Lorsque tout s'écroule

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Je croisai le fer avec Maglor. Nous étions tous deux des experts dans le maniement des armes, mais j'étais déjà fatigué et blessé par mes précédents combats alors que mon adversaire était encore frais et disponible pour se battre et m'ôter la vie par la même occasion. Et, il n'était pas question que je le laisse passer, je devais protéger les jumeaux !

Cette certitude brûlait en moi comme une flamme éternelle qui ne pouvait s'éteindre. Et mon incapacité à y arriver me consumait et me désespérait. J'avais beau tout tenter, aucune de mes attaques ne parvenait à franchir la défense du fëanorion. Et, au fur et à mesure que je m'affaiblissais, il prenait l'avantage sur moi. J'eut un regain d'espoir lorsque je parvins à lui érafler le flanc. Mais, cela n'eut que pour seul effet de le mettre en colère et ses coups se multiplièrent, pleuvant sur moi comme de la grêle sur un arbrisseau tout juste sorti de terre.

J'avais vaguement conscience qu'Egalmoth se battait non loin de moi, et je me faisais du soucis pour lui. Il me semblait qu'il combattait Amras, un autre fils de Fëanor, et qu'il était lui aussi en train de perdre le combat. J'entendais par moment ses grognements de douleurs, probablement liés à une nouvelle blessure ou à son bras encore sensible. Le maigre pansement que j'y avais pratiqué ne devait lui être d'aucun secours dans ce combat...

Reportant mon attention sur le combat, je dû à nouveau parer en catastrophe une attaque transversale particulièrement dangereuse car elle avait pour objectif : la gorge. Croisant le regard de mon adversaire, j'y lut une détermination telle que je n'en avait jamais vue. A cet instant, je senti que s'il avait l'opportunité de me tuer, il le ferait sans hésiter. Reprenant notre duel, je parvenais à le toucher une ou deux fois mais sans réussir à le blesser grièvement. Mes bras se faisaient de plus en plus lourd, et j'en étais réduit à me battre à une main en alternance afin de m'économiser. A un instant, Maglor sembla comme distrait et, j'en profitai pour le toucher, lui entaillant fortement le côté. Le sang jaillit, mais, à cet instant précis un hurlement où douleur et rage se mélangeaient se fit retentir derrière moi.

Perdant momentanément ma concentration, je me retournai et vit Egalmoth debout, blessé de toutes parts, son épée plantée dans le ventre de son adversaire. Un léger sourire se dessina sur son visage et il retira sèchement son épée couverte de sang du corps d'Amras, qui bascula mort sur le côté.

Alors que je regardais mon ami, je reçu un violent coup de pied de la part de Maglor et je perdis l'équilibre. Je sentis la garde de son épée heurter ma tête. Ma vue se brouilla et je m'effondrai comme une poupée de chiffon contre un mur à moitié écroulé, trop sonné pour me relever. Entre mes paupières mi-closes, j'assistai à la scène sans pouvoir intervenir.

Maglor se jeta sur Egalmoth comme un loup furieux. Leurs épées se croisèrent. Egalmoth vacilla, posa un genou à terre. Je pouvais percevoir dans ses bras contractés et son visage tendu les ultimes efforts qu'il fournissait pour repousser la prise du fëanorion.

Et puis soudain, il s'écroula sur le côté. Maglor brandit son épée, et frappa son flanc découvert. Une fois. Deux fois.

Au loin, le son d'un cor fendit le chaos du combat. Maglor leva la tête, comme un cerf aux aguets, avant de disparaître de ma vision.

Sitôt qu'il eut disparu, je rassemblais mes dernières forces pour me redresser. Une insoutenable douleur vrillant mes tempes, je trébuchais jusqu'au corps gisant de mon ami. Il était étendu sur le flanc, livide et les yeux perdus dans le lointain. Du sang s'écoulait de la blessure béante déchirant sa cotte de maille. Retenant un hoquet de dégoût, je la pressais à deux mains, priant vainement pour endiguer l'hémorragie. Son sang s'écoulait entre mes doigts, mêlé à mes larmes qui baignaient mes joues. La douleur sourde qui pulsait dans mon crâne me donnait envie de hurler.

Les tribulations d'une plante verte - livre 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant