54 • AXELL • des étoiles

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Axell n'avait pas été aussi Emballé∙e pour une soirée depuis le Nouvel An. C'était le même sentiment de Libération qui disait : ce soir, on oublie Tout et demain, tout sera à construire. Sauf que ce n'était pas une année mais sept qu'iel laissait derrière. Sept années d'un sentiment cuisant d'échec, d'insuffisance et d'incompréhension. Mais aussi sept années d'adolescence. Sept années pour s'explorer et se découvrir, c'était bien, quand même. Maintenant iel avait une sorte de boussole.

« Tiens Jinzai, ta bière.

-Je savais pas que l'école t'avait appris la générosité. répondit ironiquement l'asiatique.

-De rien, potiron.

-Oh, tu m'en as pas rapporté une ? tenta Amélie.

-Bah non, bouge ton cul. J'en ramène à Jinzai parce que j'adore le voir pompette. Il y a des limites à ma générosité. »

Amélie lui adressa un doigt d'honneur et alla se resservir d'un pas fatigué. Axell avait sérieusement peur qu'elle finisse par s'enraciner dans ce canapé.

« Franchement, il y a des têtes de con que je serai pas triste de jamais revoir. affirma-t-iel en embrassant du regard l'assemblée des rhétos.

-J'espère ne pas être compris dedans.

-Non, toi t'es une tête de con que je veux revoir. T'es la meilleure trouvaille de ma scolarité, avec Manu et Mélissa. Et Léo. Comme quoi redoubler, changer d'école et éviter de croiser ses ex dans les couloirs ça peut vraiment être une décision ultra méga intelligente.

-C'était une excellente décision. » pouffa-t-il, avant de reprendre son air de philosophe Stupide et Poétique. « J'arrête pas de repenser à cette année. D'essayer de voir si elle m'a fait grandir ou quoi.

-C'est toujours bien de regarder d'où on est parti∙e. acquiesça Axell, repensant à Adeline.

-Mais j'ai pas l'impression d'avoir beaucoup changé.

-On est pas dans un film, Jinzai, les gens se métamorphosent pas comme ça. La plupart du temps, on change si progressivement qu'on ne s'en rend même pas compte. On a l'impression d'avoir toujours été comme ça. Moi je trouve que t'as changé un peu quand même. Déjà tu gères mieux ta Rage. T'es plus ouvert, tu oses plus d'aventures. Tu montres tes mots. Et t'as surpassé un Chagrin d'Amour...

-Oh, ça va hein...

-Ton sens de l'humour et de l'autodérision est pas encore au top mais ça s'améliore. Surtout quand il s'agit de me clasher.

-Je te connais trop que pour te prendre avec des pincettes, maintenant.

-Encore heureux. Tu sais, Jinzai, l'important c'est pas que tu arrives à voir ton changement. L'important c'est d'avoir un peu plus d'ami∙es sûr∙es à l'arrivée qu'au départ. Parce que ce sont elleux qui te verront changer.

-Tu seras mon ami∙e sûr∙e alors, Axell ?

-Tu me le demandes comme si je l'étais pas déjà, champignon. »

À ce moment, Manuela fit son entrée dramatique.

« Quoi, t'es déjà fatigué∙e ? dit-elle en venant s'échouer dans le canapé à ses côtés, volant la place d'Amélie. Et moi qui pensais que tu allais danser toute la nuit avec moi.

-Je suis diplômé∙e moi madame, et j'ai plus d'années d'existence que vous. Franchement, ces jeunettes qui s'agitent partout avec une énergie infatigable, c'est épuisant... ironisa Axell, tandis que sa jambe, électrique, rebondissait sans arrêt.

QU'ART'ZOù les histoires vivent. Découvrez maintenant