Chapitre 27

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— Opal, y'a ton frère ! me prévient Ana.

J'arrête de soigner Daniel, surprise. Finalement, il a pas oublié qu'il a une sœur, ce gros con !

J'ai attendu depuis hier matin sa visite, mais le travail passe avant tout, bien sûr ! C'est qu'à partir de 14h00 il s'en rappel qu'il a une sœur, cet enfoiré !

Ruminée, je termine le bandage de Daniel, sous son regard interrogateur.

— Qu'est-ce qu'il y a Daniel ?

— Vous n'avez pas l'air d'être contente...

— Contente ? J'ai attendu la visite d'Owen depuis hier aprem ! Mais comme vous le savez, le travail passe avant sa famille ! Je déteste ça ! sifflé-je en enlevant mes gants.

Daniel me fixe avec les gros yeux et je décide de me calmer. Opal, tu es sur ton lieu de travail... C'est la première fois que je laisse mes sentiments de se manifester au travail... Non seulement ce métier me stresse beaucoup, mais avoir un frère qui a rien à foutre de sa frangine... Arr !

— Excusez-moi, dis-je une voix plus douce. Je vais vous laisser reposer tandis que moi... je vais voir mon super grand frère...

Cábron de hermano !

Je rejoins les autres dans le hall et découvre mon frère en train d'épauler un de ses acolytes avec le nez en sang. Mais lui... je l'ai déjà soigné auparavant !

Oui le gars qui a perdu la bagarre avec les racailles du quartier !

— Frangine, tu t'en rappelles du petit Thomas ? s'exclame mon frère. Il s'est explosé le nez en courant, alors si tu veux bien...

— Je vais le soigner, répond à ma place Lucy. Enfin, si cela ne dérange pas Opal.

Je secoue ma tête. J'en ai marre de soigner les autres depuis ce matin ! Alors si Lucy prend ma place, je ne refuse pas !

Je vois Matthew derrière mon frère et il croise mon regard. Il me lance un léger sourire, ce qui me fait rougir. Je détourne les yeux. Je repense à tout ce qui s'est passé à la veille...

Lucy fait signe au militaire de le suivre. Owen se dirige à grand pas vers moi avec un sourire. De suite, je détecte une horrible odeur. Pas seulement la transpiration, mais de l'alcool...

L'alcool.

Mon frère vient-il de boire ?

— Hermana, tout à l'heure rejoins-moi. On doit parler, chuchote-t-il, content. Vers 18h00, vale ?

Je veux bien le rembarrer, mais une curiosité commence à me troubler. Je veux savoir pourquoi il boit ? Qu'est-ce qu'il le force pour boire ?

Vale.

Il m'ébouriffe les cheveux et sort de la mini-clinique avec Kingston sur ses pas. Quelques secondes, mon téléphone vibre dans ma poche. Perdue, je le prends et je remarque que j'ai reçu un message de Matthew :

De Kingston, 14:10 :

Rejoins-moi dans trente minutes, derrière le terrain.

Un sourire épanoui plane sur mon visage et je le réponds avant de retrouver mon sérieux. Ah oui, Owen !

Rapidement, je cherche docteur Kang et lui demande les analyses de sang ! L'autre fois on a prélevé le sang de tous les militaires et je n'ai toujours pas consulté les analyses !

Quelques minutes plus tard, les analyses sont entre mes mains. Mes yeux parcourent la liste, mais je ne trouve pas son prénom... Après, je m'en rappelle il n'était pas là ce jour-là, mais quand je l'ai vu, je lui ai averti d'aller faire sa prise de sang. Il n'a jamais fait sa prise, en fait...

Et puis, je m'en rappelle ce jour-là quand je l'ai revu, il était différent... plus enthousiaste. Et surtout, il schlingué le whisky.

Dans tous les cas, je dois savoir ce qu'il cloche chez lui.

*

Avec Matthew, nous parlons de tout et de rien. Il me raconte de temps en temps son passé sans pour autant de rentrer dans les détails. D'après ce que j'ai entendu avec les autres militaires, c'est rare que Kingston raconte son passé. Mais on dirait avec moi, il fait l'effort et je le remercie énormément.

Je m'assois sur un petit banc en observant les soldats jouer une partie de basket.

— Pourquoi tu as quitté la Costa Rica ? Je pense pas que tu n'as pas la même justification de celui de ton frère, dit-il en prenant place à côté de moi.

Mon sourire se dissipe sur mes lèvres alors que des mauvais souvenirs me reviennent en mémoire. Je ne peux pas tout lui dire... non. Ne vaut pas lui dire.

— Nouvelle vie, soufflé-je. J'ai eu tellement d'emmerdes à Costa Rica et je me suis promise de ne plus poser mes pieds là-bas.

— Et ta mère et ta sœur ? insiste-t-il.

Je le regarde dans le coin de l'œil.

— Elles ont décidé de rester là-bas, dans ce pays. Comme tout les autres latinos, j'avais un rêve américain et ce rêve en question, c'était de terminer mes études d'infirmière et tourner la page.

Un silence plane entre nous et discrètement, il prend ma main. Je me retiens de sourire et je baisse mon regard. Ça me fait rappeler quand j'étais adolescente avec mes petits-copains...

— Tu sais, étant donné que bientôt c'est Noël, le Colonel nous autorise de retourner aux States pour trois semaines, annonce-t-il.

Rapidement, je l'observe avec les grands yeux.

— Sérieusement ? Et quand on peut retourner ?

Il hausse les épaules.

— Sûrement la semaine pro, qui sait ? J'ai l'impression que cette nouvelle te réjouis.

Je lâche un petit rire.

— Bien sûr ! Je vais revoir ma famille et mon petit chat ! Je ne me voyais pas passer les fêtes de fin d'année ici !

Un soldat nous interrompt. Rapidement, je détache ma main avec celle de Matthew. Le militaire fait un signe à Kingston.

— Le Capitaine Lopez, vous demande. La troupe C est enfin arrivée, annonce le militaire.

La troupe C ? 

Amor En El DesiertoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant