Jaleckxis.

12- Bip...

Bip...

Bip... Bip...

Bip... Bip... Bip...

Bip... Bip... Bip... Bip...

Je commence à me réveiller. Je grogne un peu avant d'ouvrir les yeux. Je suis allongée sur le ventre. Il y a une pince sur mon doigt, et un masque sur mon nez. Le bruit de ma respiration est désagréable, le grondement de la bouteille aussi. Et ce fichu Bip. Je n'arrive pas à bouger tellement je suis vannée. Je ne mets pas plus de quelques secondes avant de replonger dans les limbes.

Bip...

Bip... Bip....

Je me réveille avec sursaut sous le coup de la douleur. J'ai mal à la tête, à la gorge tellement elle est sèche. J'ai mal au ventre et au dos, surtout au dos. J'ai mal dans les jambes et aux épaules, je suis ankylosée. Et pire, j'ai mal dans la poitrine.

J'essaye de me tourner mais la douleur qui s'en suit m'arrache un pénible gémissement. J'ai l'impression que la peau de mon dos s'arrache de mes os. En fait, ce serait plutôt un hurlement. J'essaye d'enlever mon masque, c'est difficile, mes membres ne répondent pas vraiment. A force de gestes imprécis, je réussis à le décaler sur ma joue. La pince m'énerve, je secoue la main jusqu'à ce qu'elle tombe. Le sale bip se transforme alors en Bip continu.

BIIIIIIIIIIP.

Je râle intérieurement et tente de bouger sans succès. J'entends le bruit de la porte et les voix des infirmiers. Kea et Ishi, les deux infirmiers se retrouvent bientôt à côté de mon lit mais hors de ma vue.

- Ne me dis pas qu'elle fait à nouveau un arrêt cardiaque, on a eu du mal à la réanimer la première fois.

- Je pensais aussi que son état était stable.

Ils attrapent la pince avec un air soulagé. J'émets un grognement qui tient plus du pitoyable croassement. Ishi se dépêche de se mettre à mon niveau.

- Salut. Tu te sens comment.

- Debout.

Je ne suis même pas capable de faire une phrase.

- Attends un peu, on va t'aider, tu dois absolument te ménager.

- Quoi... passé ?

Kea me prend dans ses bras malgré la grimace que ça me tire et m'aide à me tourner. Pourtant il m'interdit de me coucher sur le dos. Il me tient par les épaules et la taille. J'ai la tête qui tourne. Ishi a amené le lit de convalescence, beaucoup plus confortable que la table d'opération.

- Tu te sens de bouger ?

Je secoue la tête par la négative. A deux, ils me prennent sous les jambes et les bras pour m'asseoir près du dossier. Kea ajuste les coussins autour de mon dos pour que rien ne touche ma blessure. Il me remet le masque en m'interdisant de l'enlever et fait de même pour la pince.

- Dors, tu as besoin de récupérer.

Je remarque la perfusion et le produit qu'Ishi injecte dedans.

- C'est un anti douleur. Ne t'en fais pas.

Je grogne avant de replonger à nouveau dans les limbes.

Quand je me réveille à nouveau, le bip, eh bien, il bip toujours et aussi surprenant que ça puisse paraître, Kea et Sachi dorment chacun d'un côté du lit, la tête sur la couverture. Je bouge doucement les mains et les pose sur leurs joues. Ils se réveillent tous les deux en sursaut avec un drôle de regard. Je leur souris et tente de me redresser. Sachi m'aide rapidement à m'asseoir.

- Comment tu te sens ?

- J'ai soif, mal au dos, et j'ai l'impression de m'être reçu le sous-marin sur le coin du nez.

Les deux garçons sourient et m'aident à boire dans la bouteille à côté de mon lit.

- Tu te rappelles de ce qu'il s'est passé ? Demande Sachi en se rapprochant doucement.

Je secoue la tête de haut en bas, puis de gauche à droite.

- Un peu, vaguement. J'ai des doutes.

- Raconte-nous. M'ordonne Kea avec douceur.

Je soupire et commence à rassembler mes souvenirs.

- Je me souviens que Law était en colère. Il avait les dents bleues. Il m'a frappée et puis c'est le trou noir.

Kea soupire.

- Tu as fait... Un arrêt cardiaque. Le capitaine était tellement furieux contre toi qu'il t'a battue. Et lorsque il t'a lâchée, tu ne répondais plus du tout. On s'est empressés de te réanimer mais on a eu du mal. Tu as reçu un sacré paquet de coups... Tu es restée dans les vapes une semaine, et nous avons décidé de te garder une semaine supplémentaire dans cet état.

J'essaye de cacher ma peine. Je me décide après quelques secondes de me poser les questions les plus importantes.

- Combien et quoi ? Et combien de temps pour m'en remettre ?

- Tu as une brulure dans le dos, elle n'est plus aussi grave que les premiers jours. D'ici une semaine tu devrais pouvoir bouger un peu mieux. Plusieurs hématomes, une contusion cérébrale mais sans autre dommage. Des bleus et des bosses, une côte fêlée et quelques déchirures intercostales.

Je soupire.

- Ça fait beaucoup.

- Ouais, mais tu vas être soulagée de savoir qu'en deux semaine, tu as retrouvé un visage sans bleus.

Je souris malgré ma tête de zombie. Je suis démolie de partout mais au moins j'ai plus une sale tête.

- Je peux me lever ?

- Non, pas encore. Me dit Kea en posant la main sur mon épaule. Tu es encore sous l'effet de l'anesthésie.

- Ah, c'est pour ça que je suis autant dans le pâté ?

- Ouais, par contre on va avoir un problème.

Je me redresse malgré mon dos douloureux.

- Lequel.

- On t'a lavée au gant pendant ta sieste mais...

- Je sais je suis crade.

- Heu, ce n'est pas ça en fait.

Il se lève et attrape un miroir sur la paillasse. Lorsqu'il me tend l'objet, je comprends comment j'ai pu être si légère. Déjà je suis en sous-vêtements... Ce qui est très digne de ma part... Et là, je remarque ma tête...

- Qui ?

- Je suis désolé ? répond Kea.

- Ce n'est pas toi !? Non. Non... P****.

Je me rallonge péniblement en chien de fusil.