« Emma, on te reprend ? » demanda timidement Léopoldine en la rejoignant à la sortie.
« Non, j'ai théâtre aujourd'hui, j'y vais à pied, c'est à côté.
-D'accord.
-Tu voudrais pas réessayer le théâtre un jour ? C'était cool quand on le faisait ensemble.
-Non. » répondit sa voisine.
Elle sembla se rendre compte de la brusquerie de sa réponse et reprit :
« Et puis je suis nulle. Toi t'es trop douée.
-C'est une question d'entraînement ! Mais faut pas te forcer.
-Ma mère me forçait pour être moins timide mais ça marche pas trop.
-C'est normal, va à ton rythme. Et puis, tu as déjà ton violon. »
À dire vrai, ça lui faisait un peu de bien d'avoir deux choses dans sa vie qu'elle faisait mieux que Léopoldine : jouer et parler. Manuela se sentit aussitôt coupable d'avoir eu cette pensée.
Elle avait une demi-heure à vaincre. Seule. Ses pieds s'égarèrent dans les rues du piétonnier de Namur alors que son esprit s'enroulait dans des mondes invisibles.
Les murs des maisons mitoyennes et des petits magasins ésotériques s'enflèrent vers le ciel pour devenir les buildings interminables de New York. Un éclair rouge scintilla un instant au soleil et elle se retrouva projetée dans une allée déserte à côté de poubelles encombrées. Son souffle s'accéléra alors qu'un cri se coagulait dans sa gorge.
Ses pas continuaient de rouler sur le pavé.
« Hé, Manuela, hé, panique pas, panique pas, c'est moi.
-Peter, mais qu'est-ce que... ? » s'offusqua-t-elle en contemplant le visage hors d'haleine qui venait d'apparaître sous le masque rouge de l'araignée.
« Attends, laisse-moi reprendre mon souffle. »
Elle tourna en direction de la Rue de Bruxelles.
Il se tenait immobile en face d'elle, une main contre son bras et penché en avant, essayant désespérément de respirer.
« Je... Je voulais... Je... On peut pas continuer, Manu. C'est devenu trop dangereux. On me cherche, et avec tout ce qui se passe... Non, s'ils savent que tu es mêlée à ça... Je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit. Manuela, il y a un truc qui approche, un truc qui vient pas de la Terre et je ne veux pas... Je ne peux pas t'exposer à ça.
-Peter Parker, est-ce que tu es en train de rompre avec moi ? »
Des larmes d'injustice affleurèrent à ses prunelles.
« -Je... Je ne... Manu, ça marchera pas. Tu mérites une vie normale et un copain qui soit là pour toi et qui disparaisse pas dans des missions absurdes je... j'ai pas choisi d'être piqué par l'araignée mais ça serait injuste si je n'utilisais pas mes pouvoirs pour le bien. Par contre je veux pas t'exposer au danger et à une vie si instable.
-On est pas mariés Peter, qu'est-ce que tu racontes.
-Je sais... je sais, mais... tu comprends ce que je veux dire ? Dis-moi que tu comprends, Manuela. »
Elle essuya ses yeux embués d'un revers de manche rageur.
Brusquement, elle se déplaça pour vérifier que personne ne pouvait les voir de la rue. Peter tenta de la retenir mais elle revint et le colla contre le mur.
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Jugendliteratur• le monde a plus de facettes que tu ne crois • SAMUEL se cache derrière l'objectif d'un appareil photo pour ne pas pétrifier du regard JUN JINZAI consigne les mots dans un carnet noir aux bords cornés MÉLISSA cherche toujours un pinceau dans ses...