Augustine Baudelaire - T.1 - Les disparitions mystérieuses

Chapitre 10 - La rentrée retardée

Le lendemain midi, Marissa vint porter à sa fille une carte postale représentant une Ford Anglia survolant Londres. Deux têtes blondes s'en disputaient le volant. Le message des jumeaux, Valentine et Cédric, rédigé à l'arrière dans une belle écriture soignée à l'identité indétectable, racontait leur visite de la capitale britannique et surtout de leur première activité du séjour : la visite des studios Harry Potter. Augustine sentit la jalousie mordre son estomac et envia le train de vie de ses amis ; à chaque période de vacances, son nouveau voyage.

Lorsque la jeune fille atteignit la dernière ligne, une impression de soulagement mêlée de déception l'envahit. Valentine et Cédric ne rentreraient de leur voyage que la veille de la rentrée. Ils ne pourraient donc pas la soutenir et elle n'était pas pressé de reposer ses fesses sur les chaises inconfortables du collège pour les revoir. Cependant, ils n'assisteraient pas non plus aux festivités de Halloween. La sévère punition s'allégea subitement, mais Augustine se garda bien de laisser s'échapper son soulagement.

Le reste de ses vacances se déroula sans encombre, malgré un sommeil quotidiennement agité et difficile. Elle ne se souvenait pas de ses cauchemars, mais à en juger par sa tête au réveil, les cheveux dans tous les sens, emmêlés, elle devait se battre avec sa couette comme avec un loup-garou lors d'un soir de plein lune. Augustine n'eut jamais de nouvelles de Maël. Elle avait essayé de le joindre plusieurs fois sans succès. Elle laissa de nombreux messages sur le répondeur familial, mais personne ne la rappela. Ni lui, ni ses parents. À chaque nouvelle tentative, le cœur de Marissa se serrait un peu plus en souvenir de cette visite impromptue et inconfortable. Quand avouerait-elle à sa fille que le père de Maël s'était déplacé en personne pour interdire à leurs enfants de se fréquenter ? Il n'avait pas jugé utile de lui expliquer les raisons qui l'avaient amené à prendre cette décision drastique.

Le silence de Maël conforta Augustine dans l'idée qu'ils avaient eu une violente dispute et qu'il la boudait. Cependant, un petit quelque chose intriguait la brunette. Les deux amis s'étaient déjà embrouillés plusieurs fois, mais la rancune n'était tenace chez aucun des deux.

Alors pourquoi cette fois-ci précisément ?

Augustine décida d'enfouir cette question, après tout, elle avait fait le premier pas en l'appelant et laissant des messages, elle n'allait quand même pas se mettre à genoux !

Peu à peu, la mère et la fille n'abordèrent plus le sujet de Maël, ni celui de la nuit passée en forêt, et encore moins celui de la soirée de Halloween. Augustine s'était résolue à ne pas y aller. Et puis, de toutes façons, sans ses véritables amis, cette fête n'aurait pas été une vraie fête. Elle s'en convainquit et passa son dernier week-end plongée dans les livres que sa mère avait eu la gentillesse d'aller lui chercher à la bibliothèque. Elle s'était soudainement découvert une passion pour les étrangetés de la faune et de la flore sylvestres sans connaître l'origine ou la raison de cet enthousiasme nouveau.

Et le retour en classe arriva beaucoup plus promptement qu'elle ne s'y était attendue. D'abord impatiente de retrouver ses amis au collège, puis stressée par les devoirs sur table qui allaient s'accumuler la semaine de la rentrée, Augustine termina sa dernière journée complètement angoissée à l'idée de croiser Maël, le lendemain matin. Sa nuit fut brève et agitée, remplie des réminiscences de la dernière fois où elle avait passé du temps avec son ami. Lorsque son réveil signala le début de cette nouvelle journée, Augustine s'extirpa péniblement de son énorme et trop lourde couette. Elle emmêla ses longues jambes dans le drap housse et faillit embrasser le sol. Déjà épuisée, elle abandonna la lutte et se rallongea. Pendant une seconde, elle eut envie de faire croire à sa mère qu'elle se sentait mal et qu'elle ne saurait pas aller à l'école, mais Marissa n'aurait pas été dupe, elle savait que sa fille appréhendait particulièrement cette reprise.