Chapitre 33 - Le chemin sinueux

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Augustine soupira, débattre avec son meilleur ami commençait à la fatiguer et elle voulait agir, pas tergiverser autour d'un concept et se lancer des piques pendant des heures comme ils avaient l'habitude de le faire.

- Crois-moi simplement Maël, reprit-elle excédée, j'te promets, j'ai vu des trucs hallucinants ce matin. Même en tant que fan de fantasy ou de science-fiction ou de tout ce que tu veux, j'aurais jamais imaginé voir ça en vrai. En plus, j'ai trouvé un endroit bizarre, j'veux dire plus bizarre qu'ailleurs dans la forêt. Un coin plus lumineux, mais aussi plus sombre, j'sais pas comment t'expliquer ça. Mais j'ai pas osé y aller toute seule. Pourtant, tu sais qu'j'ai pas peur de grand chose.

Maël toussota doucement, interrompant par la même occasion Augustine qui le foudroya du regard. Elle lui présenta le plan qu'elle avait rapidement dessiné et qui lui avait permis de tisser les fils de ses pensées. Maël se moqua de ses traits imparfaits, elle l'ignora et retraça le chemin qu'elle avait parcouru au petit matin.

- J'ai suivi le sentier près duquel Val' a disparu, j'me suis rendue compte qu'avant ce jour-là, j'l'avais encore jamais vu. Un très long sentier. J'te jure, j'suis rev'nue ici au bout d'un moment parce que j'me suis dit qu'tu m'raterais sinon. Quand j'ai fait demi-tour, j'ai eu l'impression d'en voir le bout, enfin de l'voir disparaître entre... Elle cherchait ses mots, entre deux troncs qui n'en sont qu'un. Faut que j'te montre ça. C'est incroyable ! J'en ai pas cru mes yeux au départ, mais comme j'ai entendu un rire sinistre, j'suis partie vite fait ! Pas eu envie d'affronter la vérité tout' seule !

Lorsque la brunette se tut, un silence pesant s'abattit sur la cabane. Seuls quelques chants d'oiseaux matinaux s'immisçaient par la fenêtre. Augustine profita de cette pause pour reprendre un morceau de gâteau aux pommes et avaler une grande gorgée d'eau, puis elle scruta son ami dont le regard voilé témoignait une grande réflexion.

- Maël, t'y r'tournerais avec moi ?

Le garçon leva les yeux vers elle. Le regard déterminé, il hocha la tête.

- Sans problème ma vieille. On laiss'ra pas nos amis aux mains d'un vieux shnock !

L'apparition, sur le bord de la fenêtre, de la grosse limace orange mit un terme au débat entre les deux adolescents. Augustine se leva d'un bond et Maël la suivit sans comprendre l'énergie soudaine de son amie.

Quelques instants plus tard, ils étaient en route vers la destination inconnue. Où menait le sentier mystérieux ?

Aux alentours de midi, ils atteignirent l'endroit étrange où la nature se réparait d'elle-même. Maël s'étonna de voir s'effacer l'empreinte de ses pas dès que le léger claquement se faisait entendre. Plus tard, ils émergèrent là où la lumière est obscurité, et l'obscurité, lumière. Un endroit sans sens, où tout était présent au même moment. Il aurait pu neiger, alors que le soleil brûlait la peau comme en plein mois d'août. Maël s'agita, mal à l'aise par cette nature transformée, étrangement luxuriante et hors norme.

- J'aime pas cet endroit frangine, y'a pas de soleil.
- Tu plaisantes ? T'as vu cette lumière éclatante !
- C'est chelou Gus', tu disais qu'il faisait plus sombre, mais en fait, c'est pas l'cas, c'est juste que la lumière semble venir de partout à la fois, comme si y'avait pas de vrai soleil. Comme si... toute la nature rayonnait. On dirait qu'on nous attire vers un endroit merveilleux, mais dans les contes, ça finit toujours mal ce genre d'aventure. J'sais bien qu'on est pas dans un conte de fée, mais quand même ! Ça va mal finir c't'histoire.

- T'as les chocottes Amimaël, plaisanta la brunette, t'as envie de faire demi-tour, avoue !
- Non, non, c'est juste un constat. J'espère juste que notre aventure finira bien.

Augustine Baudelaire - T.1 - Les disparitions mystérieusesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant