36 - Blake

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Elle sourit, malicieuse, puis d'un geste délibéré, elle baisse la braguette de mon pantalon, le laissant descendre légèrement. Je ferme les yeux, mes bras venant se couvrir mon visage pour essayer de calmer le feu qui brûle en moi.

Elle me caresse alors, du bout de ses ongles, faisant naître des frissons le long de ma peau. Chaque contact est comme une décharge électrique, ravivant encore plus mon désir pour elle.

— Putain..., je jure, tentant de reprendre mon souffle.

Elle me prend alors en main, et commence des mouvements de va-et-vient, maladroits, comme si elle n'avait pas souvent fait cela auparavant. Je sens le plaisir monter en moi, incontrôlable, alors que je me perds dans la sensation de ses doigts. Je prends doucement sa main dans la mienne, et la guide, essayant de lui montrer comment me donner plus de plaisir. Ses yeux brillent d'excitation alors qu'elle suit mes indications.

— Joséphine...

Sans perdre de temps, mes instincts prennent le dessus. J'attrape fermement ses hanches et la guide sur moi, la frottant contre moi, laissant nos désirs s'entremêler. Un petit cri de surprise mêlé de plaisir échappe de ses lèvres, m'encourageant à continuer. Soudain, je sens une bouffée de passion m'envahir, et je l'attire brusquement vers moi, plaquant mes lèvres contre les siennes. Ses lèvres chaudes et douces sont un feu d'artifice dans ma bouche, et bordel qu'elles m'avaient manqué.

Elle gémit entre deux baisers, ses mouvements devenant plus frénétiques. Mes mains se perdent dans ses cheveux, la guidant vers moi, cherchant à la rapprocher encore plus.

— J'ai envie de toi, lâche-t-elle dans le creux de mon cou.

— Je veux pas que tu regrettes...

— Pourquoi je le regretterais ?

— Tu es tellement différente de moi, je murmure.

Elle s'arrête alors et se redresse, son regard empli de frustration.

— Je suis pas assez différente pour que tu me touches visiblement, réplique-t-elle.

— Joséphine... j'essaie juste de te protéger, et je sais que te faire l'amour va tout changer pour toi.

— Parce que pour toi non ?

Je pince les lèvres, me sentant coincé dans mes propres contradictions.

— Si, bien sûr que si, avoué-je.

Elle ne semble pas convaincue et se dégage de moi pour venir se remettre sur le siège passager, repliant ses bras sur sa poitrine.

— Jo...

— Je suis comme toutes les autres ? demande-t-elle d'un air blessé.

— Tu serais comme toutes les autres, je t'aurais déjà baisée, je réponds sans réfléchir.

— C'est censé me rassurer ? réplique-t-elle avec sarcasme.

Je me retiens de péter un plomb, comprenant que mes paroles l'ont touchée plus que je ne l'aurais voulu.

— Bordel, je t'aurais pas ramenée ici si tu étais comme "toutes" les autres (même si elles sont au pauvre nombre de deux).

— Je veux rentrer.

— Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? je demande, agacé par son comportement.

Elle écarquille les yeux, incrédule.

— Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? C'est toi qui me dit ça ? Tu me traites comme une pauvre gamine en essayant de me protéger de je ne sais quoi. Je te demande même pas de quoi parce que je sais que tu me le diras jamais, tu me rediras : "Ça te concerne pas, Joséphine", m'imite-t-elle, accentuant chaque mot pour se moquer de moi.

Sa façon de faire la maline me fout en rogne. Je tire mon pantalon en place, puis je démarre la caisse. Le moteur rugit quand je mets le contact, et je tourne sec pour faire demi-tour. Je serre le volant comme si ma vie en dépendait. J'allume une clope, la fumée sortant par la fenêtre ouverte, comme si elle prenait un peu de la pression qui me colle. Le silence dans la bagnole est épais comme de la boue, chargé de trucs qu'on se dit pas et d'un malaise de dingue. Je sens que Joséphine est en colère, blessée par mes paroles et mes actions. Je ne voulais pas la blesser, je voulais seulement la protéger, mais je me suis trompé. Je suis frustré, furieux contre moi-même d'avoir agi comme un con. Je me la jouais sûr de moi, sûr de mes choix, mais maintenant je doute de tout.

La clope se consume vite entre mes doigts pendant qu'on se rapproche de Seattle. Je jette un coup d'œil à Joséphine, à côté de moi, le regard dans le vague. La tristesse brille dans ses yeux, et je sais que c'est en partie de ma faute.

Nous arrivons à la résidence, dans le parking. J'arrête la voiture, mais avant que je puisse dire quoi que ce soit, elle ouvre rapidement la portière, saisit son sac et sort précipitamment. On dirait qu'elle veut se barrer loin de moi. Je me mords la lèvre en poussant un soupir de frustration. Je sais pas quoi dire ou faire pour recoller les morceaux. J'ai envie de la rattraper, de la retenir, de m'excuser, mais je reste bloqué sur mon siège, à tout retenir pour pas tout faire péter dans la caisse. Par un élan presque incontrôlable, je serre le volant à fond et je mets le moteur en route, la caisse rugit pendant que je fuis le parking. Dans le rétro, je la vois brièvement tourner la tête, et ça me fait mal de voir ce qui semble être des larmes sur ses joues. Comme par réflexe, j'allume une autre clope pour calmer mes nerfs pendant que je file vers mon vieux bar, enfin plutôt mon bar maintenant. Il faut que j'oublie cette fille, vite, maintenant.

En me garant, je bondis presque hors de la voiture. J'entre dans le bar, et le brouhaha ambiant semble se calmer l'espace d'un instant, comme si tout le monde avait perçu l'orage qui gronde en moi. Jared et Shawn, lèvent les yeux vers moi, mais je les ignore, ayant une seule putain d'idée en tête. Mon regard balaie la salle, cherchant quelque chose, n'importe quoi qui puisse m'aider à détourner mon esprit de cette fille qui hante chacune de mes pensées. Je me saisis d'un verre vide devant moi et je commande un whisky sans même m'en rendre compte.

J'aperçois alors Rachel à côté de la scène, en train de parler à des mecs que je connais pas. Je m'approche d'elle, puis d'un geste presque brutal, j'attrape son bras et l'emmène dans les toilettes du bar. Je referme derrière nous puis laisse mon regard parcourir son corps avant de me jeter sur elle. Son corps réagit instantanément au mien.

Ce ne sont pas les mêmes lèvres, la même bouche, la même odeur. C'est pas la même sensation, pas la même putain de chaleur. Je fais de mon mieux, essayant de m'imaginer que c'est elle. Mais merde, rien ne marche, elle sort pas de ma foutue tête.

Je sors des toilettes et retourne dans la salle du bar. L'ambiance est animée, la musique résonne dans mes oreilles, mais je suis incapable d'y trouver le moindre réconfort. Je m'approche du bar et commande un whisky. L'alcool brûle ma gorge, mais ça ne fait que souligner davantage le vide que je ressens en moi. Rachel, qui m'a suivi depuis les toilettes, s'approche de moi avec un sourire malicieux.

— Bah alors, qu'est-ce qui va pas chez toi ?

Je lui jette un regard froid, mais je ne trouve pas la force de lui répondre. Rachel semble comprendre que je ne suis pas d'humeur à plaisanter. Elle hausse les épaules et s'éloigne, cherchant une autre proie pour la soirée.

Pourquoi tout le monde me répète cette même putain de phrase ? Comment j'ai pu gâcher ce genre de moment, bordel ? Ça faisait combien de temps que je rêvais de la toucher et je me comporte comme un putain de con ? J'essaie de la protéger mais bordel est-ce que j'en suis réellement capable ?

OUR FALLEN SOULS [FR] (High Enough) - tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant