Samedi 26 juin 2021
Lucie Costa
Nous somme arrivés au camping hier soir pour passer une quinzaine de jour en famille. Ben a fini sa saison avec le club et l'équipe de France.
La nuit a été courte pour ma part entre mes nausées et le chien qui n'a cessé de faire du bruit. Et oui notre famille c'est agrandie. Benjamin s'est porté bénévole au refuge de la SPA lors d'un week-end ouvert à l'adoption. Il a craqué sur Pénalty, un croisé Jack Russell âgé de 2 ans, fan du ballon rond.
Bien sûr, il a emmené Lucas dès le lendemain, pour lui présenter cette petite boule de poils et notre Petit Lu' n'a pas résisté non plus. Les deux hommes m'ont suppliée pour que j'accepte que nous adoptions ce chien, en me sortant toutes les excuses possibles. Celle qui m'a le plus marquée, "Il s'appelle Pénalty, c'est un signe. Quoi de mieux qu'un footballeur pour accueillir un chien fan de foot". Cette excuse ne m'a pas été sortie par un enfant de trois ans, non mais par un adulte de vingt-cinq ans. Je me demande parfois si je vais épouser un adulte responsable.
Le jour où je me suis rendue à mon tour au refuge, pour enfin rencontrer cette petite tornade sur pattes, j'ai craqué. Mon homme avait raison, Pénalty est plein d'énergie mais aussi très affectueux.
Je ne regrette pas d'avoir cédé. Cette petite boule de poil égaye nos journées. Il s'est très vite adapté à la maison, a compris dans quelles pièces il pouvait mettre ses pattes et dans lesquelles, il ne le pouvait pas. Je l'ai emmené une première fois au centre équestre, il n'a pas été effrayé par les chevaux, se sentant même dans son élément.
Lucas a absolument voulu qu'il dorme dans sa chambre. Réticente au départ, j'ai fini par accepter à condition que Pénalty dorme dans son panier au pied du lit. Nous voilà donc avec un nouveau membre dans la famille, la famille digne d'une couverture de magazine.
Depuis notre week-end en mai, notre relation est idyllique. Je nage dans le bonheur. Je ne peux pas faire plus cliché qu'un téléfilm à l'eau rose quand je pense à nous. Les disputes sont inexistantes, la communication est revenue et si Ben savait pour ma suspicion de grossesse ce serait encore plus parfait.
Cette nuit, l'orage a grondé au camping et notre petite boule de poils n'a pas cessé de gratter à la porte de la chambre. J'ai donc été obligé de me lever pour le faire entrer. Quand il s'est calmé, ce sont mes nausées qui m'ont empêché de dormir. Nausées matinales qu'on me disait, mais bien sûr. Les médecins oublient de préciser que cela peut avoir lieu à n'importe quel moment de la journée ou de la nuit.
Je n'ai pas encore fait de test de grossesse, mais je suis à 99% sûre que je suis enceinte. J'ai des nausées et un retard, cela ne peut pas être le signe d'autre chose. Je n'ai encore rien dit à Ben, préférant attendre suite à ma première grossesse ayant aboutit à une fausse couche.
Le sommeil envolé, je pars à pied à la boulangerie du centre ville. Marcher dans la fraîcheur matinale me fait du bien. Je profite de cet instant, seule, les écouteurs dans les oreilles, pour réfléchir à mon avenir, à notre avenir.
Essayer de tomber enceinte est une chose, mais l'être en est une autre. Suis-je prête à prendre le risque de revivre ce que j'ai vécu ? Je ne veux pas envisager le pire mais il m'est difficile de ne pas y penser quand ma première grossesse date d'un peu plus de six mois et qu'elle n'a pas aboutit. Si cette grossesse n'évolue pas correctement, je ne sais pas dans quel état, j'en ressortirais.
La pharmacie du centre ville est ouverte. Je m'y arrête pour acheter un test de grossesse ou plutôt deux. Je demande également une boite de Donormyl pour mes nausées*. Si toutefois, le comprimé ne me coupe pas les nausées, il me fera au moins dormir.
De retour au bungalow, je dispose les croissants et pains au chocolat sur la table. Je récupère des bols et des verres dans le placard. Le jus d'orange, le café et le chocolat ne tardent pas à venir trouver place sur la table.
Benjamin sort avec Lucas à sa gauche et Pénalty à sa droite.
- Mon trio préféré est enfin réveillé, m'exclame-je.
- En même temps, on est ton seul trio, rétorque Ben. Il se penche pour m'embrasser. Tout cela a l'air très bon, s'enthousiasme-t-il.
Il s'installe, Lucas sur ses genoux. Je lui fais comprendre du regard qu'il a une chaise et qu'il a passé l'âge d'être sur ses genoux, mais il hausse les épaules et me sort "c'est les vacances" comme si cela excusait tout. Nous mangeons avant de partir faire une balade à vélo. Je n'ose pas dire à Benjamin que je préférerais rester au bungalow pour me reposer.
***
Quelle balade ! Je suis crevée et Ben encore plus. En revanche Lucas est plein d'énergie. En même temps, être dans le siège à l'arrière, à seulement profiter du paysage, il n'a pas pu se fatiguer. C'est censé être des vacances mais je suis plus épuisée qu'en temps normal.
Benjamin se jette sur le lit, telle une étoile de mer. Je lui donne un coup de pied dans sa jambe qui dépasse du lit.
- Va prendre une douche avant de salir les draps, gros feignant.
Il grogne de mécontentement mais se lève quand même. J'entends l'eau coulée sous la douche. Je m'occupe du repas du midi avec l'aide de mon comis du jour, Lucas.
Benjamin sort de la salle de bain et se présente devant moi, torse nu. Il a vraiment décidé de me faire craquer. Je me mords la lèvre inférieure, en le scrutant du regard, alors qu'il s'assoit à coté de Lucas et lui montre comment couper les tomates pour la salade.
- Bon, je te laisse finir, je vais prendre ma douche à mon tour, le préviens-je.
Je referme la porte de la salle de bain et souffle pour évacuer la sensation de chaleur qui a envahit mon corps. Même sans test de grossesse, le doute n'est plus permis. J'ai les hormones en feu à la vu du torse de mon homme.
Mais j'attrape quand même les deux tests de grossesse cachés dans mes affaires de "fille". Je sais qu'il est préférable de le faire le matin au réveil mais tant pis. Je ne peux pas attendre pour enfin savoir. Je déballe le premier test puis le second. Je n'attends pas de voir le résultat et rentre directement sous la douche.
Je laisse l'eau coulée sur mon corps. Je ne veux pas quitter cet endroit, je ne veux pas voir le résultat. Je veux que ce 0,1% d'incertitude soit ce qui s'affiche sur le test, je veux qu'il soit négatif.
Mon fiancé toque à la porte. Je coupe l'eau.
- C'est prêt. C'est quand tu veux pour venir manger.
- J'arrive.
Je sors de la cabine et m'enroule dans une serviette. Je fixe le miroir, incapable de regarder le résultat. Je ferme les yeux et attrape les deux test. J'ouvre un oeil, puis l'autre : positif sur les deux tests.
Je commence les calculs dans ma tête. Le week-end du 22 mai, c'est ce week-end là. Je suis donc à 7 semaines d'aménorrhées. Ce petit être en moi a déjà 5 semaines. Je pose ma main sur mon ventre.
Je sors de la salle de bain et me dirige vers la chambre. Je cache les deux tests de grossesse dans la valise et enfile un short et un maillot. Mes deux hommes sont installés autour de la table. Je souffle un bon coup pour me donner du courage et me dirige vers eux.
- Ah, voici la plus belle !, s'exclame mon fiancé. Ça va ? Tu es toute pale.
- Oui, ça va. Je suis juste fatiguée par la balade à vélo, mens-je à moitié, alors que je m'assois à côté de lui.
- Manger te fera du bien.
Est-ce que je l'annonce maintenant à Benjamin, ou j'attends de passer le premier trimestre ? Quelle est la meilleure solution ?
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* Le Donormyl® (Doxylamine) est un anti-histaminique H1 sédatif accessible sans ordonnance, utilisé pour les insomnies occasionnelles et troubles du sommeil, mais il se trouve qu'il possède aussi une action dans les nausées et vomissements de la grossesse (il possède l'autorisation de mise sur le marché au Canada et aux USA pour cette indication mais pas en France). Il est donc utilisable et même prescrit par certains médecins.
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Tome 1 - Un Amour Inattendu - B. Pavard ✔️
Hayran KurguUne pharmacienne + Un footballeur + Une rencontre = Un coup de Foudre ? Cette simple addition est le début d'une belle histoire. Les choses les plus simples conduisent souvent, pour ne pas dire toujours, au bonheur. Nos deux héros vont s'aimer ça...