Jaleckxis.

19- Souvenirs

On se retrouve tous sur la plage. Le capitaine à l'air de meilleure humeur et tout le monde à l'air joyeux. En même temps arriver avec deux packs de binouze, c'est s'assurer la sympathie de mon équipage.

On s'est installés sur le sable et des nappes ramenées par les autres membres d'équipage. Penguin a dû les prévenir par denden-mushi.

Les garçons m'ont complimenté sur mon maillot deux pièce. Je l'ai enfilé pour faire plaisir à mes deux acolytes qui me l'ont offert. J'ai aussi trouvé un paréo beige en crochet dans la boutique dont m'a fait cadeau le vendeur. Je l'ai attaché autour de mes hanches et j'ai rangé mes vêtements dans mon sac avec mes achats.

Des danseuses et danseurs font une sorte de tamouré derrière nous. Je me lève pour essayer de reproduire leurs pas avec Kae. C'est catastrophique. Je n'arrive pas à faire leur déhanché trop stylé quant au haka de Kae... C'est original. Et pas effrayant pour trois sous. On se rassieds et on profite du pique-nique improvisé en se racontant nos vies. Et nos plus grands moments de solitude.

Sachi raconte l'une de ses aventures d'un soir. Il a été surpris par la matrone de la maison qui l'avait menacé d'un balai et d'un fusil pour l'avoir trouvé dans le lit de sa fille aîné. C'est le service trois-pièces à l'air, ses vêtements dans une main et ses chaussures et sa casquette dans l'autre qu'il avait été contraint d'évacuer la chambre. Une fois seul avec la dame, d'un certain âge déjà, et plus de première fraîcheur, celle-ci s'était jetée sur lui en lui murmurant des propositions malhonnêtes.

Il avoua avoir fui la maison comme un vilain en se jurant de ne plus jamais se faire avoir de la sorte. Il s'était retrouvé au port, en caleçon et casquette, sans combinaison, sans chaussures et avec des traces de rouge à lèvre un peu partout sur le visage et le torse. Et traumatisé par les vieilles dames entreprenantes.

L'équipage se tord de rire en imaginant la scène. Je m'étouffe avec mon sandwich et éclate de rire. Même le capitaine à les yeux qui pétillent.

Penguin raconte la fois où il a voulu demander en mariage une fille de sa ville d'origine. Elle était très belle, jeune et amoureuse. Lui aussi. Bien que les garçons ait émis quelques doutes sur le beau. Il avait acheté une bague en toc en attendant de pouvoir en acheter une vraie. Il avait mis toutes ses économies dans ce projet. Il s'était présenté devant la maison de sa belle endimanché comme jamais, coiffé et dents brossées. La boite de la bague dans la main, une bouteille de bon vin et une boite de chocolats dans l'autre.

La porte s'était ouverte sur le père de cette fameuse Laudia. Il l'avait toisé de haut en bas et à peine Penguin avait ouvert le bec qu'il l'avait attrapé par le col, retourné et propulsé de l'autre côté de la rue d'un formidable coup de pied au derrière, tout en lui postillonnant dessus que « JAMAIS SA PRINCESSE N'ÉPOUSERAIS CE MALOTRU ». Le tout accompagné de nombreuses injures et menaces de mort. Il s'était senti particulièrement stupide, avait sifflé la bouteille avec un parfait inconnu en caleçon dans le port. Ils avaient donné les chocolats à des courtisanes qui passaient et il avait donné la bague à une petite fille.

Kae lui avait fait tout son stage d'infirmerie en gériatrie. Depuis, il espérait mourir jeune pour ne jamais avoir à revivre les moments de solitude vécu là-bas. Entre les vieux qui s'échangeait des messages coquin et s'en servait de martin facteur en lui chuchotant le contenu à l'oreille et les soins... Il a eu son compte.

Ishi nous raconte son tout premier rendez-vous amoureux. La jeune fille avait déjà un petit-ami qui avait surpris nos deux amoureux d'alors neuf et dix ans. Ishi s'en était sorti avec deux côtes cassées et le nez en compote. Il frotte d'ailleurs la bosse sur son nez avec un air nostalgique.

Wakame qui se moque de nous depuis tout à l'heure partage à son tour son histoire la plus drôle. On se fiche de lui à notre tour et puis vient mon tour. Je soupire longuement et détourne l'attention en me tournant vers Bepo. Celui-ci nous avoue avoir déjà essayé auprès d'une oursonne qui lui plaisait mais qu'elle n'avait pas voulu de lui.