Chapitre 22 - La première disparition

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Plongée dans un sommeil perturbé de cauchemars, Augustine s'agita longtemps sur un sol froid, moelleux et moite avant d'être rejetée progressivement hors de son monde onirique effrayant. La morsure de la froidure ambiante pétrifiait ses membres fragiles et désormais douloureux. Elle papillonna des cils, un instant, avant de s'éveiller brusquement et de réaliser qu'elle ignorait où elle se trouvait. L'obscurité la cernait complètement, elle ne distinguait rien. Où se trouvait-elle ? Un oiseau sylvestre chanta, au loin.

- Encore !

Elle se redressa brusquement.

- C'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible. Maman va être furieuse.

Augustine scruta l'obscurité autour d'elle.

- Val' ! Val' ! Valentine !

Son cri affolé perturba une chouette hulotte dont le hululement se maria parfaitement avec l'atmosphère ténébreuse de la forêt.

- Va-len-tine ! hurla-t-elle en insistant sur chaque syllabe.

Du bruit dans les frondaisons des arbres. La jeune fille tressaillit et leva la tête aussitôt. Elle plissa les yeux. Rien à distinguer. Ce devait être la chouette qui manifestait son mécontentement, mais elle ne disposait pas encore d'une vue bionique qui lui permettait de discerner ce qui se tramait dans l'obscurité. Sans lampe, rentrer chez elle allait être coton.
Un vent léger, mais glacial se leva sur le bois. Il souleva une flopée de feuilles fanées et s'insinua sous les vêtements d'Augustine. Elle frissonna. Si elle ne rentrait pas rapidement, elle finirait par tomber malade. Une punition qui s'ajouterait à celle que sa mère lui offrirait. Elle se frotta les mains, souffla dessus pour les réchauffer et les glissa dans ses poches après avoir réajusté son manteau et remonté son col sur son cou.

Elle tourna légèrement sur elle-même pour distinguer quelques traces, quelques passages, quelque espoir. De petits pas à gauche, de petits pas à droite, Augustine se tenait aux troncs pour ne pas trébucher, quand elle sentit sous ses pieds une surface plus plane et recouverte de gravier. Le sentier ! Elle était sauvée, elle savait qu'en tournant sur la gauche, le chemin forestier l'amènerait vers une route civilisée qu'elle reconnaîtrait parfaitement. Alors elle se mit à courir à en perdre haleine pour retrouver son chez-soi. Ses muscles engourdis par le froid hurlèrent de douleur quand elle amorça sa course effrénée, puis ses jambes de gazelle se réchauffèrent peu à peu. Augustine trouva son rythme. Comme elle ne voyait pas vraiment où elle mettait les pieds, elle trébucha plusieurs fois, mais elle persévéra et arriva bientôt sur le bord d'une route éclairée. Si les réverbères étaient encore allumés, alors il était moins de vingt-deux heures. Elle avait dépassé le couvre-feu imposé par Marissa depuis plusieurs heures, d'autant plus que la nuit tombait tôt en ce début d'hiver. La jeune fille espérait sincèrement que sa mère serait plus indulgente que lors de son dernier retard et que le savon qu'elle lui passerait cette fois-ci serait moins pénible que celui de la fois précédente.

Lorsqu'elle atteignit sa maison, les lumières filtraient par les rideaux. Sa mère devait être levée et serait encore une fois furieuse. Augustine avait l'impression de revivre exactement ce qui s'était passé plusieurs mois plus tôt et, encore une fois, elle n'avait rien à raconter à sa mère. Elle ne se souvenait de rien et sa perte de mémoire ne réjouirait pas Marissa.
Devant la porte d'entrée, elle hésita un instant, ravalant la boule de peur qui entravait sa gorge et qui reprit sa position aussitôt. Elle glissa la clef dans la serrure et passa le seuil de sa maison.

- Maman ! osa-t-elle timidement.

Sa voix éraillée résonna dans le couloir. Des bruits de pas précipités claquèrent dans la cuisine.

Augustine Baudelaire - T.1 - Les disparitions mystérieusesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant