OUR FALLEN SOULS [FR] (High Enough) - tome 1

37 - Joséphine

Je me retourne encore et encore dans le lit.

— Je me suis laissée aller avec ce mec, je lui ai fait des trucs que je n'ai jamais faits, et il me fait ça ? dis-je à voix haute.

Je me lève du lit, l'esprit en ébullition, et je tourne en rond dans la chambre, incapable de trouver un apaisement. La haine grandit en moi, une rage bouillonnante qui me pousse à agir.

— Je vais le tuer, je murmure avec une détermination froide.

Dans un geste de colère, je balance un coussin par terre, la scène devant moi pourrait sembler ridicule aux yeux des autres, mais à cet instant, je m'en moque. J'hésite un instant, déchirée entre l'idée de débouler chez lui à trois heures du matin pour lui exprimer tout ce que je pense ou simplement l'ignorer. Mais l'idée de l'ignorer est impossible.

Je m'habille rapidement, enfilant un peignoir par-dessus ma nuisette, ma tête pleine de pensées tourbillonnantes. J'attrape une cigarette, que je place entre mes lèvres, et j'allume le bout incandescent dans mon appartement.

Sans réfléchir davantage, je sors en trombe de chez moi et descends les escaliers, ma détermination inébranlable.

Comment a-t-il pu penser qu'il pouvait me prendre pour un fichu jouet ?

Mon poing frappe frénétiquement à sa porte, tandis que je tire plusieurs bouffées de ma cigarette, me fichant complètement de fumer dans le couloir.

La porte s'ouvre enfin, et je fais face à Blake, vêtu seulement d'un jogging, encore ensommeillé, et se frottant les yeux pour chasser le sommeil.

— Jo ?

Sans attendre, je pénètre chez lui, le bousculant, et il referme la porte derrière moi. Une petite lampe s'allume, projetant une lueur tamisée dans son espace.

— Qu'est-ce que tu fous ici à trois heures du mat' ?

— Réfléchis, répliquai-je, la tension palpitante dans ma voix.

— Écoute, si c'est à propos de...

— Je te déteste, le coupai-je sèchement, ne lui laissant pas finir sa phrase. Tu m'as prise pour une conne, je te hais.

Il allume à son tour une cigarette, et un soupir échappe de ses lèvres fatiguées.

— Je t'ai déjà dit que ce n'était pas le cas, murmure-t-il, semblant sincère malgré la défensive.

— Foutaises.

— Donc, tu es en train de me dire que toi, Joséphine Evans, tu es descendue en foutu peignoir à trois heures du matin pour me gueuler dessus ? demande-t-il, une pointe de sarcasme dans la voix.

— Oui.

— Tu es plus folle que je l'imaginais...

— Un problème ? C'est ce que ça fait lorsqu'on me prend pour une quille.

— Oh, arrête, bordel. Il va falloir que je te le dise en quelle langue ? Je ne t'aurais pas ramenée ici si tu étais comme les deux autres, s'exclame-t-il, sa voix teintée d'une sincérité bouleversante.

Je tire une bouffée de ma cigarette, le fixant intensément, comme pour scruter chaque parcelle de son être.

— Je t'ai touchée, tu m'as touché, deux choses que je n'ai jamais faites de ma misérable vie, et tu oses me dire après : je veux pas que tu regrettes ?

Il lève les yeux sur moi, fronçant les sourcils face à mon affirmation.

— Tu n'avais jamais touché de mec non plus ? s'étonne-t-il.