew me fixe d'une intensité déconcertante. Je détourne vite la tête et fais comme si que rien ne s'est passé... Mais mon cœur s'emballe. Honnêtement, j'aime sentir son regard sur moi, je me sens admirer et protéger.

Les sujets de discussion partent dans tous les sens autour de notre table. Je mange en écoutant vaguement ce qu'ils disent, mais comme d'habitude, la pétasse de service décide d'ouvrir sa bouche.

— Moi je pense qu'il faudrait renvoyer quelques uns aux États-Unis parce qu'ils ne servent à rien ici, lâche-t-elle en me lançant un lourd regard.

Je prends une grande inspiration et dépose ma fourchette. OK, là elle me fait chier.

Plusieurs personne chuchotent autour de la table.

— Et qu'est-ce qui te fais dire ça, Cindy ?, demande docteur Kang après une bouchée de sa salade.

— Il y a certains et certaines qui flirtent avec les militaires au lieu de faire le taff...

— Cindy, il faut savoir qu'on nous a choisi pour être dans cette équipe bénévole, et même si cela nous plaît, on fait tous notre travail, la coupé-je avec la voix froide. Je n'ai jamais voulu participer à cette équipe, mais je fais quand même mon taff...

— Ton taff ? raille-t-elle. Tu ne crois pas que t'en fais un peu trop ? Toi et ce militaire Kingston, il y a un truc entre vous ! On est ici pour travailler et non pour baiser...

Dans un accès de rage je jette le contenu de mon verre d'eau dans sa direction et mouille son visage. Personne autour de la table dit un mot alors qu'il y a toujours un brouhaha dans le self. Son visage commence à couler alors qu'elle me fixe les grands ouverts. Oui regarde moi bien pendeja !

Cette pétasse m'a trop cherché !

— Ramirez ne fout pas ton horrible nez de gargamelle dans mes affaires, c'est le dernier avertissement que je te donne, la menacé-je avec mon couteau pour le beurre. Ça m'a coupé l'appétit.

Rapidement, je sors du self avec cette envie de toute renverser devant moi. Je suis en colère, triste... Je déteste cette fille ! Pourquoi cette connasse me cherche autant ?!

Je donne un coup de pied dans un caillou et fixe l'horizon avec un certaine mélancolie.

J'ai hâte que ce bénévolat finisse...

Amor En El DesiertoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant