37- Dossiers

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Une fois la tempête passée, il faut ranger, nettoyer, et réparer. L'une des voiles est morte, il faut donc aller chercher l'une de celles de rechange à la cale. Les gabiers descendent la voile en moins de temps qu'il ne me faut pour piger comment défaire un nœud. Puis ils montent et fixent la nouvelle voile. Nous, les commis, avons la tâche de faire sécher l'ancienne voile sur le caillebotis. Il faut qu'elle soit bien sèche avant d'être pliée afin de pouvoir être stockée sans risque de moisissure. Comme les tentes de camping et les tenues de plongée quoi. On étend et on fixe avec des cordes (bouts) au bastingage.

Le vent s'engouffre sous la toile assez lourde comme ça et le bout m'échappe, me brûlant les mains au passage. Je râle et rattrape la corde bien énervée. J'en ai marre de me faire attaquer par le moindre objet inanimé. Si ça continue, je suis partie pour mourir d'une chute de noix de coco sur une île moisie, déserte et entièrement dépourvue de danger. A part ce maudit cocotier.

Plusieurs hommes sont venus me taper dans le dos. Ils ont fait pareil avec tous ceux qui ont joué lors de la tempête. Malgré l'horrible sonate de la discordance et le requiem de fausses notes que je leur ai servi ils sont contents.

Une fois la voile pliée, ce qui a pris une heure, on doit tous s'attaquer au lessivage du pont. Je cours chercher les écouteurs et ma musique. Je déteste déjà passer la serpillère alors sans musique. En plus, là, le pont, on doit le frotter en mode Cendrillon et avec le sourire ! Merci le gitan.

Je laisse ma playlist tourner. En même temps, vu la taille du pont, j'ai de la chance si je ne vois pas repasser des chansons. Jack m'envie donc quitte son poste quelques minutes pour attraper son dial. Il lance sa musique à lui qu'il a sauvegardé de la même manière. Je continue d'écouter ma musique tranquille. Je pleure intérieurement parce que mes brûlures aux mains n'aiment pas le savon. Je suis définitivement une chochotte.

Quand on arrive à la barre Shanks me lance un truc, mais avec mes champignons dans les oreilles, je n'entends rien. Je lui fais un sourire en mode « Ouais c'est ça ». Je commence à frotter et chante sur la musique dans ma tête. C'est un plaisir coupable celle-là, ce qui explique que je l'ai remise en boucle. Principalement parce que c'est Jeff qui chante en duo avec Jack et que c'était lui qui jouait.

- Gitano, El color de mi pelo. Gitano, el Red Force, mon bateau. Gitano, el color de mon drapeau. Gitano, mi tripulaçion, mi potos.Gitano !

- C'est de la musique, du rhum sans fin. Les mots chaleureux des copains. Le respect et les liens. C'est mon Haki croisant le tien, et toi qui tombe au milieu du chemin ! Et soudain je deviens, un empereur, un rouquin. Mon épée, mes savates. Color Gitano.

- L'aventure, mon bonheur, Le Red force, Ma rousseur ! Color Gitano ! Gitano ! Un rouquin et un bateau ! Gitano, Empereur à tous niveaux ! Gitano ! La marine pleure quand j'arrive. Gitano. J'ai pas d'âme mais des potos!

C'est là que je me fais la réflexion que mon frère est bon parolier, mais qu'il aurait pu faire un effort sur les rimes. Je lève la tête vers lui et le voit en train de chanter. Et Shanks me regarder avec une tête d'incompréhension totale. J'enlève mes écouteurs et voit Ben mort de rire.

- Je ne chantais pas dans ma tête... C'est ça ?

Lucky hoche la tête avant de partir dans un fou-rire. Je n'ai pas de face je m'en fous. Je pointe du doigt Jack et je l'accuse d'avoir écrit et chanté cette chanson. Il m'insulte rapidement à voix basse et en signes. Pleureuse va. Il devrait être fier de sa chanson. C'est un génie de la parodie. 

- Ce n'est pas une raison, toi tu vas partir mais moi c'est mon équipage. Tu pourrais arrêter de me mettre la honte ?

- La vrai honte c'est le rap de Ryo. Je suis toute la plage et toi un grain de sable... Je chantonne. 

Jaleckxis.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant