Chapitre 32

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Je bondis sur ma chaise et m'accoure rapidement vers la petite en train d'agoniser au sol. Mon cœur prend une allure rapide, mais je tente de me calmer car si je commence à m'angoisser, je ne pourrai pas aider Alexa.

— Qu'est-ce qu'elle a ? s'écrit ma mère, toute aussi inquiète que moi.

Je ne réponds pas et approche mon oreille près de la bouche de la petite fille avant de détecter une respiration sifflante.

— Elle fait une crise d'asthme, chuchoté-je avant de prendre la petite fille entre mes bras et la déposer sur sa chaise.

Mes mains sont tremblantes, mais je sais ce que je dois faire. Le nombre de fois que j'ai aidé un patient quand il faisait une crise d'asthme. C'est devenu automatique.

La foule commence à s'agiter et cela me perturbe trop. Je tente d'ignorer la foule et observe l'assiette d'Alexa avant de siffler une insulte entre mes dents.

— Des cacahuètes... qui a mis des putains de cacahuètes dans son assiettes ? hurlé-je, hors de moi. Vous savez très bien qu'elle est allergique aux cacahuètes !

Plus personnes parlent et me fixent, choqués. Elle est allergique aux cacahuètes, comme moi.

— Ofelia, va prendre un linge mouillé, j'en ai besoin, lui ordonné-je d'une voix sèche.

Pas besoin de me faire répéter une deuxième fois, elle s'éclipse.

Pendant ce temps, je tire la fermeture éclair de sa robe afin de lui aider à mieux respirer  et lui incite de m'imiter.

Inspirer... expirer...

Ma sœur lui tapote légèrement son visage qui est devenu tout rouge et ma cousine me tend les médocs.

Quelques minutes plus tard, Alexa se sent beaucoup mieux, mais fatiguée.

Je lâche un soupir de soulagement et me relève et je vois que toute ma famille ont leur regard viré sur moi.

Quoi ? J'ai un truc sur le visage ?

Je me frotte le bras, gênée.

— Humhum... Oxana, tu peux amener Alexa dans la chambre d'amie, intervient ma mère pour couper ce moment gênant.

Comme si les invités étaient en transe, ils reprennent leur occupation.

Pendant ce temps, je racle ma gorge et je pars à la cuisine pour me rincer les mains. Ça m'a littéralement coupé l'appétit.

— Qu'est-ce que c'était ?

Je sursaute et me tourne sur moi-même. Matthew observe ma réaction et s'adosse contre le mur.

— J'ai fait mon job, dis-je d'une voix peu assurée.

— Oui mais, tu faisais autre chose. Enfin, tu parlais plutôt à toi-même...

— Kingston, je n'ai pas envie de parler de ça.

Ma voix se fait catégorique et je me sers un verre de champagne avant de le boire d'une traite. Finalement, ce Noël n'est pas parfait. Je déteste le Costa-Rica.

— Tu sais ce que je veux comme cadeau ? Un aller pour les États-Unis ! craché-je sèchement. Je sens que je vais exploser d'une minute à l'autre ! J'ai besoin de me barrer d'ici... Le Costa Rica... J'aime pas ce pays.

Je lâche un rire froid et détourne les yeux. Ça y est, je pense qu'il me croit folle. Je préférerais mille fois passer mon Noël dans mon petit appart' à New-York ou soit à la l'hôpital.

— Alexa, cette maison, ce quartier, ça me fait rappeler à beaucoup de chose que j'essaie de renier. Mais dis-moi, Kingston, dis-moi comment je peux effacer ces souvenirs si je reviens là où tout à commencer ? Là, où mon malheur a commencé ?

— Opal, on peut pas les renier, soupire-t-il en s'approchant de moi. Mais on peut tourner la page.

Il caresse ma joue d'une lenteur agréable. Mais n'empêche, je ne suis plus d'humeur. Je veux être dans mon lit.

— J'ai besoin de me reposer, Matthew...

— Attends quelques instants, me coupe-t-il d'une voix douce. Les feux d'artifices vont commencer.

Je pousse un long soupir.

— Vraiment, je peux m'en passer de ces foutues feux d'artifices. Je vais aller me reposer.

Je le contourne rapidement et m'apprête à monter les escaliers, mais cette fois-ci c'est ma sœur qui me coupe dans mon élan. Je siffle une insulte entre mes dents. Bon sang, qu'est-ce qu'ils ont à la fin ?

— Eh bien, je pense qu'il y a une qui n'aime pas du tout l'esprit de Noël ! s'exclame-t-elle en levant les mains au ciel.

Je prends un air blasé.

— Qu'est-ce que tu veux ?

— Euh... Je voulais savoir si tu viens avec nous pour voir les...

— Non, je suis fatiguée, la coupé-je, épuisée. Combien de fois je vais dire ça !

Ofelia lève les yeux.

— Vas-y, détends ton string ! souffle-t-elle.

Elle part et je monte enfin à l'étage. Je vois Sélène sortir de la salle de bain, avec les yeux rouges. Putain !

Je fais comme si je ne l'ai pas vu, mais c'est plus fort que moi. Je me retourne et l'interpelle.

C'est ma future belle-sœur, après tout, et je dois l'aider. Et puis, ma mère n'a pas parti de la main forte. La pauvre Sélène, elle doit être certainement gênée.

— Sélène, ça ne sert à rien de pleurer, dis-je d'une voix neutre.

La blonde esquisse un sourire et renifle.

— Je n'ai pas pleuré...

— Menteuse, soufflé-je. Écoute, ne le prends pas mal, mais notre mère est très stricte sur sa future belle-fille et gendres...

— Mais je me suis fait quand même humiliée, chuchote-t-elle d'une voix triste.

Je dépose ma main sur son épaule pour la réconforter.

— Entre nous, ma mère peut être chiante et conne, lui avoué-je avec un sourire complice. Mais tu dois garder la tête sur les épaules quand tu vas passer l'interrogation.

Elle rigole avec sans joie.

— Elle m'aime pas !

— Tant que tu n'es pas Colombienne et tu sais au moins comprendre l'espagnol, tu seras acceptée dans la famille. J'ai hâte quand tu seras définitivement dans la famille, on va bien s'entendre !

Nous rigolons tous les deux. Mission réussie ! J'ai changé son humeur !

Elle redresse ses cheveux tout en me lançant un regard complice.

— Aller viens, on va rater les feux d'artifices !

Je soupire.

Finalement, tout le monde tient vraiment que j'assiste à ces feux d'artifices !

Je hoche la tête et la suit.

Amor En El DesiertoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant