Il me projette violement contre la table en inox et me fusille du regard. C'est ma taille qui a tout pris, ça fait un mal de chien !
Je peux savoir ce que tu faisais dans ma chambre.
Je rêve ! Non mais il va bien lui ?! Il commence à me courir avec ses sautes d'humeur.
Déjà, je ne suis pas rentré dans ta piaule ! Ensuite, je suis venu t'apporter à bouffer, tu en as peut être rien à foutre que l'équipage saute des repas à cause de ton sale caractère mais ce n'est pas mon cas ! Alors maintenant tu vas te calmer et me laisser faire mon boulot !
Il est encore plus pâle qu'avant, il ne bouge pas, sauf une veine sur sa tempe qui bat au rythme de son pouls, et il est rapide. Je sens juste sa main me prendre à la gorge. Ses yeux sont vraiment noirs et je suis plus vraiment sûre que les yeux qui lancent des éclairs soient une simple métaphore. Je sens mes pieds quitter le sol et des points noirs gênent ma vision.
Pour qui est-ce que tu te prends ?
Sa voix est étouffée par sa rage. Je crois qu'il est impératif que j'apprenne à me taire. Mais alors vite. Ma vie en dépendra dans pas longtemps. Je sens la table en métal derrière moi, je m'accroche au bord et tente de trouver quelque chose pour me défendre. Je sens un scalpel sous ma main. Je l'agrippe fermement, je n'ai qu'une seule chance de me dégager. Je tends la lame devant moi et la plante là où je peux. J'entends bien un grognement de douleur et je tombe par terre. Il n'y est pas allé de main morte, je vais sûrement avoir la marque de sa main sur mon cou. Je tente d'aller vers la porte, rien à faire, ma tête tourne trop et je panique totalement. Ce type a essayé de me tuer ! Je rampe péniblement vers la porte mais visiblement, je ne suis pas faite pour tuer des gens. Il m'attrape par les cheveux et me renvoie au milieu de la pièce.
Tu penses que je suis un monstre ? Que je laisse mon équipage se tuer à la tâche, que je suis indigne d'être capitaine ?
Il est hors de contrôle. Je ne peux rien faire pour me défendre. Ma grand-mère que j'ai toujours beaucoup admiré m'a aussi dit que la meilleure défense, c'est l'attaque et la vérité. Je me relève péniblement malgré le vertige qui me prends et lui fait face.
Exactement ! Tel que tu es maintenant, tu n'es qu'un psychopathe et un malade mental. Qu'est-ce qui te prends, hein ? Tu l'as mauvaise ? Monsieur n'a pas pu prévoir tous les menus détails ? C'est aussi à ça que sert un équipage. Sans eux t'es qu'une merde ! Alors maintenant tu vas me laisser sortir et me foutre une paix royale jusqu'à demain. Si tu as faim, il y un frigo et des casseroles. Si tu as soif, il y a des bouteilles d'eau dans la porte du frigo. Et si tu as envie de torturer quelqu'un, tu n'as qu'à te scarifier et nous laisser tranquille. Tu n'es vraiment qu'un sale con Trafalgar.
Je sors en claquant la porte. Je descends péniblement l'escalier et m'allonge sur ma couchette. Je plonge mon visage dans mon oreiller et hurle toute les horreurs que j'ai sur le cœur, tout ce que je n'arrive pas à exprimer autrement. Au bout d'un moment, je commence à me calmer. Ma voix est un peu éraillée et je me sens fatiguée mais je me sens un peu mieux. Je me lève, prends mes affaires dans mon casier et part prendre une longue douche chaude. J'ai mal à la gorge, il a vraiment de la force pour m'avoir soulevé d'une main sans effort apparent.
Je me laisse glisser sur le carrelage de la douche, être encore habillée ne m'importe pas plus que ça. Je retire ma chemise et mon short je les pose sur le carrelage. Je me savonne et me relave les cheveux. Comme si ça pouvait effacer ce que je viens de vivre. Ce type est taré, totalement dingue.
Je ne suis pas du genre à pleurer, ou du moins il m'en faut beaucoup. Je tremble encore, je crois que je ne suis pas loin de ma limite. J'enfile une leggins grise et une robe au haut gris très cintrée et à la jupe noire au-dessus du genou. J'enfile mes espadrilles noires et monte à la cuisine. Je mets de la musique, met mon tablier et commence à sortir les concombres du frigo. Les pauvres gars vont devoir s'habituer aux légumes, je leur en fais presque tous les jours. Je mixe mes concombres avec du yaourt et du citron, j'assaisonne et met un peu de paprika. Je laisse tout ça dans le blender que je mets au frigo. Je me demande soudainement si Law a déjà jeté des morceaux de personnes dans le blender. Je grimace à cette idée en me retenant de rire. Je suis tout bonnement affreuse ! Je sors ma viande, un bon jambon blanc, j'en tranche douze parts et pense à mes prochain repas. Je pourrais presque leur faire un jambon sauce madère après-demain. Bref, je verrais ça après le repas. Je vérifie dans le frigo ce qu'il me reste et en sort des courgettes et des carottes, je sors aussi des steaks que je jette dans une poêle. J'épluche mes légumes et les passe à la mandoline pour obtenir des tagliatelles de légumes. Je jette tout ça dans le wok avec un peu de sauce soja et laisse cuire. L'heure de manger approche et par chance je ne suis pas trop en retard niveau cuisson. Je sors les assiettes et les verres que je pose en tas sur la table, je rajoute les couverts et plusieurs bouteilles d'eau. Je me dépêche de mettre la table et ajoute des dessous de plat. Je retourne dans ma cuisine trancher mon pain et en profite même pour me couper. Mais quelle nulle ! Ça fait super mal ! Je ne trouve pas de pansement et met du sang partout. Je suis bonne pour tout re-nettoyer ce soir. Je descends à l'infirmerie en enveloppant ma main dans un torchon et finit par la trouver au bout de dix minutes de recherches, je me suis encore trompé d'étage (de pont, pardon). Les deux infirmiers m'accueillent avec le sourire, visiblement, ils sont en train de faire l'inventaire. Le plus grand me soigne rapidement et me demande si le repas est prêt. Oui, tout est prêt, ne vous en faites pas, vous allez manger bande d'estomac à jambes.
Je me dépêche de remonter et de finir de couper mon pain. Je jette les morceaux dans un saladier et le pose sur la table. Je vais chercher ma soupe de concombre et mon jambon. Je rajoute à la table un bol avec du citron coupé pour relever la souper de concombre et les légumes et prends dix secondes pour souffler. Je les entends déjà se bousculer pour entrer dans la cuisine. Je m'écarte de la porte et les vois entrer en trombe, et c'est Sachi qui remporte le rallye bouffe, suivi de très près par son coéquipier de l'écurie salle des machines Penguin ! En seconde position Wakame de l'écurie salle des contrôles puis vient l'écurie Infirmerie puis Gyn puis le second Bepo et enfin, avec une motivation digne de la SNCF les jours de grève, le capitaine !
Je sers tout le monde en soupe malgré leurs regards circonspect. J'oublie au passage le capitaine qui hausse un sourcil. Je m'assieds et commence à manger. Le capitaine se racle la gorge avec un regard étrange. Je souffle en tentant de garder un ton calme.
Tu as des mains, non ?
Je sens les regards se tourner vers moi et je les ignore superbement. Je fais de même pour le plat principal, je sers tout le monde et zappe le capitaine. Je sens bien que son regard se fait de plus en plus orageux. Il ouvre à peine la bouche que je le coupe.
Ah c'est vrai, toi.
Je tourne les talons et vais directement dans le congélateur. J'attrape un steak encore congelé et le balance dans son assiette.
Comme je te l'ai dit un peu plus tôt aujourd'hui. Si tu as faim, Ya des casseroles et un frigo.
Et je me rassois dans un silence de mort. Le capitaine se lève et quitte la table. Il sort de la pièce et retourne dans sa cabine. Personne n'a encore parlé. Seul Bepo me regarde d'un air réprobateur.
Tu n'aurais pas dû. C'est le capitaine.
Capitaine ou pas, c'est un malade.
Je sens tout le monde se crisper.
Arrête Alexis !
J'ai mes raisons. Alors maintenant, vous finissez de manger et vous nettoierez la table. Moi je vais me coucher.
Je les laisse en plan et sors de la salle. Je n'aime pas trop ce que je fais mais c'est peut-être ce qu'il y a de mieux à faire. Tenir tête au capitaine encore un peu.
VOUS LISEZ
Jaleckxis.
FanfictionJe m'appelle Alexis, j'ai dix-sept ans, je suis une fille indépendante, audacieuse, inconsciente, désagréable, passablement insolente et j'en suis fière. Comment je me suis retrouvée sur ce p***** de sous marin, j'en sais rien. Je me rappelle juste...