Chapitre 25 - Les injustes accusations

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Le reste de la semaine se déroula sans encombre pour Augustine et sa nouvelle amie. Le vendredi les élèves eurent même une jolie surprise : le professeur Keanan était absent. Ils savourèrent leur heure de permanence et souhaitèrent tous, sans exception, que l'absence de l'ignoble professeur s'éternise. La brunette esquissa un sourire en entendant ses camarades exprimer leurs vœux. Toute la classe l'ignorait, mais Augustine n'était pas étrangère à cette absence. Elle avait passé la semaine à rechercher la vieille femme de ménage. Elle mit quelques jours à croiser à nouveau sa route. Ce jour-là, en réalité la veille, le jeudi même, elle avait discuté longuement avec elle, pendant sa pause du midi, pour la convaincre de se plaindre à la direction. Augustine apprit par la même occasion, que toute l'équipe de nettoyage, ainsi que celle affectée à la restauration, éprouvait de plus en plus de difficultés à travailler avec cet homme. Alors Augustine expliqua à son tour les soucis rencontrés par les élèves. Ni une ni deux, il n'en fallait pas plus pour convaincre la vieille femme. Elle se massa brièvement le poignet et acquiesça. Elle se leva et entreprit de regrouper quelques employés du collège pour signaler à la direction les odieuses outrecuidances de l'arrogant professeur. Il fut mis à pied.

Cette distraction fut le dernier répit d'Augustine, cette semaine-là et celles à venir. Dès le lundi suivant, à la suite d'un courrier reçu par tous les parents d'élèves le samedi précédent, des rumeurs circulèrent à propos d'elle et de ses amis. Valentine et Cédric brillaient encore par leur absence et à l'heure de son cours, la professeure Delcourt souhaita discuter de cette mystérieuse missive, dont Marissa n'avait pas fait part à Augustine.

Des murmures s'élevèrent, la brunette perçut plusieurs fois son prénom au milieu du brouhaha chaotique. Elle tourna la tête vers les uns et les autres et découvrit plusieurs regards dirigés vers elle, certains méfiants, d'autres terrorisés, et d'autres encore avaient l'air furieux. Son cœur accéléra la cadence, elle sentit l'angoisse lui contracter l'estomac et des suées glacées commencèrent à parcourir sa nuque. Qu'avait-elle fait qu'elle ignorait pour mériter ces regards ?
La professeure Delcourt commença son discours en prévenant la classe que Cédric serait de retour le lendemain, mais pas Valentine. Elle avait disparu et personne ne savait où elle pouvait être. Elle n'était pas rentrée le vendredi soir deux semaines auparavant. La famille Le Mézec était dévastée par cette disparition. L'enseignante termina son monologue en demandant aux élèves d'être présents au côté de Cédric pour faciliter son retour en classe, en particulier ses amis. Son regard se posa sur Augustine et Maël qui échangèrent un bref regard ; le premier depuis plusieurs mois.

La brunette sentit son ventre se tordre atrocement. Un voile blanchâtre passa sur son visage. Sa tête tournait. Des papillons blancs dansèrent devant ses yeux, puis disparurent. Elle reprenait le contrôle de son corps.

Lorsque la professeure se tut, une cacophonie infâme retentit dans la classe.

- C'est elle j'vous dis, s'énerva Yannick, elle est partie avec eux le soir et y'a qu'elle qui r'vient ! C'est pas normal. Et rapp'lez-vous Maël, c'est pareil j'suis sûre.

Augustine vit qu'on la désignait du doigt, elle aperçut Soazic, qui plaqua sa main devant sa bouche béante et Maël qui ne bronchait pas. La brunette se leva et s'approcha de Yannick qui continuait de la désigner en s'agitant.

- Qu'est-ce que tu dis ? le toisa-t-elle.
- SILENCE !

La voix de la professeure Delcourt résonna dans la salle. Tous les élèves se turent.

- Mademoiselle Baudelaire, veuillez vous rasseoir s'il vous plaît. Monsieur Bignonen, arrêtez vos insinuations calomnieuses ou je vous renvoie chez vous pour la semaine et, cette-fois, ça en sera fini de votre statut de délégué ! Compris ?

Augustine Baudelaire - T.1 - Les disparitions mystérieusesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant