is it love colin

chapitre 51

L'enregistrement de l'album s'est passé mieux que nous l'aurions imaginé.  Je ne me suis pas disputée avec Doris. Nous n'avons pas reparlé de notre prise de bec. C'est très bien ainsi. Il n'y aurait vraiment rien eu de plus à ajouter. Autant tirer une croix dessus et oublier cette incident.  Nous savons ce que chacune pense de l'autre,  au moins c'est clair.

Nous avons fini d'enregistrer onze morceaux et nous achevons tranquillement le dernier. Doris est concentrée sur sa basse. Elle jette parfois quelques coups d'oeil éloquent à Colin, mais celui-ci semble l'ignorer.

Les garçons m'ont laissé un champ de liberté plus grand pour m'exprimer au piano. Doris a eu l'air de bouder, puis de s'en foutre. Je préfère me concentrer sur la musique et m'en délecter.

Même s'il règne encore une certaine tension entre nous, car personne ne veut échouer,  l'atmosphère est tout de même plus détendu qu'au départ. Colin a retrouvé toute son assurance.  Comme s'il contaminait les autres, nous sommes aussi plus à l'aise avec nos instrument et notre manière de jouer ensemble.

Adam est de nouveau plein de fougue. Il tape avec énergie sur ses fûts et donne un tempo redoutable.  La mélodie au piano tamise son ardeur et offre à la musique une touche plus suave.

J'en suis fière.  J'ai réellement apporter quelque chose au groupe avec mon piano, et c'est ce quelque qui leurs manquer pour se faire remarquer.

À la fin de la journée nous sommes tous épuisés mais heureux. L'album est bouclé.  Je surprend Colin en train de chuchoter quelques mots à Adam. Celui-ci hoche la tête.

Adam jette un coup d'oeil vers moi en souriant. Doris le scrute d'un air irrité.  En même temps, elle semble tout le temps agacée. Elle range ses affaires et ramasse sa veste, prête à partir.

Adam s'éloigne de Colin et s'approche de Doris. Il l'attrape par le bras et l'entraîne vers la porte du studio.

Adam- J'ai besoin de toi, ma belle.

Il lui chuchote quelques mots à l'oreille. Doris grogne, puis acquiesce en se laissant entraîner vers le couloir. Colin est occupé à refermer une housse de guitare.

Shaïna- Où il vont?

Colin- Adam veut que Doris lui file un coup de main pour choisir une nouvelle veste qu'il portera au prochain concert. Il est très tatillon.

Il redresse la tête et me considère avec une gravité surprenante, tandis que je croise les bras sur ma poitrine. Je plisse les paupières en lui lançant un regard noir, ce qui finit par le dérider.

Colin- Ok  pas très convaincant,  j'aurais pu trouver mieux.

Shaïna- Je ne te le fais pas dire. Alors?...

Colin- J'avais envie d'être un peu seul avec toi.

Colin repose la guitare sèche qu'il tenait dans sa hausse noire et s'installe devant un micro. Il me fait signe de m'approcher de lui, près d'un micro.

Colin- J'ai une surprise pour toi.

Mon cœur bat la chamade, sans même savoir pourquoi. Je pose les mains à plat sur mes cuisses. Colin repousse une mèche de cheveux noir qui vient lui chatouiller la joue, puis son regard vient hanter le mien.

Un sourire ourlé ses lèvres délicate quand la musique commence, puis il se met à chanter sur les notes de sa guitare.  Mon coeur se fige dans ma poitrine.

Colin- J'ai l'impression de mourir chaque fois que je t'aime... Je te suis et t'espère... tu ne me vois pas .

Il ne tient pas mon calepin dans les mains. Il connait les paroles. Il a passé du temps à répéter mon texte. Il a enregistré l'accompagnement guitare quand je n'étais pas là.

Son regard ne devient pas du mien. J'imagine ses mains sur mon corps. J'ai presque l'impression de les sentir, et de plus en plus fort à chaque fois qu'il reprend un couplet avec une intensité nouvelle.

Il doit voir sur mon visage ce que j'imagine et s'apercevoir que mes yeux s'attardent sur ses mains. Il semble remarqué mon trouble et en joue pour d'avantage me faire plaisir. Mes yeux me brûlent, tant j'ai envie de pleurer de joie.

Colin- Je me demande comment tu embrasse le matin... comment tu caresses la nuit... je me demande qui tu es chaque jours... entends-moi te crier à quel point je t'aime... entends-moi...

Colin ne peut ignorer ni ma détresse ni ma joie. Je suis parfaitement transparente. Il sait sûrement à présent ce que je ressens. Durant la pause, où seule la guitare joue, il murmure tendrement :

Colin- Chante avec moi, chaton. Tu connais les paroles mieux que moi.

Je veux savourer ce moment. Je me rend compte à quel point il a chamboulé ma vie. Mon travail, ma passion, tous les aspects de mon existence,  sans compter le fait que je ne voulais plus aimer à nouveau un homme. Mais j'aime ça. Il m'a fait retrouver des sensations que j'avais oublier depuis Adrian. Il m'a fait rejouer du piano, la sensation que cela me procurer.

Colin- Allez...

Il m'offre un franc sourire. Il repose sa voix sur les paroles de ma chanson et je mêle la mienne à la sienne, sans hésitation. Il s'approche de moi, nos corps se frôlent. Il me sourit tout en chantant.

Il baisse un peu le ton pour que nous puissions nous accorder.  Je ne veux pas rompre ce moment magique. Sur l'enregistrement de la guitare, j'entends qu'il a dû pincer les cordes avec plus de force et de passion.

Colin/Shaïna- Si seulement je pouvais... si seulement je pouvais tout t'avouer.

Colin- Je pourrais t'aimer si seulement tu me laisser approcher.

Mon cœur bondit, frappe, martèle violemment dans chaque fibre de mon être. La voix de Colin est pleine de sensualité, pleine de sous-entendus.  La mienne aussi, et je crois qu'il le perçoit très bien.

Et son regard a l'air d'embrasser chaque ligne de mon visage, chaque courbe de mon corps. Nous avons tous les deux l'habitude de chanter des histoires d'amour... mais là, c'est différent.

Cette fois c'est sa façon de chanter pour moi, et moi pour lui. J'en tremble de la tête au pieds. Je ne peux pas rêver ce regard. Il ne peut pas simuler une telle étincelle, et je ne peux pas l'inventer. Impossible!

Colin/Shaïna- Tant pis si je m'écroule, je n'aurais pas tout perdu. Parce que c'est toi... Parce que c'est toi, j'ai hérité d'une nouvelle force...

Nos voix sont à l'unisson et, le résultat est agréable, mélange de force et de fragilité.  Lorsque la voix de Colin se suspend sur la dernière note, je ne suis plus qu'une ombre.

Colin- Hum... c'est pas mal.

Ce sont les seuls mots qu'il prononce.