Chapitre 6 - L'inquiétude incomprise

65 16 0
                                    

Sa voix tremblait, surchargée par l'inquiétude de ne jamais retrouver sa fille vivante et l'homme froid qui s'adressait à elle ne faisait rien pour arranger les choses. Marissa répondait automatiquement à ses questions, mais elle allait finir par perdre patience.

- Je ne sais pas trop. Elle devait sortir avec son meilleur ami. Ils sont tout le temps fourrés ensemble ces deux-là et ils vadrouillent dans la forêt dès qu'ils en ont l'occasion.

Marissa soupira dans le téléphone. Elle ne supportait plus la voix molle, lasse et peu impliquée de son interlocuteur. Un paresseux croisé avec une limace aurait fait montre de plus de dynamisme.

- Dangereuse, pour qui ?

La jeune femme attendit que l'homme, à l'autre bout du fil, terminât sa leçon de morale.

- Pardon ? Vous, plaisantez j'espère ? Et vous allez ajouter qu'elle risque de se faire dévorer par le Grand Méchant Loup aussi peut-être ?

Marissa l'entendit balbutier quelques mots incompréhensibles.

- Monsieur, je souhaiterais parler à votre supérieur.

L'homme s'offusqua, mais le ton de Marissa était sans appel.

- Je n'apprécie pas vos jugements de bas étages sur la façon dont j'éduque ma fille.

Encore une fois, l'homme se moqua de Marissa. Visiblement, cet homme ne devait pas avoir d'enfant.

- Non... Je m'en doutais. Comment voulez-vous prendre mon appel au sérieux ?

Encore une fois, Marissa écouta l'homme jusqu'à ce qu'il eût terminé de lui raconter sa vie.

- Ma fille n'est pas rentrée et on est au milieu de la nuit ! Passez-moi votre supérieur. TOUT DE SUITE !

La voix de Marissa résonna dans le téléphone. La voix de l'interlocuteur changea.

- Oui, bonjour Monsieur. Merci beaucoup.

Elle avait enfin quelqu'un d'empathique au bout du fil. Elle soupira.

- Non je ne sais pas s'il est rentré, je n'arrive pas à joindre ses parents.

De nouvelles questions. Encore et encore. Mais qu'attendaient-ils pour aller chercher sa fille ?

- Je ne sais pas moi. Leurs portables sont peut-être en vibreur ou en silencieux. En tout cas, ils ne répondent pas sur leur ligne fixe.

Elle perdait patience. Ses pas résonnèrent sur le carrelage de la cuisine.

- Je disais à votre collègue qu'ils aiment bien se promener en forêt, mais d'habitude elle rentre avant la nuit. Elle sait qu'elle n'a pas l'autorisation de sortir après le coucher du soleil. Elle est tellement sérieuse d'habitude. Je suis vraiment inquiète.

L'homme qu'elle avait désormais en ligne rassurait vraiment Marissa. Sa voix grave apaisait son humeur massacrante.

- Un amoureux ? Non non, je ne crois pas, non. Elle est encore si jeune. Je suis vraiment convaincue qu'elle est dans la forêt, c'est là qu'elle va toujours, mais je me vois mal parcourir la forêt toute seule pour la retrouver. Je ne saurais même pas par quelle zone commencer. Elle est beaucoup trop vaste.

Son débit était de plus en plus rapide et dense. Marissa se demandait si son flot de parole était encore humainement compréhensible. Elle trépignait, dès qu'elle avait repensé à la forêt, l'angoisse l'avait mordue de nouveau et la peur de ne jamais revoir sa fille la submergea. Quelques mots rassurants réchauffèrent son cœur brisé par la douleur.

Augustine Baudelaire - T.1 - Les disparitions mystérieusesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant