46. Conscience de soi

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Le vent était le seul à faire du bruit face au silence des deux jeunes filles. Toutes les deux regardaient le ciel qui noircissait à vue d'œil. Lucie ferma les yeux et se tourna pour éviter de croiser son regard. Elle n'était pas prête à faire un pas en avant et Tima l'avait bien compris. Toutefois, la sœur de Manil ne dégageait pas de la rancune comme habituellement. Son corps tremblait, puis se recroquevilla signifiant un rejet. Ce dernier l'attristait comme à chaque fois que l'assassin voulait crever l'abcès, cependant toutes les fois où elle l'avait fait, cela lui avait coûté des remarques cinglantes. Un petit soupir lui échappa comme pour signifiait qu'elle en avait assez de faire des efforts et que cela n'aille que dans un sens.

- Ecoute. Pour la dernière fois, je te répète que je suis désolée mais comme je te l'ai dit, à cette époque j'étais assoiffée de sang cependant ce n'était pas vraiment moi donc je ne dirais pas que je suis blanche comme neige dans cette affaire simplement, j'espère qu'un jour tu sauras reconnaître que j'ai changé et que mes agissements ont cessé malgré l'incident avec Justine.

Toujours de dos, le Quartz Rose entendit ces paroles et les digéra. Pourtant aucun mot de voulu sortir de sa bouche. Ses mains prirent une poignée d'herbes afin de les serrer vigoureusement. Sa mémoire faisait défiler ce souvenir qui la hantait jour et nuit : le corps de son amie qui se noie sous ses yeux. Inconsciemment, l'adolescente mettait la faute sur le Saphir car c'était la fautive du crime, toutefois une partie d'elle s'en voulait de n'avoir pas agi en dépit de son jeune âge. De même quand les deux adolescentes s'étaient retrouvées, la sœur de Manil était consciente qu'elle était « dangereuse » néanmoins elle n'avait même pas prévenu son amie. Face à une absence de réponse, la jeune fille décida de partir rejoindre les autres laissant Lucie en plein tourment.

C'est toujours plus simple d'accuser les autres que de se remettre en question.

Pourquoi c'est si dur de reconnaître ses propres torts tout en s'excusant ? Elle arrive à admettre qu'une partie de sa vie a été dure et à ne pas avoir honte de le dire. Comment réussit-elle à tenir le choc alors que moi... Après la mort de Charlotte, je ne trouvais plus de sens à ma vie. Mes parents ne faisaient pas attention à leur fille, je vivais dans les cris, les insultes, la violence. J'étais destinée à rester ainsi pour le restant de ma vie... C'est à ce moment que mon frère me présenta à Mithme, j'avais alors dix ans. Pendant ces deux ans, le seul qui me maintenait en vie était Manil qui m'écrivait des lettres presque tous les jours. Plus rien ne comptait à mes yeux et sans ça, j'aurai mis fin à mes jours... Je suis peut-être faible au niveau du mental ou psychologiquement.

Une main la secoua doucement ce qui la sortie de ses songes.

- Pardon je ne voulais pas te faire peur, c'est juste qu'on a tous fini et comme tu n'avais pas l'air de m'entendre, j'ai préféré t'avertir, lui indiqua Aliya pleine d'égratignures.

- Ce n'est pas grave, tu as bien fait.

Lucie voyait bien que l'Améthyste se retenait de poser une question à la vue de sa gêne apparente. La connaissant, elle se doutait du sujet.

- On s'est affronté violemment, va savoir pourquoi Rutio ne nous a pas interrompus. Qu'importe les attaques que je faisais je n'ai pas réussi à prendre le dessus et vice-versa. Au bout d'un certain temps, il a décidé de nous stopper jugeant que ce que l'on faisait ne nous mènerait nulle part.

- Il n'a pas tort d'un côté. Vous êtes déjà suffisamment expérimentée et le fait que vous vous affrontiez ne va servir qu'à remuer le couteau dans la plaie, affirma l'adolescente avec un léger ton peiné sur ses derniers mots.

Son expression changea pour devenir plus grave. Les propos de Rutio la concernant lui revinrent en mémoire. Ses poings se contractèrent et après plusieurs minutes de silence, elle se décida à parler.

Mineral Stones [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant