Welcome to Secret Academy (En cours de Réécriture)

Chapitre 69 : Mon vieil ennemi

Beryl profitait du ciel crépusculaire. L'hiver n'avait qu'un seul véritable avantage à son sens : la nuit tombait plus tôt. Par conséquent, elle pouvait profiter du ciel nocturne avant qu'il soit l'heure de rentrer aux dortoirs.

Les quelques lampions placés çà et là dans la cours fleurie prodiguaient une lumière enchanteresse. Le Joker se sentait bien ici.

Bien sûr, elle était loin d'être détendue : les différents plans avançaient et avec eux le danger. Leur prochaine aventure pourrait bien être leur dernière. Mais la Créatrice, bien qu'angoissée, était confiante.

- J'ai déjà combattu des Dieux, remporté des batailles que chacun pensait impossible, volé des galions à moi seule, mené des Révolutions, énuméra-t-elle vers le ciel, Alors qu'importe le danger, je ferais face.

C'était peut-être ça, sa force : Continuer de se battre même quand tout semblait perdu. C'est ça qui lui avait valu autant de victoires.

- Je ferais de cette aventure une histoire que je pourrais raconter. Je ne nous laisserai pas tomber sur la bad end.

Quelques pas retentirent derrière elle. La jeune fille bondit de son banc et fit volte-face. Être surprise à penser à voix haute n'était pas vraiment quelque chose qu'elle appréciait.

Son coeur se serra lorsqu'elle reconnut la personne qui venait d'entrer dans le jardin. L'espace d'un instant, elle regretta d'avoir récupéré son fragment d'âme.

- Oh... bonsoir Beryl, fit Epharen avec un sourire timide, J'ai entendu une jolie voix alors je suis venu voir. Je ne voulais pas te faire peur.

Habituellement, la demoiselle serait probablement partie avec une réplique cinglante. Mais de par leur dernière discussion, elle n'eut pas le coeur de le faire. Elle se rassit alors simplement sur le banc.

- Je n'ai pas eu peur, j'ai seulement été... surprise.

Le Purple Moon s'avança et vint s'assoir sur le banc avec elle. Le regard vers le sol, il demanda.

- Tu m'as l'air tendue... Tu prépares quelque chose, n'est-ce pas ?

Le Joker posa son regard sur son ennemi. Une fois de plus, il avait lâché ses longs cheveux opalins, et était habillé d'une épaisse cape de laine pour palier au froid de l'hiver. En le voyant ainsi vêtu, la jeune fille sembla se rappeler de la température extérieure, et un frisson parcourut sa colonne vertébrale. Elle n'avait enfilé qu'une simple veste à capuche en-dessous de laquelle elle portait un débardeur. Rien de bien chaud, pour être honnête.

- Je ne prépare rien en particulier, prétendit-elle

Un sourire amusé étira les lèvres d'Epharen.

- Je ne te demande pas de me faire confiance, mais je te connais suffisamment pour savoir que tu mens.

Beryl détourna le regard.

- Mordred m'a dit, reprit Epharen, que tu avais accepté son marché. J'ai mis un peu de temps, mais je voulais te remercier.

- Je ne l'ai pas fait pour toi, rétorqua la demoiselle en rougissant légèrement

- Je sais. Tu l'as fait parce que tu te voyais dans sa situation. Tu l'as fait par empathie.

La demoiselle ne répondit rien. Elle était à la fois embarrassée et embêtée qu'il ait raison.

- C'est ça que j'ai toujours admiré chez toi, poursuivit le jeune homme, Ta capacité à comprendre les autres sur un tout autre plan. Tu ne comprends pas juste ce qu'ils te disent ou ce qu'ils pensent. Tu le ressens. C'est une qualité formidable que j'ai toujours apprécié.

Beryl s'empourpra.

- V-Vraiment..?

Aaah reprends-toi Sand !, pensa-t-elle, Arrête de minauder devant ton ennemi !

Le Purple Moon plongea son regard anis dans les yeux de la demoiselle.

- Vraiment.

Plus il détourna les yeux rapidement, le rose aux joues.

-Et, ajouta-t-il en évitant le regard de la demoiselle, J'envie ceux qui peuvent encore en profiter. Ils ne s'aperçoivent pas du trésor auquel ils ont accès.

- Drop the act, répliqua-t-elle, J'ai accepté le marché, tu n'as plus besoin de me graisser la patte.

Elle n'avait pas le coeur à le regarder. Ses yeux étaient fixés sur ses pieds.

- Je sais que tu ne me croyais pas lorsque je te disais que ça n'avait rien avoir avec le marché... Mais je le pense toujours. Je ne joue pas la comédie, Lhaen.

Il posa sa main sur celle de la jeune fille. Celle-ci savoura la chaleureuse sensation que ça lui procurait l'espace d'un instant avant de se reprendre. Elle retira sa main de son contact.

- Je ne suis plus Lhaen. Maintenant c'est Beryl, tu le sais.

- Désolé, ça m'a échappé... Mais ta main est glacée, tu as froid..?

La Créatrice s'efforça de ne pas trembler.

- Non, je...

L'interrompant dans son mensonge, Epharen posa sa propre cape sur les épaules de la jeune fille. Leurs regards se croisèrent et le Purple Moon lui offrit un léger sourire.

- Je t'ai dit que tu ne pouvais pas me mentir. Je le saurais toujours. Garde la cape, je vais rentrer de toutes façons. Mais je me doute que tu as encore beaucoup à dire à la lune. Alors je vais te laisser.

Sur ces mots, il se dirigea vers l'entrée du bâtiment.

- Attends !, l'interpella Beryl

Le jeune homme se retourna avec un air surpris.

- Oui..?

- Je... Je vais bientôt partir quelque part et... Enfin... tu devrais récupérer ta cape, je ne sais pas quand est-ce que je serais capable de te la rendre et...

Epharen lui répondit d'un sourire.

- Ça ne fait rien, j'en ai d'autres. Garde-la autant de temps que tu veux.

Le Joker détourna le regard. Pourquoi son coeur s'emballait en discutant avec lui ?

- Merci, bredouilla-t-elle

- Oh, encore une chose...

La jeune fille leva à nouveau les yeux vers lui, pour le voir s'approcher d'elle. Il plongea son regard dans le sien.

- Où que tu ailles... Je sais que tu feras toujours passer les autres avant toi... mais...

Il lui effleura tendrement la joue. Ce contact la brûla de sentiments contradictoires.

- N'oublie pas de revenir, d'accord ?, souffla-t-il avec douceur

Il s'éloigna à nouveau, sans attendre la réponse de la demoiselle et disparut derrière la porte.

Une fois de plus seule dans le jardin, Beryl avait le regard sur le sol, effleurant du bout des doigts sa joue, là où ne restait que le souvenir de sa caresse.

Elle s'efforça de chasser ses pensées. Elle avait rendez-vous avec Erika dans l'heure, elle ne pouvait pas se permettre d'être perturbée par ce qu'il venait de se passer.

By Beryl Sand