Cela faisait déjà quelques années que des échos à propos d'une armée arrivée en Beleriand, avaient atteint notre petite île. Une grande bataille semblait s'être engagée entre le Valar Déchu et cette armée. Mais, depuis, plus aucune nouvelle ne nous était parvenue qu'elles soient bonnes ou mauvaises.
Pour nous, c'était comme si le temps avait suspendu son cours. Tous les habitants regardaient chaque jour vers le large, espérant apercevoir un étendard ou un navire porteur d'espoir, mais l'horizon restait désespérément vide. Et, plus les jours passaient, plus j'avais l'impression que le monde entier retenait son souffle. Même les jumeaux se rendaient compte de la solennité du moment et de l'enjeu. Car, si cette armée envoyée par les Valar ne défaisait pas le Valar Déchu, alors tout espoir serait perdu. Dès lors que l'on croisait une personne, elle semblait fébrile et jetai souvent des regards vers la mer, et ni moi ni Galadriel n'échappions à la règle.
Je me pris plusieurs fois à m'arrêter des heures sur un balcon à observer l'immensité bleue que rien ne venait troubler. Il n'y avait même plus un souffle de vent, plus un nuage à l'horizon, même le clapotis des vagues ne tachait plus le sable de ses gouttelettes salées.
Et, un jour, alors que personne ne s'y attendait, il y eu comme un grondement lointain suivit d'une secousse. Elle était minime tant nous étions éloignés des combats mais cette vibration dans le sol portait avec elle le parfum de l'espoir. Un regain de vie sembla alors parcourir chaque habitants et, bientôt, tous voulurent retourner à terre pour savoir ce qu'il s'était passé. Des équipages, principalement composés d'anciens habitants de Gondolin, commencèrent à se former et Galadriel me pressa de prendre part à cette expédition. Au début, je ne voulut pas car je voulais rester en sécurité avec les jumeaux ; je ne comprenais pas pourquoi ils souhaitaient tous aller voir ce qui avait provoqué un tremblement de terre, pourquoi ils semblaient tous si empressés à l'idée de quitter l'île où nous étions à l'abri du danger ; mais, ce qui me repoussait le plus dans ce départ, ce je n'osais pas dire, était que je redoutais de remonter sur un bateau.
— Tout ira bien, meleth nin ! me dit Galadriel un matin, alors que je contemplais réticent le port à peine éclairé par les premiers rayons de la soleil.
— Et les jumeaux ?
— Ils ne sont plus les elfing sans défense que nous avons perdu il y a quelques années. Laissez-les découvrir le monde ! Cette fois, nous ne les laisserons pas sans défense.
— Je vais leur en parler.
Puis, me soustrayant à Galadriel dont les cheveux brillaient doucement sous la lumière naissante, je m'éloignais et me dirigeais vers la chambre d'Elrond et d'Elros, redoutant la discussion à venir. En m'approchant de leur chambre, je me fis la remarque qu'ils devaient encore dormir lorsque soudainement, un cri de terreur retentit. Paniqué, j'accourrai et découvris Elrond en train de s'empêtrer dans ses couvertures en poussant des cris terrifiés.
Je me précipitai à son chevet, paniqué de le voir se débattre ainsi dans son sommeil. Son jumeau dormait comme un bienheureux dans le lit adjacent. Ne sachant comment m'y prendre, je me penchais vers lui et pris sa main dans la mienne espérant que cela le calmerai. Par chance, l'expérience que j'avais acquise auprès de Thranduil me fut très utile car, Elrond se réveilla d'un seul coup et, ma main l'empêcha de se mettre debout et, de tomber par là-même du lit.
Puis, une fois qu'il eut compris que tout allait bien et qu'il était en sécurité, je retirai ma main pour lui laisser le temps de se repérer et de reprendre complètement ses esprits. Une fois fait, il remarqua ma présence et j'osai lui demander ce qui lui était arrivé.
— J'ai fait un rêve...
— Veux-tu m'en parler ? répondis-je doucement pour ne pas le brusquer.
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Les tribulations d'une plante verte - livre 1
Fiksi PenggemarPersonne ne le voit, mais lui il a tout vu. Voici l'histoire, longue, belle (et humoristique ?) d'un elfe né à l'aube du temps, qui connut la Terre du Milieu jusqu'à ce que les chants des Eldar ne s'éteignent à l'horizon de la mer. Il confia ses so...