Ce que femme veut - PART 11 - Les hommes

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Tous les soirs je m'endors en écoutant « Pourquoi les hommes » de Vitaa. C'est mieux que du Xanax.
Je crois que je suis plutôt douée en déco et j'aime bien ça mais Ça coûte une blinde « Maison du monde ». ça se voit que ce n'est pas maison du tiers-monde. J'ai défini un budget de 200 euros par mois pour meubler mon nouvel appart. A ce train-là, il sera génial en 2022. J'ai envie de me créer un véritable nid d'amour avec moi-même. Un lieu cocooning. Si je n'ai jamais vécu seule, j'ai toujours voulu avoir un espace à moi, un lieu que je décorerais, qui me ressemblerait. Avec Yanis, mon ex-mari ce n'était pas possible, il avait un avis sur tout et sa mère aussi.
En parlant d'elle, elle n'a toujours pas compris la situation. Sa dernière lubie c'est de m'appeler pour me demander de pardonner à son fils et de me remettre avec lui tout en acceptant d'être belle-mère. Une blague. Elle ne supporte pas sa nouvelle belle-fille et pense ( comme moi par moment) que son fils a été envoûté. Je lui ai conseillé de s'entretenir avec lui. Il a dû lui mentir, lui faire croire que je l'avais plaqué alors que ce n'est pas vrai, c'est lui qui m'a quittée pour sa « zumbagirl ». Les appels de mon ex belle-mère me stressent, sa voix stridente me replonge à chaque « s'il te plait ma fille » dans ma déprime. J'ai envisagé de la bloquer mais c'est une daronne ... J'ai peur qu'elle se vexe. Parfois je rejette ses appels mais je finis toujours par la rappeler. Je suis faible.
Yanis de son côté mène une vie assez pépère, il a posté une nouvelle photo de profil sur whatssap et y apparait très beau, barbe soignée, lunettes Ray-ban sur le nez. Au diable, le mec pétri de culpabilité, let's kiffer la vibe !
Bien sûr, je compte changer de numéro une fois le divorce prononcé mais en attendant je dois supporter sa présence virtuelle et téléphonique et ça me fait bien mal au bide.
Tout ce qui me permet de sortir la tête de l'eau c'est le soleil et la première vidéo que j'ai publié sur youtube ce matin. Elle est très courte, c'est une vidéo de présentation dans laquelle je parle de mes aspirations et ma passion pour le make-up. Elle a 34 vues pour le moment et je n'en rougis pas. Je ne l'ai même pas posté sur mes réseaux sociaux, je l'ai juste publiée en ajoutant quelques hashtags. Il faut bien commencer quelque part, je ne m'attends pas à avoir 10 000 vues en deux jours.
C'est très étrange de se voir en vidéo. Je me suis découverte amaigrie et un peu vieillie par la tristesse. Néanmoins j'aime à penser que cette vidéo est un point de départ et qu'avec le temps j'apparaitrais différemment. De toute manière je n'ai pas le choix que de me lancer. Sans projet, sans ambition, je ne tiendrai pas. Les sentiments qui m'animent sont si ambivalents qu'il faut quelque chose d'assez original pour me tirer de mon mal de vivre. J'ai vraiment peur de ne plus pouvoir aimer qui que ce soit, de ne plus être dotée de cette capacité. Je n'avais jamais expérimenté le « chagrin d'amour », genre le vrai. Je ne parle pas de se prendre un vent par un mec pour lequel on en pince ou cesser de parler à un potentiel chéri alors que ça fait 3 semaines qu'on échange nuit et jour au téléphone, non le vrai chagrin d'amour, celui qui anéantit tous les espoirs, qui pousse à se remettre en question, à trouver moins de goût aux aliments et à la vie. Le cœur qui se brise et laisse des débris coupants sur le sol de la solitude. C'est dingue comme ça modifie tout et laisse amère...
Toutefois je suis assez reconnaissante car la vie m'a donné certaines facilités, je crois encore que demain peut être meilleur. Je suis optimiste derrière mes larmes. Au risque de me répéter, je croyais vraiment que je ferais ma vie avec cet homme ... J'en étais persuadée, depuis des années. Et aujourd'hui, je dois tout reprendre, même les fondamentaux, comme vivre seule, gérer mes finances, me sociabiliser ou même changer une ampoule ... C'est risible mais quand on le vit ça ne l'est pas.
J'ai hâte d'atteindre la phase du « heureusement que tout cela est arrivé » mais pour l'instant je n'y suis pas du tout.
En ce dimanche très ensoleillé, j'ai décidé d'aller lire un livre de développement personnel sur un banc. J'ai toujours rêvé de faire ça mais je n'ai jamais osé. Je trouvais que ce n'était pas mon style, alors qu'en vrai tout le monde peut le faire ... Le Square Jacques-Bidault situé pas loin de chez moi est blindé quand je viens m'asseoir, un paquet de Pringles entamé à la main. Je sors le livre de mon sac et m'apprête à débuter ma lecture quand derrière mes lunettes noires l'image d'Erdem s'affiche. Il est accompagné. D'une femme. Ils quittent le banc qu'ils occupaient et se dirigent vers la sortie. Je les épie discrètement en prenant bien soin de ne pas être vue. Il est habillé en blanc mais ce n'est pas le plus important. La femme qui l'accompagne semble plus âgée que lui de cinq ou six ans mais ça non plus ce n'est pas le plus important.
Il est étrange ce gars. Il a l'air de draguer tout ce qui bouge... Et ça ne me plait pas qu'on habite si près l'un de l'autre. C'est une bonne chose en matière de peinture, oui, mais c'est tout. Je ne sais pas vraiment pour quelle raison mais je suis déçue. C'est comme s'il m'avait confirmé tout ce que je pensais de lui. Quelque part je pensais qu'il était mieux que ce que j'imaginais mais non ... Banal, prévisible, un mec de 2019 quoi.
Je me replonge dans ma lecture une fois qu'ils ont quitté le square.
Non mais les hommes et leurs incohérences ... J'en ris tellement c'est pathétique.

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