~Ocho~

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Ander: Dis-moi, vu qu'on va devoir attendre quelques minutes, il va falloir passer le temps, et tu ne m'as pas parlé de tes parents toi.

Aïe. Le moment que je redoutais le plus était arrivé; le moment où je devais parler de mon père et de ce passé douloureux... D'un coup, les souvenirs de cette période me sont revenus en tête, la peur refit surface, mon corps se crispa et mon souffle se coupa...

Ander-en s'approchant de moi: Hé Camila? Ça va? Qu'est-ce qui t'arrives? T'es devenu étrange d'un coup...

Ander avait remarqué ce malaise, avait remarqué que mon sourire et ma bonne humeur avait disparu, laissant place à de l'anxiété et un silence de mort... Je ne pouvais plus me cacher bien longtemps...

Camila: Je...euh...c'est juste que c'est assez difficile pour moi d'en parler...je...euh...

Ander: Si tu ne veux pas m'en parler ce n'est pas grave, je ne veux pas te forcer à faire quoi que ce soit si tu ne le veux pas. Tu me parleras un jour, si tu le souhaites, et quand tu seras prête.

Camila: Non Ander, je ne peux plus me cacher. Tu as le droit de connaître la vérité, surtout que ceci a un rapport avec mon arrivée à Madrid. Je vais te parler...

Il acquisa d'un simple hochement de tête, avant de venir s'assoir à coté de moi, sur le muret se trouvant en face du club. Il était vraiment proche, comme s'il voulait montrer qu'il était là pour moi, que je pouvais avoir confiance. J'appréciais ce sens de l'écoute et cette compréhension que celui-ci pouvait avoir. Mais maintenant, il fallait que je me lance...

Camila: Il y a encore deux ans, je vivais à Séville avec mes deux parents et mon frère, nous avions même un chat. Nous étions une famille heureuse et soudée. Ma mère elle a crée sa propre marque de vêtements, tandis que mon père était un grand chef d'entreprise. Mais ce que nous ne savions pas, c'était que son entreprise rencontrait pas mal de difficultés financières, le poussant donc à réaliser toutes sortes de trafics et rencontrer des personnes peu fréquentables si tu vois ce que je veux dire. A force, mon père leur devait de l'argent, des dettes s'élevant à des montants abominables qu'il ne pouvait bien-sûr pas rembourser. Alors un jour, ces malfaiteurs ont décidé de changer de technique et de passer aux choses sérieuses...

Je marqua une courte pause. Parler de cela me faisait énormément de mal... Mes yeux se remplissaient de larmes qui venaient par la suite se poser sur mes joues sans que je ne puisse les retenir... Ander, posa sa main sur ma cuisse, me montrant encore une fois sa présence rassurante.

Camila: Un soir, Matéo et moi rentrions du lycée. Arrivés dans l'entrée, nous avons découvert notre maison sans dessus-dessous. Nous avons d'abord pensé à un cambriolage, mais, lorsque nous avons trouvé notre mère assise sur le canapé, complètement paniquée, en pleurs, des bleus sur le visage, nous avions tout compris...

Les larmes se multipliaient. Elles tombaient toutes seules sur mes joues sans m'avoir demandé la permission. Je n'arrivais pas à m'arrêter... Ce moment où j'avais découvert ma mère dans cet état avait vraiment été un traumatisme pour moi, un traumatisme qui refaisait surface à chaque fois que j'en parlais ou encore à chaque fois que j'y pensais...

Ander se tourna vers moi, posa sa main sur ma joue et essuya mes larmes à l'aide de son pouce.

Ander: Camila ne te sens pas obligé de me raconter la suite...je n'aime pas te voir dans cet état...

J'attrapa sa main qui était toujours positionné sur ma joue et la serra de toutes mes forces. J'avais besoin de faire cela. J'avais besoin de sentir sa peau contre la mienne. J'avais besoin d'un contact physique entre lui et moi pour me redonner la force de continuer.

Camila: Mon père était parti. Il avait fuit. Nous laissant seuls dans ses manigances avec lesquelles nous n'avions rien à voir. Ma mère nous a dit qu'elle avait prévenu la police et que tout allait s'arranger, que nous n'avions aucune raison de nous inquiéter ; mais moi je n'en étais pas si sûre, mon instinct me disait que ce n'était que le début de ce cauchemar... Et j'avais raison .Quelques jours plus tard, je reçu un message anonyme me disant que la prochaine fois, c'est moi qui allait souffrir...

Ander n'avait pas lâché ma main, elle était toujours la dans la sienne. Il effectuait des petits cercles avec son pouce sur le dos de celle-ci; un geste qui me calmait, qui me rassurait.

Camila: Mon père parlait de moi comme si j'étais la prunelle de ses yeux, il s'occupait de moi comme si j'étais une princesse et avait toujours été là pour moi. Il disait souvent que s'il m'arrivait quelque chose, il s'en voudrait énormément puisque cela voudrait dire qu'il n'aurait pas réussi à me protéger. Mon père nous aimait, je ne peux pas douter de son amour, mais il avait fait de mauvais choix.. Je suppose qu'en s'attaquant à moi, les malfaiteurs pensaient que mon père allait réapparaitre et leur donner ce qu'ils attendaient, mais ceci ne fut pas le cas... J'ai reçu plusieurs menaces, plusieurs messages, plusieurs lettres, mais je ne les ai jamais rencontrés. Si je suis venu ici, c'est pour fuir moi aussi, mais pas pour les mêmes raisons que mon père. J'avais peur constamment, alors je me suis dis que changer de ville allait peut-être me faire prendre un nouveau départ et oublier tout ça. J'espère aussi que cela les empêchera de me retrouver et de reprendre ce qu'ils avaient commencé... Je ne sais pas de quoi ils sont capables, et ça me fait peur Ander, même s'ils ne s'en sont jamais pris à moi physiquement...Enfin si.. mais je n'ai pas le courage de t'en parler... du moins pas maintenant...désolé...

Sans plus attendre, Ander me pris dans ses bras, et je pleura toutes les larmes de mon corps. Ses bras autour de mon corps, ma tête dans son cou, sa main dans mes cheveux; je ne pouvais espérer mieux comme réconfort. Mais ce beau moment fut de courte durée puisque j'entendis un bruit de moteur, sûrement le chauffeur qui venait d'arriver, m'obligeant donc à quitter à contrecoeur l'emprise d'Ander. Nous montions alors tout les deux dans la voiture et prenions la route menant jusqu'à chez moi.

Ander: Je suis désolé pour tout ce qui t'es arrivé Camila, tu ne mérites vraiment pas ça...Je n'aurais pas dû te forcer à parler non plus, je m'en veux terriblement... Je suis désolé...

Camila: Ne t'excuse pas, ce qui m'est arrivé n'est pas de ta faute. Et pour tout te dire, ça m'a fait du bien de te parler, j'ai l'impression d'être libérée d'un poids.

La voiture s'arrêta, ce qui voulait donc dire que j'étais arrivée à destination. Je descendis alors du véhicule, Ander à mes cotés, lui redonna sa veste et le remercia pour cette soirée.

Ander: C'est plutôt à moi de te dire merci

Camila: Et pourquoi ça?

Ander-me faisant un petit sourire: Juste merci

Je l'embrassa sur la joue avant de lui souhaiter une bonne nuit et de lui tourner le dos pour regagner l'entrée de ma maison; le laissant à l'entrée de mon jardin, avec son sourire et ses petits yeux de biche qui me regardaient marcher jusqu'à atteindre ma porte d'entrée...

EliteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant