Une vague de dégoût me traverse de la tête aux pieds, mais je reste immobile.
— Tu voulais me parler, apparemment. Je suis là maintenant, je rétorque d'une voix cassée, luttant contre les émotions qui menacent de me submerger.
Je vacille légèrement, pris entre l'envie de lui fracasser la gueule sur-le-champ ou de tout simplement partir d'ici, de laisser ce connard dans son foutu univers de merde.
— Viens, m'ordonne-t-il d'un ton autoritaire, me laissant planté sur le perron.
Je redresse la tête, inspirant profondément pour tenter de calmer mes putains de nerfs à vif. L'odeur familière de la maison me frappe de plein fouet. C'est toujours la même putain d'odeur. Un mélange de fleurs, je crois. J'ai jamais su lesquelles.
J'entre dans la maison, claquant la porte derrière moi d'un coup de pied, un geste de défi. Je prends le temps d'observer l'intérieur, scrutant chaque détail. Il a retiré toutes les photos de famille qui jadis ornaient les murs et les meubles. Il a refait toute la tapisserie. Les murs du salon sont peints en rouge avec des bandes dorées, un putain de mélange kitsch qui reflète parfaitement sa personnalité de merde. Il est assis sur le grand canapé en cuir noir, face à la cheminée, une image de faux confort. Je fixe sa main, tenant fermement son verre. La même main qui me frappait, me tabassait, me brisait pendant des putains d'années. Ses jointures sont encore marquées par les coups qu'il me foutait, des cicatrices visibles de notre foutu passé torturé.
D'un geste instinctif, je rabaisse les manches de mon sweat noir, les tirant pour recouvrir mes mains, comme pour cacher les marques invisibles de ma putain de souffrance.
— Pourquoi es-tu parti du bar ? me demande-t-il brusquement, sa voix teintée d'une arrogance détestable, tandis qu'il prend une gorgée de son verre.
Je reste debout derrière lui, incapable de voir son visage en face, mais je sens toute sa putain de présence m'étouffer.
— Je voulais plus être dépendant de toi. Et si tu veux tout savoir, les affaires marchent bien pour moi, je réplique d'un ton froid, tentant de garder ma putain de contenance.
— Tant mieux, répond-il d'un calme qui ne me rassure pas le moins du monde.
Il pose son verre sur la table avec un claquement sec, puis se lève brusquement, avançant vers moi. Il tangue légèrement, trahissant la présence de l'alcool dans son sang. Mon cœur s'arrête un instant, mais je garde la tête haute. C'est le moment de mettre un putain de terme à tout ça.
— Dis-moi, pourquoi es-tu venu ici ? me demande-t-il en fixant mon visage d'un regard injecté de sang.
Je soutiens moi aussi son regard, mes yeux brûlant de détermination. Un sourire nerveux étire mes lèvres.
— Je veux qu'on en finisse maintenant, je lui lance, les mots empreints d'une audace mêlée de haine.
Un coup fuse en direction de sa mâchoire, il manque de tomber, trop éméché pour garder son équilibre.
— Ça, c'est pour m'avoir transformé en sale con, je crache entre mes dents, mon poing s'écrasant à nouveau sur son visage.
Un deuxième coup part, puis un troisième, ma colère jaillissant de chaque putain de pore de ma peau.
— Ça, c'est pour tous les coups que tu m'as foutus, je continue, ma voix chargée de rage et de douleur.
Il s'écroule sous les coups, et une sensation d'apaisement m'envahit, comme si chaque putain de coup que je lui infligeais me libérait d'un poids insupportable.
Il se relève en se tenant la mâchoire, le regard empli de haine.
— Petite merde, hurle-t-il en se jetant sur moi, la violence ruisselant dans chacun de ses gestes.
Il m'attrape par le col de mon sweat et me plaque contre le mur. D'une main, il me soutient, tandis que de l'autre, il me martèle le visage de coups violents. Je prie pour que ses putains de coups soient fatals, pour que la souffrance cesse enfin. Parce que je suis venu ici pour ça. Maintenant que j'ai osé lui rendre chaque putain de coup qu'il m'a donné, je peux crever en paix.
— Tu peux y aller, j'ai plus rien à perdre, je lui crache, le nez éclaté, le sang coulant de ma bouche et de mon nez.
Il lève son poing, prêt à m'asséner le dernier coup, et je le regarde avec des yeux flous, preuve des violences qu'il m'a infligées. Ma tête, mon nez, ma putain de mâchoire me font mal, et je sens que je revis un putain de flash-back, que je replonge dans un passé de douleur, de terreur et de peur. Je vais mourir ici, maintenant, dans la maison où tout a commencé, où j'ai hurlé ma putain de souffrance, où j'ai grandi, respiré, joué. Je vous avais dit que ce serait con de mourir sous les coups de son propre père. Finalement, je vais mourir là où tout a commencé.
Mais alors que son poing s'apprête à s'abattre sur moi une dernière fois, une voix inconnue, chargée d'autorité, s'élève et coupe court à notre putain de confrontation.
— Qu'est-ce qui se passe ici ? tonne-t-elle d'une voix qui résonne comme un éclair de salut.
Je tourne faiblement la tête pour y trouver une femme d'une trentaine d'années, à la chevelure blonde ondulée tombant jusqu'au milieu du dos, ses yeux d'un bleu perçant contrastant avec l'obscurité de la pièce. Elle semble vêtue d'une nuisette, accompagnée d'un peignoir étrange. Malgré la douleur qui m'étreint, je n'arrive pas à écarquiller les yeux pour mieux la voir.
— C'est quoi ce bordel ? je demande, tournant mon regard vers mon putain de géniteur.
Il la dévisage lui aussi, lâchant prise sur mon col. Il ne daigne pas répondre.
En fait, je connais déjà la réponse.
— Annnnw... je vois. Tu as déjà remplacé maman, je marmonne en posant ma tête douloureuse à même le sol.
Mes mots peinent à s'échapper de ma bouche. Je ne sais pas si je suis en train de rêver ou si cette scène est réellement en train de se jouer devant moi, avec ce connard et cette pouffiasse.
— William, tu peux m'expliquer ? demande-t-elle à nouveau, sa voix tremblante de surprise et de confusion.
Ça y est, on va avoir droit à l'heure des putains de révélations, vu qu'apparemment elle n'est pas au courant de tout.
— Je suis son fils, je lui réponds, remarquant que mon géniteur reste figé comme une statue.
Il se relève lentement pendant que je fixe le plafond, savourant sa putain de détresse.
Un son de surprise s'échappe de sa bouche.
— Je vais tout t'expliquer, Jeanne, je te le promets, gémit-il, les larmes aux yeux.
— Arrête, tu vas me faire chialer, dis-je en crachant le sang de ma bouche sur le tapis moelleux.
— TOI, FERME TA PUTAIN DE GUEULE ! rugit-il.
Je lève les mains en l'air, esquissant un sourire en coin.
— Madame, vous avez en face de vous le fils de cet enculé qui m'a battu pendant des années, même quand j'étais encore un gosse innocent. Un putain d'alcoolique et chef d'un trafic de drogue. Et bien sûr, vous étiez pas au courant, je l'informe d'un ton calme, teinté d'une amertume infinie.
Je me redresse, m'appuyant contre une table de chevet. Mon cul touche le sol et mes coudes se reposent sur mes genoux.
— JE VAIS TE T..., commence-t-il en avançant vers moi, mais avant même que je puisse comprendre ce qui se passe, le tissu de son polo bleu marine est subitement maculé de rouge au niveau de son torse.
— Putain de merde !, je hurle, essayant de reculer alors que son corps s'effondre brutalement à côté de moi.
La femme qui accompagnait mon père tombe à genoux sur le sol, ses yeux emplis de terreur. Quelques secondes, qui semblent s'étirer jusqu'à l'infini, s'écoulent avant que des hommes lourdement armés ne fassent irruption dans la pièce, leurs lampes de poche de merde s'abattant violemment sur moi, comme si les coups de mon père n'avaient pas déjà suffisamment brouillé ma vision.
— POLICE, NE BOUGEZ PLUS !
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OUR FALLEN SOULS [FR] (High Enough) - tome 1
Storie d'amoreDISPONIBLE EN FORMAT PAPIER SUR AMAZON "Combien de mecs t'ont fait ça, Joséphine ?" murmure-t-il à mon oreille. Blake, un jeune chef mafieux, adore jouer avec le feu. Alors, lorsqu'il doit absolument s'éloigner d'une fille apparemment liée à son mon...