Chapitre 11 - Le champignon vénéneux

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Tous les élèves étaient assis à leur place respective. Tous sauf un. Et Augustine ne cessait de se retourner vers ce siège vide, angoissée. Elle ne tenait pas en place et jetait un coup d'œil rapide, toutes les cinq minutes, le siège, puis la porte de la salle. Et elle recommençait. Pendant un bon quart d'heure, son comportement échappa à sa professeure qui tournait le dos à la classe pour noter quelques mots importants relatifs au texte qu'elle venait de leur lire. Lorsqu'elle fit face à ses élèves, elle s'amusa de la conduite d'Augustine et laissa le silence s'installer un court instant, histoire de voir si la jeune fille s'apercevrait qu'elle s'était tue. Quelques élèves pouffèrent discrètement.

- Mademoiselle Baudelaire, votre attitude ne fera pas apparaître votre ami par la seule force de votre volonté. Visiblement, Monsieur Dickinson est absent.

Le ton de la professeure de français se voulait davantage taquin plutôt que sévère, mais les mots avaient retentit dans l'espace clos et résonnaient encore quand Augustine comprit qu'on s'adressait à elle. La salle de classe pouffa à son tour devant la réaction stupide d'Augustine.

- Z'êtes sûre, M'dame Delcourt ? J'veux dire que...

Devant l'hilarité générale, Augustine laissa sa question en suspens. Outrée, elle dévisagea plusieurs de ses camarades. Insolence ou naïveté ? Personne ne savait ce qui lui avait pris de contester leur professeure principale. Seule Augustine savait que, cette fois, son audace ne serait pas sanctionnée. Son inquiétude transparaissait dans son regard affolé.

- Je ne sais pas pourquoi Maël est absent, mais je suis sûre que vous serez ravie de lui apporter ses devoirs ce soir. En attendant, je vous prie de vous concentrer sur la leçon du jour.
- Désolée, Madame.

Plus de dix jours sans nouvelles. Son cœur se serra. Il y avait un problème. Augustine en était convaincue désormais. Maël ne faisait pas que la bouder. Il y avait autre chose, quelque chose de plus grave, de beaucoup plus grave. Il ne pouvait pas rater l'école juste à cause de leur dispute.

Pendant la longue heure que dura le cours de français, Augustine se força à rester concentrée, mais elle ne pouvait s'empêcher de jeter régulièrement des petits coups d'œil discrets et inquiets vers la place de Maël qui s'obstinait à être vacante. La Professeure Delcourt finissait de dicter les devoirs quand quelqu'un frappa à la porte.

- Entrez !

Un jeune surveillant se dépêcha de lui apporter une note. Il repartit précipitamment. La sonnerie de la récréation retentit. Les collégiens commencèrent à rassembler leurs affaires pour sortir.

La professeure déplia la note avant de la lire soigneusement. Ses sourcils se froncèrent, puis s'élevèrent jusqu'à former un accent circonflexe. Elle releva la tête et jeta un bref regard vers Augustine qui la scrutait, anxieuse. La jeune fille sentait que le message avait un rapport avec Maël. Un brouhaha s'était levé au sein de la classe, les élèves se dissipaient et n'avaient plus qu'une seule envie : se précipiter dans la cour pour prendre l'air.

- Silence ! J'ai une annonce à vous faire.

Personne ne se rebella, chacun reprit position sur sa chaise et se tut. Ingrid Delcourt savait imposer le respect sans crier, ce qui était assez rare pour que ses élèves lui vouent presque tous une admiration sans borne, en particulier ceux qui étaient subjugués par sa beauté et sa grâce. Augustine aimait à s'imaginer Valentine à sa place. Elle ne doutait pas que son avenir ressemblerait à celui de la professeure et que seules quelques années la séparaient d'un poste d'enseignante. Son amie avait le monde à portée de main.

- ... Maël.

Augustine sortit brutalement de sa rêverie. Paniquée, elle se focalisa sur le discours de sa professeure.

Augustine Baudelaire - T.1 - Les disparitions mystérieusesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant