Chapitre 56

420 28 0
                                    


— Opal ! Viens me lisser les cheveux ! vocifère Ofelia avec les cheveux très volumineux.

Flottant sur l'eau de la piscine à l'aide d'un matelas gonflable, je lui montre juste mon troisième doigt avant de ressentir les rayons de soleil qui pénètrent dans ma peau.

Ma mère voulait à tout prix que je me repose et que je profite surtout de mes vacances. Et puis, une ampoule s'est allumée dans ma tête et je me suis souvenue que j'avais une piscine qui nous a coûté une fortune.

— Opal !

— Putain, Ofelia ! Tu as deux putains de mains ! Fais-ça... Aïe !

J'ai fait un mouvement brusque et mon dos me fait mal. Depuis quelques jours j'ai mal au dos. Sûrement parce que je dors le corps moitié avachi au sol et sur le lit...

Je me rallonge tranquillement, en pestant des insultes. Lentement, je tourne ma tête dans la direction d'Ofelia et lui pointe de doigt.

— Tu te débrouilles avec ta crinière ! lui lancé-je sèchement.

Elle pousse un soupir et entre à l'intérieur de la maison.

Lorsque je me dispute avec mon frère ou ma sœur, le lendemain on se reparle comme si rien ne s'était passé. Mais là, ce n'est pas pareil. La pilule n'est pas encore passé. Et puis, j'aime bien la faire tourner en bourrique.

Je reste encore quelques minutes dans la piscine avant de rentrer à l'intérieur de la maison.

Une odeur de brûlée plane dans l'air et je roule des yeux avant d'aller me rincer du chlore. Quelques minutes plus tard, propre, je pars au salon afin de me prélasser un peu mais la sonnette retentit.

— Ofelia ! Ven abrir la puerta !, ( va ouvrir la porte ! )  crié-je en m'asseyant sur le canapé.

Ma connasse de sœur force le volume de sa musique. Satanée de sœur. Agacée, je pars ouvrir la porte mais quand je vois la personne, je la referme.

— Opal ! On doit parler ! crie Halina dans l'autre côté de la porte.

Je lève les yeux au ciel et m'adosse contre le marbre.

Putain, elle veut quoi elle ? Je veux passer une bonne journée et là je vois cette tête à claque de merde... putain !

Je la laisse crier dans le vide et retourne dans ma chambre. Elle va comprendre que tout ce qu'elle fait ne sert à rien et que moi je n'ai pas envie de l'écouter.

Les minutes passent et je n'entends plus aucun bruit. Je lève de mon lit afin d'aller observer si cette pouffiasse est encore là, et plus aucune trace de cette connasse d'Halina.

Je pousse un soupir de soulagement mais quand je me retourne, je retiens vivement de pousser un cri.

Halina devant moi. Dans ma chambre.

Je cligne plusieurs fois mes yeux avant de sentir une irritation.

— QU'est-ce que tu fous ici, pétasse ? crié-je, agacée.

Halina grimace et se rapproche de moi, mais moi je recule. Puis, je prends mon verre vide sur ma table de chevet et lui menace de jeter l'objet sur sa face.

— Opal, tais-toi...

— Que je me calme ? Tu es chez moi et tu veux que je la ferme ? demandé-je offusquée.

Elle lève les bras au ciel comme pour montrer qu'elle vient ici pour la paix. Ça m'étonne que ma sœur m'a attendu gueuler, mais j'ai oublié qu'elle est bouchée partout.

Mais bref, revenons avec cette Halina. Elle me sourit d'un air désolé et je me calme, mais je reste toujours méfiante. J'ai envie de la faire sortir de chez moi en lui tenant les cheveux, mais d'un côté je veux savoir pour quoi elle est là.

— Qu'est-ce que tu veux ?

Je m'assois sur le bord de ma fenêtre.

Halina, comme avant, s'assoit sur mon bureau.

— Te présenter des excuses. Ce que j'ai fait, c'est nul...

Je roule les yeux et ris jaune.

— C'était un coup de pute, et ah oui ! t'es une pute, raillé-je. Tu cachais ton jeu derrière ce petit minois. Franchement, chapeau !

— Opal... j'ai ma version, se plaint-elle.

— Pas la peine de raconter ta merde, Halina. Je ne crois personne. Tout ce quoi toi, Enrique ou encore cette pute de Verena racontez, je ne crois pas, lâché-je sèchement. Dans tous les cas, c'est le passé, on ne peut plus y toucher.

Halina se lève pour se mettre en face de moi à une certaine distance. Ça me fait chier. Vraiment. À quoi sert de remuer le passé ? Rien ne peut changer le passé, les actes, nos choix... rien.

— J'ai fait une connerie, et je suis désolée, Opal. À cause de ma connerie, j'ai perdu ma meilleure amie, et je ne te dis pas à quel point je regrette amèrement mon acte avec Enrique.

— Et tu attends quoi de moi, Halina ? Qu'on redevienne amie ? Qu'on se marre à nouveau ? Qu'on critique les gens qui passent devant nous, comme avant ? Comment je peux faire après ce que tu as fait ? Je ne suis pas une machine où je peux tout effacer, non je suis une putain d'humaine, comme toi. Et tu sais quoi ? Ça m'a brisé mon putain de cœur, à cause de toi j'étais malade, alors dis-moi, dis-moi comment je peux croire à nouveau en une personne qu'on croyait connaître sur les bouts de doigts ?

Halina pince ses lèvres et ses yeux bruns sont embrumés de larmes.

Je calme ma respiration et fixe longuement Halina, en attendant sa réponse.

— Tout oublier, dit-elle.

Je ris froide.

— Oublier ? Malheureusement, je suis rancunière. Je n'oublie rien et je ne pardonne personne. Maintenant, dégage.

Les lèvres d'Halina tremblent et finalement elle part de chez moi.

J'essuie les larmes qui commencent à couler sur mes joues et serre mes bras autour de moi. C'était intense, je suis méchante... vraiment méchante...

Mais je ne regrette pas. Car Halina mérite. On ne trahit pas son amie.

C'est une de pires douleurs émotionnelles que l'homme puisse faire.

Ma porte s'ouvre une seconde fois et cette fois-ci c'est Ofelia avec les cheveux moitié lissés.

— Aller Opal, viens m'aider. Je ferai tout ce que tu veux ensuite, se plaint-t-elle avec une mine d'un chien abattu.

Je me redresse.

Vale.

Amor En El DesiertoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant