Ce que femme veut - Part 39 -Je ressens tout dans le ventre ...

506 43 2
                                    


Ça commence à faire long.
Vivre avec un mec j'avais oublié à quel point ça pouvait être stressant pour une femme comme moi. Erdem respecte plutôt bien le confinement et lorsqu'il ne travaille pas en écoutant du PNL, il reste près de moi. Il joue avec mes cheveux, mes mains, on chahute un peu comme deux gamins et j'adore ça mais je rencontre un problème technique.
C'est idiot, j'en ai conscience mais j'ai encore du mal à y aller quand il est dans l'appart ...
Il faut savoir que je suis constipée depuis l'adolescence. Ma daronne m'a emmené voir des médecins, m'a fait boire des thés plus amers les uns que les autres pour éradiquer le problème mais on dit que la constipation est liée au cerveau et à un manque de lâcher prise. Même en vacances avec Karima, j'ai des blocages mais je crois que le pire pour moi c'est quand je vis avec un homme. Les premiers temps de mon mariage avec Yanis, je ne pouvais y aller que lorsqu'il n'était pas là et je fermais la serrure de la porte d'entrée à double tours pour me laisser le temps de vider les lieux quand il rentrait.
Je ne sais pas d'où me vient ce blocage mental. Karima le fait la porte ouverte en parlant. Une malade. Je pense que c'est dans ma tête que ça ne va pas. Il y a quelque chose qui me pousse à avoir peur de quelque chose de super naturel. Je suis bizarre. Quand Erdem a été faire les courses en début de semaine, j'en ai profité pour libérer mes intestins mais ils sont à nouveau full et même lorsque PNL est à fond dans le salon mon corps ne veut pas coopérer.

" Je t'aime ouais ouais ouais, à la folie ouais, ouais, ouais, passionnément, ouais ouais ouais..."

J'ai carrément peur de l'occlusion intestinale et comme chacun sait c'est pas le moment d'être malade. Les médecins ont d'autres chats à fouetter.
Du coup, j'ai demandé à mon chéri d'aller me chercher du pain pita pour faire des mini-grecs maison.
- Sur l'attestation je mets « Pain Pita » il a demandé moqueur ?
- Non mais profites-en pour acheter d'autres trucs, des gâteaux, des chips pour l'apéro.
- J'ai fait des bêtes de courses y a trois jours il a rappelé, les placards débordent. T'as peur de manquer ?
- Oui mais je veux vraiment du pain pita, j'ai dit en jouant avec les cordons de son sweat.
- Viens on fait des frites et un steak et demain ou après-demain je ferai des courses si tu veux.
- T'as la flemme d'y aller ? J'ai mimé l'exaspération. Merci, c'est sympa ! Je fais à manger every day, je lance des machines, je te demande juste de faire les courses et de laver les vitres et c'est comme ça que t'agis? J'ai feint la déception en rejoignant la cuisine.
Etonné Erdem m'a suivi en me demandant si j'étais sérieuse ou juste mal lunée.
- T'as ... tes règles ? Il m'a questionné, perdu.
- Non pas du tout ! C'est un constat ... Algérien ou Turc visiblement niveau fainéantise c'est la même merde.
- Tu me compares à ton ex ?
- Non, je fais juste un parallèle ...
- Ah oui ce n'est pas la même chose, il a éructé vexé. J'irai refaire les courses demain matin, il a précisé. J'ai du boulot là.

Il a ouvert le frigo et en a ressorti des fraises. Il m'en a tendu une et a insisté :
- T'es sûre que t'as pas tes règles, t'es palotte je trouve.
En mâchouillant la fraise, j'ai eu une autre idée, le tacler sur son physique.
- Je trouve que tu devrais faire des footings de temps en temps. Tu travailles beaucoup puis pour garder tes abdos c'est mieux ...
- Je compte en faire un dimanche, tu viendras ? Il a demandé naïvement.
- Non, je ne cours jamais.
- Donc tu veux que je garde mes abdos mais toi tu ne veux pas en avoir ?
- J'aime bien ma graisse.
- Ça nous fera une sortie tous les deux, allez, enfile tes runnings ! Inès Bolt.
- Ou sinon, tu pourrais y aller maintenant ; courir et genre dimanche on irait faire des courses tous les deux.
Il a grimacé en attrapant une bouteille d'eau :
- Je suis éclaté et je n'ai aucune envie de faire du sport ce soir. Qu'est-ce que t'as on dirait que tu veux me dégager de l'appart.
- ...
Il a cherché la réponse dans mes yeux puis s'est écrié :
- Ah tu veux que je me barre en fait ?
- Non c'est pas ça.
- Ben visiblement si, un coup tu m'envoies aux courses, un coup tu veux m'obliger à courir ... t'en as déjà marre de voir ma gueule ? Faut le dire, sois honnête.
- Ce n'est pas exactement ça, Erdem.
- Exactement ? Il a repris en quittant la cuisine énervé.

Le ventre en vrac, je l'ai suivi. Il a continué à se vexer tout seul, en avançant qu'il avait un appart et pouvait très bien rentrer chez lui, il était inutile de prétexter des trucs débiles. Face à son attitude, j'ai compris qu'il valait mieux s'afficher en passant aux aveux que le laisser croire que sa présence m'importunait.

- Bon, OK, il y a une raison à ces invitations à sortir mais d'une ne te moque pas et deux on ne reparlera plus jamais de ça, j'ai fait très gênée.
Suspendu à mes lèvres il m'a demandé d'accoucher.
- Je peux pas j'ai dit tout à coup, embarrassée. Laisse tomber.
- Ben si tu peux pas, pas de souci. On se revoit après le confinement, alors.
- Non, vas juste faire un tour.
- Je suis ton chien ? Il a demandé passablement irrité.
- Wow pas besoin de s'énerver !
- Je m'énerve parce que tu me dis pas clairement les choses.
- Ben c'est intime, t'es marrant toi !
- OK, mais c'est dans le concept du couple en fait ... il a dit en baissant le ton. Y a des choses qui te concernent personnellement mais comme ça impacte ta relation, t'es obligé de t'en ouvrir à ton partenaire ...
- OK... J'ai un problème, j'ai dit d'une manière solennelle en pointant mon ventre de l'index.
Pendant que je cherchais mes mots, Erdem a mis sa tête dans sa main et a bougonné inquiet.
- Une IST?.
- Une quoi ? J'ai postillonné.
- Non c'est pas ça ?
- Une IST j'ai répété en criant mais tu me prends pour la dernière des crasseuses !
- Rien à voir, mais t'as montré cette région et tu dis que t'as pas tes règles, il s'est défendu.
- J'ai montré mon ventre, espèce d'obsédé !
- OK, continue.
- Non je continue pas, t'es un malade, tu me traites de crasseuse et tu crois que je vais te confier un secret, tu m'as énervé, c'est bon.
Il a éclaté de rire en soutenant que ça lui avait traversé l'esprit parce qu'il avait lu un article sur le sujet. Il a essayé de passer sa main sous mon pull.
- Vas-y parle pas avec moi, j'ai fait en le rejetant.
- Mais ça va Inès, tu forces.
- Tu doutes de mon hygiène et genre je force ? C'est pas parce que t'as fréquenté des meufs chelous que toutes les meufs le sont. J'ai jamais eu de problème dans cette zone, même pas une mycose.
- OK, bravo, mais même si t'en avais ben on aurait régularisé ça, c'est pas un gros problème non plus, il a fait, ça arrive à des gens très bien, allez dis-moi ce que tu voulais me dire.
- Non la vérité j'ai plus envie de parler, tu m'as dégoûté.
- T'es une putain de susceptible, il a fait. Je m'excuse d'avoir pu penser que c'était une IST, maintenant dis-moi ce que t'as, qu'on avance.

Il m'a regardé presque sans cligner des yeux alors que je demeurais silencieuse pendant deux minutes. Face à son insistance j'ai accepté de confesser mon lourd secret.

- Depuis très jeune j'ai des problèmes intestinaux, je suis très régulièrement constipée ... Et depuis quelques temps ça allait mieux sauf que comme on vit ensemble, ça recommence et j'arrive pas ...
Parce que dans ma tête j'arrive pas à lâcher prise et je suis quasiment sûre que c'est parce que t'es dans les parages parce que quand t'es descendu faire les courses ben ça allait mieux ...
Un sourire s'est dessiné sur ses lèvres. Je l'ai menacé :
- Sur ma vie si tu te moques ... ben ... ça se fait pas!
- Non mais je me moque pas mais c'est mignon, il a déclaré en pouffant de rire.
- Non c'est pas mignon, faut que tu partes une demi-heure!
- Une demi-heure il a fait en riant, mais tu comptes briser les chiottes ?
- Erdem, arrête, c'est pas drôle, j'ai mal au ventre de fou!
- Mais chérie, je mets de la musique et tu fais tes affaires.
- Ça ne marchera pas, j'ai assuré. Mentalement, je resterai bloquée, il faut que tu sois hors du bâtiment.
- Bâtiment carrément, il a continué à rire, la distanciation sociale c'est pas du bluff avec toi.
Hilare, il a imprimé une attestation et a mis ses baskets pour faire du sport.
- 20 minutes il a fait moqueur, c'est suffisant ?
- 30 c'est mieux.
- ...
- Et bébé, on en parle plus hein.
- Ben si je dois sortir à chaque fois que t'y vas ...
- Mais non ça va se réguler, avec mon ex c'était comme ça le premier mois mais après je m'étais mentalement habituée.

Il m'a souhaité bon courage en se moquant et il est parti.
Seule dans mon appart, le lâcher prise pouvait commencer ...

Ce que femme veutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant