Chapitre 32 - La morsure surprenante

32 9 2
                                    

Maël arriva un peu plus tard. Il n'était accompagné de personne, ce qui soulagea Augustine d'un gros poids. Elle avait vraiment envie de partager leur cabane avec leurs amis, mais pas dans ces conditions. Et Maël, quant à lui, ne voulait pas y mêler d'autres gens, surtout pas Soazic qu'il avait volontairement préservée. Il ne l'avait pas revue depuis le début de la semaine.

- Tu as ramené quelque chose à manger, je meurs de faim, quémanda la brunette.
- Comme d'hab' ! Tiens ! V'là la bectance !

Maël vida son sac à dos sur la couverture qu'il venait d'étendre sur le sol de la cabane : gâteaux aux différentes saveurs, toutes très ragoutantes, Augustine ne doutait pas de se régaler avec son far aux pruneaux, pain, fromages en tout genre, tous plus appétissants les uns que les autres et quelques fruits colorés et de saison.

- On a fait du bon boulot ici, c'est bête de pas avoir terminé, tu trouves pas, frangine ?

Augustine scruta le toit et acquiesça, pensive.

- Comment t'as fait pour venir si t'es privée de sortie ?
- J'ai filé en douce.
- Ta mère va encore paniquer, taquina Maël en riant.
- Aux grands maux, les grands remèdes, comme on dit, l'interrompit Augustine. Et puis, j'lui ai laissé un mot pour pas qu'elle s'inquiète !
- Tu sais que la forêt est cernée ! J'ai galéré pour arriver jusqu'ici. J'me suis caché entre des arbres et sous les feuilles mortes. J'ai rampé dans la boue et la vermine. Ils sont en train de faire une battue.
- Une battue ? Comment ils sav...
- J'pense que Soazic a cafté. Elle a prévenu la police et sûrement dit que l'coupable se cachait en forêt. J'sais pas trop ce qu'elle a inventé pour qu'ils la croient, mais elle a dû en rajouter des tonnes.
- C'est pas trop compliqué, il lui suffirait de dire qu'elle y a été agressée.
- J'suis dégoûté, j'm'attendais pas à ça d'elle.
- Amimaël, elle essaie d'nous protéger, j'crois. Elle m'a dit qu'elle avait peur qu'il nous arrive un truc. Enfin, plus à toi qu'à moi, j'pense.

Les joues de Maël se teintèrent d'un rouge proche de celui de ses cheveux. Penser qu'il plaisait à une fille le gênait, même si au fond de lui, il en était heureux.

- Tu sais, p't-être que c'est pas Soazic, on l'accuse, mais on sait même pas...

Une limace tomba sur le sommet de la tête d'Augustine.

- Qu'est-ce que tu fais ici, toi ? Tu vas prendre froid !

Elle la ramassa pour la déposer à l'extérieur de la cabane, par la fenêtre, sur une branche. Elle la contempla un court instant, juste le temps de savourer les chatouillis qu'elle faisait lorsqu'elle rampait sur sa peau.

- Aië !

Augustine secoua sa main, la limace s'envola dans les airs et retomba sur l'humus dans un bruit de feuilles sèches. La brunette se redressa brusquement et scruta les débris de bois. La grosse limace orange s'extirpa du feuillage mort qui tapissait le sol, effectua un demi-tour et commença à ramper vers le tronc qui servait de fondation à la cabane. Stupéfaite, Augustine l'observa tant qu'elle put en se massant le doigt. Une sourde angoisse lâcha un rocher dans son estomac, comme si elle revivait une expérience déjà vécue.

- Eh, tu m'écoutes ?

L'air ahuri, la brunette se retourna vers son ami. Elle semblait souffrir.

- Une écharde ? s'enquit-il en désignant son doigt.
- Non, elle m'a mordue. C'est bizarre, ça a pas de dents une limace...

Maël haussa les épaule en signe d'ignorance.

- T'avais peut-être un bout de salade collé sur ta main, la taquina-t-il, ou alors tu te transformes en salade.
- Salade toi-même !

Augustine Baudelaire - T.1 - Les disparitions mystérieusesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant