OUR FALLEN SOULS [FR] (High Enough) - tome 1

39 - Blake

Je m'éveille et, presque machinalement, je porte mes doigts à mes lèvres comme si je pouvais encore sentir les siennes sur les miennes.

Mes mains cherchent ensuite à tâtons à côté de moi, mais l'espace est vide.

Putain, où est-elle passée ?

Je frotte mes yeux, essayant de rassembler mes esprits avec le maigre sommeil que j'ai eu.

Elle a osé foutrement partir après ce moment ? Putain, c'est vrai que d'ordinaire, je dors jamais avec elles, je m'en vais aussi, mais c'est pas pareil avec les autres. Le fait de voir mon foutu lit vide me serre le cœur comme un étau.

Je reste là, perdu dans mes pensées, quand soudain, des coups énergiques viennent frapper à ma foutue porte, me faisant sursauter. J'enfile à la hâte un T-shirt froissé, cherchant à retrouver un semblant de décence, attrapant mes affaires au sol.

J'ouvre la porte, espérant que ce soit pas une autre galère qui vient me chercher. Et là, je vois mon putain de frère, avec son sourire charmeur habituel. À ses côtés, Casey affiche un air chaleureux, mais son regard s'arrête un instant sur mon cou.

— Salut mec ! On t'a pas réveillé, j'espère ? dit mon frère.

— Euh, non, pas du tout, réponds-je en essayant de me donner une contenance.

— Cool ! On allait chercher un café, ça te dit de nous accompagner ?

Je remarque Casey qui esquisse un sourire complice, comme si elle savait quelque chose, mais elle dit rien.

— Ouais, ouais, j'arrive, finis-je par dire en refermant la porte derrière moi.

Peut-être qu'un putain de café, en compagnie de mon frère et de Casey, me fera oublier un peu cette fichue absence dans mon lit. J'ai bien besoin d'un foutu café, après si peu d'heures de sommeil à cause d'elle. Je m'habille, faisant taire ces foutues questions qui tournent en boucle. J'attrape une clope dans mon paquet et l'allume avant d'ouvrir la porte.

— On fume pas dans le hall, me lance Casey d'un air taquin quand je referme la porte.

Je lui fais un sourire de façade avant de les rejoindre.

Nous avançons alors vers le Starbucks du coin, quand je repère une silhouette familière au loin.

J'avais oublié qu'elle vient aussi souvent ici avec Casey. Mon cœur s'emballe à l'idée de la voir, mais en même temps, je suis tiraillé entre l'envie de la rejoindre et celle de m'enfuir le plus loin possible. Elle est fringuée d'un sweat à capuche gris avec une veste à carreaux, et putain, elle est belle à en crever. Son regard s'illumine quand elle nous aperçoit, mais quand elle voit mon visage, elle se fige. L'air surpris de me voir ici, j'en suis sûr. Je peux pas m'empêcher de me demander ce qu'elle pense, ce qu'elle ressent à cet instant précis. Casey lâche un bonjour, toujours avec cet air enfantin et enjoué que je déteste à chaque fois. Jo dit bonjour à Clyde et entame une discussion avec lui, et c'est à ce foutu moment-là que Casey, entrant dans le café, se rapproche de moi.

— J'ai vu son cou, et ton cou, Blake, murmure-t-elle.

Elle m'adresse un sourire espiègle.

— Alors, c'était comment ?

— Mêle-toi de ton foutu cul, Casey, je réplique avec un putain de faux sourire.

Elle ébouriffe mes cheveux, ce geste a le don de me tendre encore plus.

Arrivés au Starbucks, on s'installe à une foutue table. J'aurais aimé me barrer, foutre le camp loin de cette situation qui me met dans un état de dingue. Mais je reste là, à commander un café noir, histoire de me donner une putain d'apparence normale. Je fais tout pour éviter de croiser le regard de Jo. Les minutes s'égrènent comme des heures, et je lutte pour garder mon calme. Casey brise enfin le silence en lançant une question à Jo sur ses cours à la fac. Je la regarde s'animer, son visage s'éclairer d'une passion que je connaissais bien. Je suis submergé par un mélange de sentiments : l'admiration pour sa putain de passion, la tristesse qu'elle soit partie, et cette foutue peur qui me ronge, cette peur de lui dévoiler ce que je ressens vraiment.