49 • SAMUEL • des modèles

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Mélissa tombait comme un ange du ciel. Les examens arrivaient à une vitesse étourdissante et Samuel avait l'impression de couler dans les profondeurs les plus noires de l'océan, sous la pression de mille litres d'eau. Même avec une lanterne de poisson abyssal il n'aurait pas pu y voir clair. Alors quand Mélissa s'était proposée de passer pour une séance de photos... Samuel bondit sur la porte dès qu'elle sonna, trop pressé de se distraire. 

« Est-ce que Léo est venue avec toi ? oralisa-t-il en ouvrant à la belle femme noire.

-Bonjour à toi aussi, Sammy. Oui, elle est venue avec moi mais là elle est chez sa mère.

-Est-ce qu'elle repart avec toi ?

-Je ne sais pas, ça dépend de sa mère. Je l'attendrai. Je peux rentrer ? » s'imposa-t-elle en roulant des yeux, avant de se retourner vers lui pour qu'il lise ses lèvres :

« Si ça t'intéresse tant, pourquoi tu lui as pas envoyé un message ?

-Elle m'a rien envoyé non plus. se défendit-il.

-T'es un crétin, parfois. Non, souvent. »

Le garçon n'eut pas l'occasion de protester car sa mère se précipita pour nourrir leur invitée et le sermonner quant à son manque flagrant d'hospitalité.

« Du coup, pour les photos, je voulais travailler sur un projet de couleurs primaires. Tu sais, peindre des formes abstraites sur nos visages, un peu comme un maquillage, et j'ajouterai des silhouettes sur le rendu final... Enfin, c'est très clair dans ma tête mais il va nous falloir attendre Manuela. »

Le photographe hocha la tête, il lui faisait confiance, pour sa plus grande surprise. Quant à l'attente de Manuela... à vrai dire, plus c'était long, moins il devrait travailler ce jour-là. Bella se précipita sur lui tandis qu'il soupirait :

« J'ai hâte des vacances.

-Moi aussi. répondit Mélissa en s'offrant au soleil.

-Les vacances c'est le seul moment où j'ai l'impression de faire quelque chose d'utile. Ou au moins des choses qui plaisent.

-Malheureusement, on peut pas avoir des vacances tout le temps et mettre sa vie en pause en attendant, pas vrai ?

-Rabat joie. » ronchonna-t-il.

Pour toute réponse, elle le bouscula et s'accapara la chienne qui débordait de joie.

« Mélissa, tu penses vraiment qu'on est obligés de se battre tout le temps juste parce qu'on existe ? demanda Samuel.

Ce n'était pas la première fois qu'il ressassait leur conversation sur la Citadelle.

« Je veux dire, ma sœur essaie toujours d'éviter le conflit et d'être d'accord avec tout le monde.

-C'est vrai mais je crois que Manuela commence à comprendre qu'on choisit pas le combat. Quand on appartient à une minorité, on nous déclare la guerre et soit on se défend, soit on l'accepte. prononça-t-elle lentement en haussant les épaules.

-Elle dit tout le temps que je suis trop agressif.

-Elle a raison. C'est une métaphore, le combat. Au final la violence sert juste à augmenter ta Rage et à faire fuir les gens. Même quand ta colère est légitime. Même quand c'est le seul moyen pour qu'on t'écoute. T'es trop souvent sur la défensive, et moi aussi. Alors j'essaie de peindre à la place. »

Samuel faillit répliquer, acerbe, mais il se rendit compte que c'était exactement ce qu'elle lui reprochait et cela l'irrita encore plus.

« Mais les gens en ont rien à foutre, de toute façon, ils hochent la tête pour leur conscience et puis ils oublient ton existence.

QU'ART'ZOù les histoires vivent. Découvrez maintenant